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mouvement des femmes Iraniennes

mouvement des femmes Iraniennes

Friday, December 04, 2009

Qu’est ce que la violence ?

WASSYLA TAMZALI, essayiste
Dernier livre « Une femme en colère, Lettre d’Alger aux Européens désabusés » Éd. Gallimard, Novembre 2009


Et pourquoi une journée contre la violence ? Cela semble si évident que ces questions sont peu ou jamais posées. Le thème de la violence n’est pourtant pas apparu immédiatement dans l’arsenal onusien des luttes et des actions en faveur des femmes. Disons même que c’est le dernier. Ce n’est que le 17 décembre 1999, 24 ans après la Conférence de Mexico qui a été le coup d’envoi de la décennie internationale pour les femmes, 20 ans après l’adoption de la convention des nations unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes, et 4 ans après la fin de la décennie, conclue par la conférence internationale de Pékin, que les Nations Unis ont adopté la résolution 54/134 pour faire du 25 novembre une journée internationale contre la violence à l’égard des femmes. Après avoir épuisé (sans les régler bien évidemment) les questions de l’égalité en droit, de l’égalité des chances économiques, politiques et sociales, celles du droit à la santé – avec la question toujours controversée des droits reproductifs-, la communauté internationale a décidé, enfin ! pourrait on dire, de dénoncer la violence faite aux femmes. Il faut féliciter les associations féministes dans le monde de ce succès, ce sont elles qui ont convaincu les diplomates qui trainaient les pieds, toujours frileux d’aborder les questions de fond.
Et qu’est ce que la violence ? Pas aussi clair que cela, même si sur le corps des femmes et des petites filles elle est parfois d’une évidence insoutenable. Mais quoi encore ? Dès les années 80 les études féministes aux États unies d’Amérique nous avaient appris que la violence contre les femmes ne sont pas des pathologies isolées et individuelles ; elles sont une constante structurelle de la condition des femmes ; nos sociétés légitiment la violence des hommes sur les femmes et mieux encore, cette légitimation est souvent appuyée par des femmes elles-mêmes. Cela n’étonnera pas ici. Combien de jeunes, et moins jeunes épousées confiant à mi voix, dans le secret des cuisines, à leur mère les coups qu’elles ont reçu la nuit, et qu’elles tiennent cachés sous leurs vêtements, ont entendu celles-ci leur dire, « Chut, ne dis rien, il ne faut pas que cela se sache » Souvent, elles ajoutent « Si ton père le sait, il va le tuer » Voilà la paix familiale garantie par le silence des femmes battues. Les hommes pourront prendre tranquillement leur café noir du matin.
Les femmes battues à la maison sont devenues, avec raison, le sceau de la subordination des femmes dans nos sociétés. Les femmes battues sont le premier maillon visible de ce continuum qui va de la violence acceptée dans nos sociétés comme des traits de culture à la violence condamnée, de la pratique coutumière invisible à la violence insoutenable du viol, de la prostitution, du crime d’honneur, du crime collectif en tant de guerre ou pas.
Que faire alors ?
Les premières violences sont symboliques, elles sont insidieuses et acceptées par l’ensemble du corps social, les victimes comprises. D’où leur force dans nos sociétés et leur impact sur le vécu des femmes. Ces violences resteront symboliques jusqu’à la prise de conscience de la victime de la violence, et son refus par les femmes, son expression transformeront la violence symbolique en violence physique inscrite dans la chair de la victime. C’est parce qu’un être humain refuse d’être sous l’emprise d’une violence symbolique mais réelle qu’il déclenche contre lui une violence physique. C’est ainsi que commencent les petites guerres quotidiennes des femmes. Et pourrait on dire, plus les femmes prennent conscience de leurs droits et plus elles deviennent un objet de violence.
De toutes les violences symboliques qui sont à la source ce continuum infernal qui caractérise la structure de la violence, la Loi d’une nation est la première, car si la Loi libère elle peut être aussi une violence symbolique, et la plus déterminante.
Ainsi l’infériorité des femmes inscrite dans la loi va autoriser toutes les violences. C’est à travers une Loi qu’une nation dit l’ordre du monde et des choses selon elle. C’est elle qui installe ou non au cœur des sociétés le statut d’être libre d’un individu et fait naitre l’interdit éthique de porter atteinte à son intégrité et sa dignité. C’est à partir de cette inscription que nous pouvons rejeter fermement et sans demi mesure tout ce qui de loin ou de prés nous renverrait à ces débats effarants sur la longueur du bâton que l’on doit utiliser pour « corriger » sa femme, ou sur les manières de ne pas trop « l’amocher ». Ces débats mettent violemment en lumière l’indignité de ceux qui se plient à ces élucubrations. Ces constations coulent de source tant leur évidence est forte, et cela semble le B à Ba de toutes réflexions sur la violence ; sans l’égalité reconnue et acceptée par tous et toutes les femmes sont infériorisées pas la loi et de ce fait livrées à la violence sociale. Cette égalité qui n’est toujours pas inscrite dans notre législation.
C’est à partir de cette reconnaissance que s’effectuera efficacement un travail de lutte contre la violence contre les femmes. D’ici là on pourra toujours pousser des cris d’orfraie, de donner des gages de bonne conscience, punir les maris violents, évoquer la morale religieuse, multiplier les abris pour les femmes battues, - et il faut le faire, car tout ce qui peut alléger le désarroi, le désespoir des femmes et des enfants battus doit être entrepris, - cela n’arrêtera pas ce phénomène. Il faut prendre le mal à sa racine, et reconnaître solennellement que les femmes sont des citoyennes comme les autres, que leur témoignage est aussi valable que celui des hommes, qu’elles héritent la même chose car elles ont la même place dans la famille, et qu’elles apportent autant que l’homme au bien être de cette famille, que la polygamie est une indignité, qu’elles peuvent souscrirez une police d’assurances vie sans l’autorisation de leur mari, etc… C’est à travers cette construction de l’égalité de tous que l’on peut commencer à parler de respect dans une société. Certes le problème ne sera pas encore résolu, voyons en Europe où l’égalité est reconnue et où la violence conjugale reste une préoccupation majeure), mais si cela n’est pas suffisant, cela est nécessaire et constitue la première étape.
La violence conjugale et la violence sexuelle qui sont une et même violence, continueront de marquer de plus en plus notre société avec pour résultat de pousser encore plus loin la folle et suicidaire entreprise de ségrégation sexuelle qui est à l’œuvre dans notre pays. Les signes de cette entreprise sont divers, mais le plus emblématique est la pratique de voiler les femmes en commençant par les petites filles. La pratique grandissante de voiler les femmes dans notre pays (64% des femmes et 53 des adolescentes, rapport du Collectif Maghreb égalité de février 2009) est une illustration de cette escalade. Le voile est de plus en plus choisi par les femmes, les jeunes et les autres, sur les lieux de travail à l’université, dans les maisons comme un rempart contre la violence sexiste. Ce voile qui ne protège pas les femmes mais qui ne sert qu’à voiler nos esprits. IL est tant de tirer les sonnettes d’alarme avant que ne retentisse le tocsin.

Monday, November 30, 2009

ETES-VOUS POUR OU CONTRE LE PORT DE LA BURQA

ETES-VOUS POUR OU CONTRE LE PORT DE LA BURQA ? VOTEZ !!!

N’hésitez-pas à émettre votre avis sur
http://www.petition.fm/petitions/burqa/

Audition de Mme Élisabeth Badinter, philosophe,
par la mission d’information sur le port de la burqa de l'Assemblée Nationale
(retrouvez tous les textes des auditions sur
http://burka-burqa.blogspot.com/ )
M. le président André Gerin. Nous avons le plaisir de recevoir Mme Élisabeth Badinter, écrivain et philosophe, que je remercie de sa présence parmi nous. Vous avez, Madame, contribué de manière originale au débat sur la condition des femmes et le féminisme. (…)

Mme Élisabeth Badinter. Je commencerai par rappeler un souvenir qui nous est sans doute commun : le choc ressenti la première fois que nous avons vu à la télévision, il y a à peine dix ans, les femmes fantômes d’Afghanistan. L’image de ces femmes enfermées dans leur burqa, un mot qui nous était à l’époque inconnu, est à tout jamais liée aux talibans, à la lapidation, à l’interdiction de l’école pour les fillettes, en bref à la pire condition féminine du globe – et, en ce domaine, la concurrence est féroce. Je n’aurais pas été plus choquée si j’avais vu des hommes promener leur femme en laisse.

Qui pouvait penser alors que des femmes oseraient revendiquer de se promener dans cette tenue dans les villes françaises ou que des hommes pourraient contraindre des femmes à la porter ? Franchement, personne. Qui pouvait penser alors que nous serions réunis aujourd’hui en nous demandant : que faire ? Quel que soit le nombre de femmes – 300 ou 3 000 – qui dissimulent leur visage en France, force est de constater qu’il n’y en avait pas une seule il y a quelques années, et le nombre ne fait rien à l’affaire. N’y en aurait-il qu’une qu’il faudrait se poser la question des principes ainsi remis en cause. Or, il s’agit précisément des idéaux du triptyque républicain : le port du voile intégral piétine littéralement les principes de liberté, d’égalité et de fraternité.

Je ne m’appesantirai pas sur le principe bafoué de l’égalité des sexes, évoqué de nombreuses fois en tous lieux. À mes yeux, il n’est pas négociable, mais j’observe qu’il existe de l’égalité des sexes deux appréhensions opposées. L’une, la nôtre, celle des démocraties, est celle que l’on retrouve dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et que l’on peut résumer en quatre mots : mêmes droits, mêmes devoirs. Ici, la notion abstraite d’humanité l’emporte sur les différences biologiques, notamment sur la différence sexuelle. Puis il y a l’autre, celle des obscurantistes, celle aussi dont ont usé certains démocrates sincères, les naturalistes. Pour eux, droits et devoirs diffèrent selon les sexes ; les sexes sont égaux dans leurs différences. C’est le modèle de la complémentarité des sexes, où l’un est ce que l’autre n’est pas. L’idée fédératrice d’une humanité commune, d’une citoyenneté abstraite, n’a plus cours. Nos droits et nos devoirs sont différents, mais ils seraient équivalents. C’est une conception que j’ai toujours combattue, y compris quand c’était à l’avantage des femmes, par exemple lors du débat sur la parité.

S’agissant du principe de liberté auquel font appel certaines femmes qui portent le voile intégral, je souligne qu’à côté des « revendicatrices » qui s’expriment volontiers dans les médias, il y a toutes les autres, les soumises, les bâillonnées, celles que l’on ne pourra jamais entendre et en tout cas jamais entendre se plaindre. Autant dire que, déjà, les dés sont pipés : comme seules les premières s’expriment, on oublie les autres, on fait comme si elles n’existaient pas. J’ai même entendu dire au cours d’un débat que s’il en existe, de ces femmes opprimées, « elles n’ont qu’à s’adresser aux services sociaux ». La belle blague ! Comme si elles pouvaient effectivement aller se plaindre aux services sociaux – qui, d’ailleurs, n’en pourraient mais ! N’y aurait-il que très peu de femmes contraintes par leurs proches ou par des religieux radicaux qu’il faudrait leur porter secours. C’est à elles qu’il faut penser, et qu’il faut donner les moyens légaux de se libérer.

Venons-en aux « revendicatrices », qui en appellent à deux de nos libertés démocratiques : la liberté de se vêtir comme on le souhaite et la liberté de conscience. Personne ne songe à les empêcher de mettre les vêtements qu’elles veulent où elles veulent. Mais le visage n’est pas le corps et il n’y a pas, dans la civilisation occidentale, de vêtement du visage. Par ailleurs, la liberté qu’elles invoquent pour elles est complètement bafouée dans les banlieues pour celles qui sont nos sœurs, nos filles, et qui veulent vivre comme tout le monde. Vous le savez fort bien, de trop nombreuses jeunes filles sont interdites, en France, de robe et de jupe. Que fait-on pour elles ? Que fait-on pour que soit respectée, pour ce qui les concerne, la liberté de se vêtir comme elles l’entendent ? Ces jeunes filles sont déjà soumises à de multiples pressions de la part de leur environnement familial et social visant à ce qu’elles cachent leur corps sous des survêtements informes, sous peine d’être traitées de « putes » et pour éviter des agressions physiques.

Même si, à mes yeux, il y a une différence entre voile, niqab et burqa, comment ne pas comprendre que la multiplication du nombre de jeunes filles qui portent le voile a un impact croissant sur celles qui ne veulent pas le porter, et pour lesquelles le refus devient de plus en plus difficile ? Je me suis trouvée un jour avec Sihem Habchi, que vous venez d’entendre, au collège Françoise-Dolto, à Paris, là où avait été tourné le film Entre les murs, pour y engager un dialogue avec les collégiens, après que le film La journée de la jupe leur eut été projeté. Une poignée seulement des collégiennes présentes portait une jupe. Alors que, me tournant vers l’une des autres, d’origine maghrébine, je lui faisais valoir qu’elle pourrait en faire autant, j’ai entendu une réponse qui m’a épouvantée : « Les Françaises le peuvent, mais pas les Arabes ». Assis à ses côtés, un adolescent âgé sans doute de 14 ans a ajouté : « Chez nous, on met le voile, pas la jupe »…

Si, donc, on laisse le voile intégral se banaliser, il deviendra peu à peu, inévitablement, l’uniforme de la suprême pureté que l’on réclamera des jeunes filles et, à son tour, il gagnera progressivement des adeptes au sein des milieux les plus traditionnels où, évidemment, les jeunes filles ignorent leurs droits. Pour dire les choses brutalement, on prend la voie du : « la burqa, c’est mieux que le voile » – et alors il sera toujours plus difficile aux jeunes filles concernées de dire « non » au voile et de lui préférer la jupe. Or, si nous avons une liberté de se vêtir à défendre, c’est celle-là.

Au passage, à ceux qui disent que c’est à la loi du 15 mars 2004 « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » que l’on devrait la démultiplication des femmes voilées dans l’espace public, je leur dis qu’ils se trompent. Dans tous les États d’Europe on observe l’augmentation massive du port du voile alors même que ces pays ignorent la loi de 2004 et, dans les pays du Maghreb, on est frappé de voir chaque année des femmes voilées en nombre toujours plus grand – et de plus en plus rigoureusement voilées.

Les femmes sont instrumentalisées pour être l’étendard bien visible de l’offensive intégriste, des intégristes en tous points hostiles aux principes démocratiques de l’Occident et en particulier à l’égalité des sexes. Face à cela, devons-vous détourner le regard, mettre un mouchoir sur les principes chèrement acquis qui fondent notre « vivre ensemble » ?

Je rappellerai ensuite que, contrairement à ce qui se passe dans les pays anglo-saxons, la liberté de conscience et d’expression n’est pas complète en France. Nous combattons les idéologies destructrices que sont, par exemple, le nazisme, le racisme, l’antisémitisme. Nous combattons toutes les idéologies qui portent atteinte à la dignité humaine. Nous luttons contre les sectes qui, elles aussi, en appellent à la liberté de conscience, car nous considérons précisément qu’elles embrigadent les esprits, lesquels en perdent leur liberté de penser. D’ailleurs, tous ceux qui parviennent à s’arracher aux griffes des sectes reconnaissent ensuite qu’en leur sein ils n’avaient plus de volonté propre.

Or, le port du voile intégral est l’étendard des salafistes, considérés comme une secte offensive par la plupart des musulmans. Pourquoi ferions-nous une exception pour cette secte-là, qui prône une servitude volontaire conduisant à une sorte d’auto-mutilation civile par invisibilité sociale ? On aurait tort de comparer les femmes revêtues du voile intégral aux nonnes cloîtrées d’antan, car si ces religieuses étaient recluses et invisibles aux autres, les femmes dont nous parlons aujourd’hui sont souvent mariées, parfois mères de famille, et elles entendent s’imposer dans l’espace public sans identité, sans corps, sans peau, bref en ayant pris soin d’effacer tous les signes de l’humanité.

Je tiens enfin à souligner combien le port du voile intégral est contraire au principe de fraternité – ce principe fondamental auquel on a si peu souvent l’occasion de se référer – et, au-delà, au principe de civilité, du rapport à l’autre. Porter le voile intégral, c’est refuser absolument d’entrer en contact avec autrui ou, plus exactement, refuser la réciprocité : la femme ainsi vêtue s’arroge le droit de me voir mais me refuse le droit de la voir. Outre la violence symbolique de cette non réciprocité, je ne peux m’empêcher d’y voir l’expression d’une contradiction pathologique : d’une part, on refuse de montrer son visage au prétexte que l’on ne veut pas être l’objet de regards impurs – incidemment, c’est avoir une singulière vision des hommes que de penser que tout homme regardant une femme ne pense qu’à la violer –, d’autre part, on se livre à une véritable exhibition de soi, tout le monde fixant cet objet non identifié. En suscitant ainsi la curiosité, on attire des regards que l’on n’attirait peut-être pas quand on allait à visage découvert – bref, on devient un objet de fantasme.

Dans cette possibilité d’être regardée sans être vue et de regarder l’autre sans qu’il puisse vous voir, je perçois la satisfaction d’une triple jouissance perverse : la jouissance de la toute-puissance sur l’autre, la jouissance de l’exhibitionnisme et la jouissance du voyeurisme. Aussi, quand j’entends certaines femmes expliquer qu’ainsi vêtues elles se sentent mieux et qu’elles se sentent protégées – mais de quoi ? –, je veux bien les croire, mais je pense qu’il s’agit de femmes très malades et je ne crois pas que nous ayons à nous déterminer en fonction de leur pathologie.

En conclusion, il nous faut choisir entre deux libertés invoquées : doit-on respecter la liberté de se couvrir le visage en considérant que le voile intégral est un vêtement comme un autre, ou devons-nous au contraire protéger la liberté des plus faibles, celles qui n’ont pas le droit à la parole et qui, de facto, n’ont déjà plus le droit de se vêtir comme elles l’entendent ? Pour ma part, je ne vois pas dans le voile intégral un vêtement comme un autre et je considère que son port marque une rupture du pacte social, un refus d’intégration et un refus du dialogue et de la démocratie.

Enfin, si l’on ne fait rien, on abandonnera à leur sort toutes celles qui ne rêvent que de vivre comme tout le monde mais qui sont de plus en plus pressées de se soumettre au pouvoir religieux ou, pire encore, aux traditions. Nous avons toujours trop attendu pour lutter contre des pratiques traditionnelles insupportables, telles la polygamie ou l’excision. Nous devons rompre avec cette attitude relativiste, paresseuse et bien-pensante selon laquelle toutes les traditions sont respectables, alors qu’elles ne sont pas toutes respectables. Comme Descartes, mon maître, je suis profondément convaincue que nous devons nous plier aux us et coutumes du pays dans lequel nous vivons. On peut certes les faire évoluer, mais cela doit être collectivement et dans le respect du triptyque républicain.

M. le président André Gerin. Je vous remercie, Madame, pour ces propos percutants, par lesquels vous avez mis en lumière un défi de civilisation et d’humanité.

M. Jean Glavany. Je m’associe à ces remerciements. J’ai été particulièrement frappé par la partie de votre exposé traitant du visage, de la visibilité et de la non-réciprocité et je souhaite que notre mission se penche assidûment sur ces questions qui ont, outre leur contenu philosophique, des aspects sociaux et juridiques.

J’ai été tout aussi intéressé par l’insistance avec laquelle vous appelez à combattre ouvertement l’idéologie talibane, comme nous luttons ouvertement contre les autres idéologies qui nient la dignité humaine. À cet égard, il serait particulièrement utile que notre président fasse diffuser aux membres de la mission les documents distribués par les talibans après leur arrivée au pouvoir en Afghanistan, dans lesquels ils indiquaient quels seraient désormais les droits et les devoirs des femmes. La lecture de ces écrits édifiants justifie à elle seule l’obligation de combattre ouvertement cette idéologie, comme vous nous y avez incités.

M. Lionnel Luca. Vous considérez donc, Madame, que le voile intégral n’est pas un vêtement. C’est un point de vue d’un intérêt tout particulier au moment où le commissaire à la diversité et à l'égalité des chances s’autorise à dire que notre mission serait sans utilité et propre à semer la confusion, au motif que chacun a le droit de se vêtir comme il l’entend. J’ai aussi retenu de vos propos l’arrogance profondément inégalitaire qu’il y a à se donner le droit de voir sans être vue.

Ces questions nous ramènent à la première des auditions que nous avons tenues, au cours de laquelle il nous a été dit que le Coran ne prescrit pas le port du voile intégral et qu’il s’agit d’une tradition pachtoune antérieure à l’islam. Quant au niqab, c’est, nous a-t-on expliqué, une invention des salafistes, d’une secte donc, comme vous l’avez justement relevé, qui prétend en revenir aux sources de l’islam, dans une version intégriste. Pourriez-vous préciser ce que vous entendez quand vous dites à ce sujet que le port du voile intégral est « l’étendard des salafistes ? »

M. Jacques Myard. On imagine effectivement mal Jeanne Hachette conduire des guerriers revêtue d’un voile intégral. Le problème est que nous parlons de deux civilisations qui n’ont pas le même rapport au corps. Alors que la statuaire gréco-romaine égrène une série de nus, hommes et femmes, dans l’autre optique on cache le corps, quel qu’il soit. Pourriez-vous nous dire quelles conséquences cela emporte en matière d’égalité des sexes ?

M. Christian Bataille. Je vous remercie, Madame, d’avoir brillamment défini ce qu’est le voile intégral et souligné qu’il ne s’agit pas d’un vêtement comme un autre, contrairement à ce qu’avancent certains en insistant sur le fait qu’après tout chacun est libre de se vêtir comme il l’entend. Vous avez démontré que la burqa porte des valeurs contraires à celles qui fondent notre république, héritière des Lumières. Mais vous n’avez rien dit du « libéralisme civique ». Pourtant, le problème se pose, et Mme Sihem Habchi, que nous avons entendue ce matin, a stigmatisé devant nous le laisser-faire des autorités britanniques qui ont laissé se développer le port du voile intégral. Face à l’agression que les extrémistes salafistes vont faire subir à nos sociétés, cette approche n’est-elle pas dépassée ?

Mme Élisabeth Badinter. N’étant pas une spécialiste de l’islam, je n’ai pas qualité pour traiter rigoureusement de ses rapports avec le salafisme. Ce que j’en ai dit correspond à ce que j’ai entendu en dire M. Boubakeur et d’autres hautes autorités religieuses musulmanes, à savoir que le port de la burqa n’est pas un commandement religieux mais une tradition et qu’un travail pédagogique s’impose pour le faire savoir. J’ai d’ailleurs fondé un grand espoir sur ces déclarations, considérant que si les autorités religieuses musulmanes les plus qualifiées prenaient les choses en mains, tout allait s’arranger. J’ignore où elles en sont exactement, mais j’ai le sentiment que les choses sont difficiles et que, dans le même temps, de nombreux blogs d’ici et d’ailleurs s’attachent à enraciner l’idée que l’on serait en train de stigmatiser la communauté musulmane.

S’agissant du rapport au corps, les conceptions sont en effet différentes mais nous n’avons pas à nous laisser imposer une conception qui n’est pas la nôtre. Or aujourd’hui déjà, en France, des jeunes filles n’ont plus vraiment la liberté de se vêtir comme elles le veulent et, peu à peu, toutes leurs libertés sont grignotées les unes après les autres : elles doivent se cacher pour aller consulter au Planning familial ; prendre la pilule leur est pratiquement impossible sauf à cacher la plaquette dans l’escalier…

Si, maintenant, nous acceptons de revenir sur nos principes parce qu’il s’agit d’un vêtement ou parce que l’on feint de croire qu’il s’agit d’une liberté religieuse ou parce que l’on est très relativiste et que l’on considère que toutes les traditions sont respectables, si, donc, nous cédons sur ce point, c’en est fini, car, d’une certaine façon, la liberté d’habillement proclame en creux la liberté des droits : le droit à une sexualité libre, le droit de ne pas être vierge quand on arrive au mariage et de n’avoir de comptes à rendre à personne… Toute une série de droits est attachée à la liberté du corps, et je ne vois pas au nom de quoi des traditions de l’Est devraient s’imposer à l’Ouest. D’autre part, à supposer que j’aille en Arabie saoudite, je serais obligée de mettre un voile – ce pourquoi je n’irai jamais. Mais si je m’y rendais, je me conformerais naturellement, aux coutumes de l’islam radical des wahhabites – c’est la moindre des politesses.

Le libéralisme compris comme un droit infini à la liberté d’expression, tel qu’il existe en Angleterre ou aux États-Unis, où l’on peut défiler en arborant des insignes nazis, et bien non, ne vaut pas en France même si je suis de celles et de ceux qui n’aiment pas que l’on étouffe la liberté d’expression – ce qui m’a poussée à signer la pétition « Liberté pour l'Histoire », lancée par Pierre Nora – et même si je pense que l’on doit pouvoir dire des choses y compris lorsqu’elles ne sont pas politiquement correctes. Cela étant, contrairement à la France, ni le Royaume-Uni ni les États-Unis n’ont été occupés. Notre histoire est différente et je considère que l’on doit poser des limites – les plus larges possibles – à la liberté d’expression, pour éviter que les esprits les moins critiques ne succombent à des idéologies indignes. Le plus important est de faire ce que nous pouvons pour ne pas laisser se répandre des poisons terribles. Or, il faut être sourd et aveugle pour ne pas se rendre compte qu’une offensive est en cours et que l’on veut voir si nous allons céder.

Au risque de vous fâcher, Monsieur Glavany, car vous étiez aux affaires à l’époque, je rappellerai qu’à l’automne 1989 paraissait le manifeste Profs, ne capitulons pas, un appel cosigné par cinq intellectuels, dont j’étais. Pourquoi ? Parce que M. Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation nationale, avait déclaré que les chefs d’établissement devaient établir un dialogue avec les parents et les jeunes concernés pour les convaincre de renoncer au port de signes religieux ; mais il ajoutait que si ces discussions échouaient, les enfants devaient être accueillis dans les établissements publics. Il y eut – vous vous en souvenez sans doute – un grand débat national à ce sujet. Vingt ans plus tard, j’ai la faiblesse de croire que, si le phénomène n’est pas exactement le même, nous recommençons la même chose qu’à l’époque et surtout que si nous avions dit alors fermement à trois jeunes filles manipulées par des intégristes « nous n’accepterons jamais ça », tout ce serait arrêté. Je n’aimerais donc pas que les réactions soient les mêmes qu’il y a deux décennies même si elles sont louables car motivées par l’idée de tolérance. Mais, parce que nous avons été tétanisés à l’idée que nous risquions d’être intolérants, nous avons alors toléré l’intolérable.

Si nous avions fait nôtre la conception anglaise, les jeunes filles seraient entrées voilées en masse dans les établissements d’enseignement et il n’y aurait quasiment plus aujourd’hui dans les banlieues que des jeunes filles portant des signes religieux. Cela étant, quinze années se sont écoulées entre 1989 et 2004 ; nous avons attendu trop longtemps pour adopter une loi mettant les choses au clair à ce sujet. Je ne suis ni juriste ni politique, et mon propos n’est pas de faire une analogie avec une loi relative au port de la burqa. Ce qui me tient à cœur, c’est que les plus hautes autorités politiques rappellent à l’ensemble du peuple français que non, nous ne voulons pas de cela.

Mme George Pau-Langevin. L’élévation de vos propos suscite l’admiration. Vous avez souligné à juste titre que l’on ne saurait assimiler cette pathologie ou cette idéologie sectaire à l’islam ; nous en sommes convaincus, et il me paraît que nous devrions axer nos travaux sur la pathologie dans le rapport à autrui que vous avez si bien décrite.

Vous avez évoqué votre visite dans un collège du 20e arrondissement de Paris. À ce sujet, plusieurs questions se posent. Ce qui nous inquiète est de ne pas savoir comment lutter efficacement contre des comportements et une idéologie sectaires qui se répandent parmi des jeunes qui ont grandi en France et qui, comme tels, ont eu accès à l’enseignement des valeurs issues des Lumières. Quand, selon vous, des dysfonctionnements se sont-ils produits dans la transmission des valeurs républicaines ? Comment faire pour rectifier le tir et éviter que des jeunes gens ne soient séduits par une idéologie rétrograde ?

Élue du 20e arrondissement, je ne pense pas que les conceptions des collégiens du collège Françoise-Dolto soient réductibles aux phrases que vous avez citées. Mais ce collège, comme d’autres de l’arrondissement, se sont transformés en établissements d’exclusion. Certaines familles ont décidé de scolariser leurs enfants ailleurs et les collégiens qui demeurent entre eux se sentent relégués. N’y a-t-il pas quelque chose à faire à ce sujet aussi ?

Enfin, quelles sont les différences entre la conception de la pudeur en France au XIXe siècle – époque à laquelle les femmes sortaient très couvertes – et les exigences actuelles de l’islam à ce sujet ?

M. Pierre Cardo. J’ai beaucoup apprécié, Madame Badinter, une bonne partie de vos analyses. Ma conviction est que l’on assiste à un combat contre les valeurs de l’Occident, la méthode choisie à cette fin étant d’utiliser l’islam, en en déformant probablement les principes. Je partage sans réserve l’appréciation que vous portez sur l’inégalité dans le rapport à autrui induite par le port de la burqa et je pense, comme mes collègues, que là devra être notre angle d’approche. Pour autant, cette question ne représente que le sommet de l’iceberg. Après que nous l’aurons réglée, si nous y parvenons, quelles autres lignes de conduite devrons-nous adopter pour venir en aide à toutes ces femmes qui, comme vous l’avez souligné, ne s’expriment pas et qui sont dans l’incapacité complète de s’adresser aux services sociaux ou à la police ? Au-delà du port du voile intégral, quel devrait être, selon vous, le rôle du politique ? Comment s’attaquer au problème de fond ?

Mme Sandrine Mazetier. Après avoir, dans votre remarquable exposé, insisté sur l’irréfragable triptyque républicain, vous avez utilement rappelé, Madame, qu’il existe deux conceptions de l’égalité et que nous ne devons pas transiger. La nôtre, qui institue l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes par indifférence aux sexes, doit être préservée. L’autre, qui sépare hommes et femmes en deux ensembles égaux mais irrémédiablement différents, si elle est récusée, doit l’être en tous temps et en tous lieux.

Vous avez aussi expliqué que la burqa n’a pas de lien particulier avec l’islam. Cela étant, toutes les religions n’ont-elles pas un problème avec le rapport au corps, en ce siècle encore ? Toutes les religions n’oppriment-elles pas les corps, ne les cachent-elles pas ? Que penser, par exemple, de la vague d’incitation à la préservation de la virginité jusqu’au mariage aux États-Unis ? En d’autres termes, le soin mis avec raison à ne pas stigmatiser l’islam n’a-t-il pas pour conséquence une grande bienveillance à l’égard des religions dans leur ensemble, alors que toutes entretiennent de difficiles relations au corps, singulièrement au corps des femmes ?

Enfin, le mouvement de retour à la pudeur, à la décence, n’est-il pas à mettre en relation, en France, avec le rejet contemporain des idées de mai 1968, qui étaient aussi celles de la liberté des corps ?

Mme Arlette Grosskost. Votre exposé, Madame Badinter, était particulièrement intéressant. La République, c’est la pluralité et la fraternité. Mais la République est une et indivisible. Or je crains que la question qui nous occupe ne traduise en réalité le fait qu’une identité musulmane entend s’imposer à l’identité française. Disant cela, je ne stigmatise pas l’islam mais une interprétation très particulière du droit à la différence qui donnerait le droit à la contrainte. Le vrai problème est là. Comment, alors, aller plus loin ? On parle d’enseigner le fait religieux à l’école, ce qui me semble une excellente chose car cela augmentera la tolérance, le respect mutuel et la connaissance d’autrui. Mais ne doit-on pas, parallèlement, inscrire dans les programmes scolaires le rappel des principes républicains et en finir ainsi avec un certain laxisme à cet égard ?

Mme Élisabeth Badinter. La maîtrise de leur corps par les femmes implique aussi la liberté de se vêtir – et de se dévêtir – comme elles l’entendent. C’est en France un acquis récent, qui a conduit à jeter momentanément par-dessus les moulins l’idée de pudeur. Je comprends que cela puisse choquer, mais je pense que l’on est près d’assister à un retour de balancier et à des comportements plus équilibrés. Cela étant, l’argument de la pudeur est incompréhensible pour ce qui concerne le visage, car point n’est besoin d’être vêtue comme une Afghane ou comme une Saoudienne pour avoir une tenue correcte. Aussi, je ne pense pas qu’il soit bon d’invoquer la pudeur pour justifier le recours au voile intégral, car on peut être parfaitement pudique sans aller jusque là.

S’agissant des orientations politiques souhaitables pour ce qui concerne les femmes qui ne peuvent s’exprimer, le travail à faire est considérable car les personnes qui vivent en France ou qui souhaitent s’y installer entendent des autorités deux discours différents. Je vous donnerai un exemple de cette situation. J’ai une profonde admiration pour la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) qui accomplit un travail remarquable, mais j’ai exprimé mon profond désaccord avec l’un de ses avis. Des femmes étaient arrivées en France qui portaient une burqa et qui devaient, pour faciliter leur intégration, suivre des cours de français. Le professeur leur a demandé d’enlever voile et grillage pendant les cours car, pour enseigner une langue, il faut voir les mouvements de la bouche de l’élève. Elles ont refusé de se dévoiler et ont déposé un recours pour discrimination. Or, si la HALDE a été d’avis qu’il fallait enlever le voile pour apprendre le français, elle n’a nulle part mentionné qu’en France on doit retirer son voile parce que, dans notre pays, l’on montre son visage ! Que des institutions et des associations très respectables tiennent des discours différents complique beaucoup les choses. Peut-être faudrait-il un débat national beaucoup plus large, qui permettrait de définir précisément ce que nous souhaitons. S’il est établi publiquement qu’en France certains principes ne sont pas négociables, cela sera su par tous ceux qui sont en France et par ceux qui veulent s’y installer.

Je me suis entendu dire que refuser aux femmes entièrement voilées le droit de sortir dans l’espace public, c’est les confiner chez elles. Elles seront alors confinées chez elles, et c’est tout ! D’ailleurs, elles seront bien obligées d’en sortir pour aller faire les courses ! Au nom de quoi devrions-nous accepter de piétiner nos principes pour quelques personnes ? Déjà, certaines mairies ont consenti à instaurer des horaires de piscine différents pour les deux sexes, au mépris de la mixité. Quand de tels signaux sont donnés, pourquoi se priverait-on d’essayer de contraindre de nouvelles mairies à accepter ce que d’autres ont déjà accepté ? Et c’est ainsi que, de fil en aiguille…

Nous pâtissons d’une idéologie venue des pays anglo-saxons et qui se voulait à la pointe de la tolérance : le différentialisme, que j’ai toujours combattu, y compris lorsqu’il s’agissait du féminisme. Le reliquat de cette idéologie constitue un obstacle à un discours clair et unifié. Peut-être faut-il parler à ces gens qui ont une autre conception des libertés, très respectable en ce qu’elle traduit un souci de tolérance et non une volonté d’oppression mais qui empêche la définition d’une position commune. Un débat national plus vaste est donc nécessaire entre démocrates pour se mettre d’accord sur le minimum commun que nous entendons faire respecter quoi qu’il arrive.

Oui, les trois religions monothéistes ont toutes été misogynes – ainsi ai-je eu l’occasion de rappeler il y a peu que, dans les années 1950, le Vatican était terriblement hostile à l’accouchement sans douleur. Orthodoxes juifs, intégristes musulmans et intégristes catholiques sont globalement hostiles au corps de la femme, à sa libération, à la maîtrise de leur corps par les femmes. Pour eux, le corps des femmes appartient aux hommes, car c’est par là que sont faits leurs fils… Depuis vingt ans, toutes les religions se durcissent et l’on assiste, pour des raisons identitaires, à un mouvement général vers l’orthodoxie au mieux, l’intégrisme au pire. Or la liberté des femmes passe évidemment d’abord par la maîtrise de leur corps, et les religieux n’aiment pas cela.

Il est tout à fait souhaitable que l’école enseigne nos valeurs. Mais, vous le savez, ce n’est plus possible dans certaines écoles. Dans celles-là mêmes où il est indispensable de transmettre les principes essentiels du vivre ensemble et de la plus grande tolérance réciproque, il est déjà très difficile sinon impossible aux professeurs de se faire entendre quand ils évoquent ces thèmes. Des collègues enseignant dans certaines banlieues m’ont dit qu’ils ne peuvent plus enseigner ce que fut la Shoah car on ne les croit pas ; on prétend devant eux que c’est de la blague !

Je vous parais sans doute un peu découragée, mais cela ne signifie pas qu’il faut baisser les bras, et plus nous serons nombreux mieux ce sera. J’observe d’ailleurs que, depuis que vous avez eu l’idée formidable et saluée par tous de constituer cette mission d’information, les gens réfléchissent à la question, et que les voix qui s’élèvent pour dire « non, on n’est pas d’accord pour cela » ont de l’effet sur des jeunes femmes qui pourraient être tentées par des mouvements radicaux. Cet effet, direz-vous, ne peut être mesuré. C’est vrai, mais le fait qu’à vous tous vous incarniez une représentation de la France est un premier pas, important, sur la voie qui s’impose, celle de la pédagogie.

M. le président André Gerin. Madame, je vous remercie pour ces propos éclairants.

Laissez les femmes en paix

¡Dejen a las mujeres en paz! Lasst die Frauen in Ruhe! Laissez les femmes en paix ! Lasciate in pace le donne! Deixem as mulheres em paz!
MANIFIESTO DE TLAXCALA

Atenea Acevedo
8/3/2009
Les informations sur le retour (ou la recrudescence) de la pratique de l’alimentation forcée de fillettes rurales à partir de 5 ou 6 ans pour les faire engraisser en Mauritanie, après le coup d’État d’août dernier qui a remis au pouvoir une junte militaire, éveillent, pour le moins, un sentiment d’alarme et d’urgence internationale. Elles exigent aussi une réflexion sur le grand thème, toujours actuel, des droits des femmes en tant qu’êtres humains : la propriété de leur corps.

La lutte de libération des femmes s’est organisée principalement à partir de la distinction entre espace public et espace privé. La participation des femmes aux espaces publics est peut-être l’aspect le plus évident des succès du mouvement féministe, bien que l’on tende à ignorer (souvent délibérément) la complexe histoire qui, sur le long terme, a vu augmenter sensiblement le nombre de femmes salariées, en majorité encore dans des emplois précaires et qelques-unes dans des postes de pouvoir et de prise de décision.

Dans les livres d’histoire que nous utilisions au collage, pleins d’images de héros à cheval et en uniforme qui portaient la guerre à travers la planète, Marie Gouze (Olympe de Gouges) et sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne étaient absentes. Dans les salles de classe personne ne nous a parlé des suffragettes ni de la main d’oeuvre féminine qui ne portait pas atteinte à la famille et aux bonnes mœurs, pourvu qu’elle alimentât la machine de guerre en périodes de crise. Mais au-delà de l’iconographie nationaliste qui dépeint la patrie comme une mère frondeuse et courageuse, et des trois ou Quatre figures habituelles, l’histoire officielle laisse les femmes dans l’anonymat et dans l’oubli. La prise de l’espace public par les femmes appartient à l’histoire marginale, dont ne s’occupent que celles qui s’intéressent à l’étude du féminisme. Mais nous en sommes là, certaines avec une consciente de genre et d’autres rétives à toute idéologie, à travailler pour un salaire, à développer des idées, à occuper des ateliers, des tribunes et des bureaux. Néanmoins, l’espace public n’est pas un thème que la réflexion féministe, démocratique et égalitaire a épuisé. La pauvreté, l’exploitation du travail, le harcèlement affectent aujourd’hui en majorité les femmes. Le travail domestique non rémunéré continue à être un pilier du capitalisme en tant que reproducteur de main d’oeuvre et qu’infrastructure de base gratuite indispensable au fonctionnement social.

Il y a sans aucun doute des aspects qui restent non résolus en ce qui concerne la participation des femmes à la vie publique. Cependant, le quid de la question féminine se trouve Dans l’espace privé, concrètement Dans le corps. Bien qu’il ait gagné un vaste terrain Dans le domaine des droits sexuels et reproductifs grâce au moteur de la lutte féministe, le corps des femmes reste aux mains de l’État, du temple, de l’initiative privée, de son couple sentimental et des moeurs. Le cas des fillettes rurales mauritaniennes, gavées de force pour pouvoir trouver un mari et être un digne symbole d’opulence, n’est pas très différent d’autres rites et croyances peut-être moins brutaux, mais qui suivent ou perpétuent des principes analogues.

On ne peut s’empêcher, quand on pense à ces fillettes, d’évoquer les anorexiques et les boulimiques qui vivent à l’intérieur et à l’extérieur du grand écran, de même que l’on ne peut penser aux pieds bandés des Chinoises d’autrefois sans éviter de les rapprocher des oignons des mannequins et des filles occidentales qui utilisent des talons hauts dès la puberté. On ne peut penser aux mutilations génitales sans réfléchir à l’absence totale du clítoris dans nos livres d’anatomie, dans nos conversations avec nos mères, ou, pire, encore, avec nos partenaires sexuels. En effet, la barbarie qui caractérise la violation des droits humains dans d’autres cultures doit motiver nos indignations et nos dénonciations mais elle doit aussi être une occasion de jeter sur los propres cultures un regard autocritique.

Sous toutes les latitudes, nous grandissons, nous autres femmes, avec la conviction qu’il est indispensable de modifier notre corps pour le rendre appétissant, pour plaire à l’autre. Il y a toujours quelque chose en trop (dans ma culture : le duvet, la graisse, les rides, la cellulite) et quelque chose en moins (dans ma culture : une poitrine généreuse et ferme, des parfums délicats, du maquillage, des vêtements à la mode). Et le message sous-jacent ne change pas non plus avec la géographie : personne ne t’aimera comme tu es, personne ne voudra se marier avec toi. Dans ce discours, un discours qui malheureusement est en train de devenir universel, l’amour et le bien-être, sous le déguisement trompeur de la vie en couple, restent conditionnés par l’image.

Toujours plus d’hommes tombent dans ce piège, mais nous autres femmes avons des siècles d’expérience Dans ce domaine et nous connaissons sur le bout des doigts la double morale qui fait de notre anatomie le meilleur cadeau et le pire châtiment. Le corps et son image sont le sauf-conduit ou la condamnation aux diverses étapes de la vie : être mince ou obèse, pudique ou coquette, réservée ou dissolue, discrète ou délurée. Le corps et sa biologie nous marquent aux yeux de la société à travers le tamis de la sexualité : notre état d’esprit, notre tempérament, notre caractère, sont censés s’expliquer par la pure physiologie et n’échappent jamais aux commentaires narquois. Depuis la jeune femme marginalisée qui échoue dans la maquila mexicaine ou dans l’atelier philippin et doit se soumettre mois après mois à un test de grossesse dans l’entreprise sous la menace de perdre son travail si elle s’y refuse ou si elle s’avère être enceinte, jusqu’à la ministre espagnole ou la présidente argentine jugées avant tout sur leur tenue ou sur la manière dont elles s’acquittent de leur rôle d’épouses ou de mères, le critère pour qualifier toute femme, passe d’une manière ou d’une autre par le corps. Par une double perversion, on nous fait croire que nous sommes un corps sans nous enseigner à nos l’approprier, à l’habiter et à le vivre en liberté. Liberté de choisir quand, comment et avec qui l’habiller, en jouir, le dénuder, le partager et l’aimer comme véhicule de nos déplacements et de notre communications avec le monde.

La gauche non plus n’a pas tout à fait compris que nous ne sommes une propriété collective. Combien de révolutions ne réclament-elles pas la récupération et l’usufruit de leurs terres, de leurs ressources et de leurs femmes ? Combien de camarades appellent-ils leurs compagnes ma femme ? Les mots ne sont pas innocents : ils reflètent des cosmovisions, des croyances, des présupposés. L’argument apparemment le plus solide pour affirmer que le féminisme est dépassé se fonde sur la participation des femmes à la vie publique, mais le chemin est long et les idées gardent toute leur pertinence. La rage du féminisme des années 1970 nous manque : ces femmes que la majorité considère toujours avec malveillance comme des folles parce que l’unique image médiatique qu’on en a retenu était celle des soutiens-gorges qu’elles brûlaient, sans reconnaître que tout mouvement social a besoin d’une impulsion radicale pour mettre sur la table ce qui est urgent et important. Nous avons aujourd’hui besoin de celles qui posèrent l’aliénation de leur propre corps comme la racine du contrôle patriarcal et donc, sa conquête comme la voie d’une authentique libération.

Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
http://www.tlaxcala.es/detail_artistes.asp?lg=es&reference=299

Les femmes, la crise financière et économique –

01.11.09
Les femmes, la crise financière et économique –
L'urgence d'une perspective de genre
par Cécile Gréboval

Le Lobby européen des femmes (LEF), la plus grande coalition d'organisations de femmes dans l'Union européenne (UE), demande aux responsables politiques à tous les niveaux de reconnaître que cette récession est un moment de transformation historique, une opportunité pour réaffirmer qu’une autre vision du monde est possible. Dans cette transformation, les valeurs fondamentales de l'Union européenne y compris l'égalité entre les femmes et les hommes doivent occuper une place centrale.

La crise financière et économique est sexuée dans ses caractéristiques et dans ses effets. La crise initiale et les plans de relance qui ont suivi tant au niveau européen, qu’au niveau national et international n’ont pas réussi à reconnaître, à comprendre, à analyser et à remédier à l'impact sexospécifique de la crise. Continuer à occulter cet impact tout en déniant aux femmes la possibilité de participer aux solutions de sortie de crise aura des effets négatifs sur les conditions de vie des femmes, des hommes, des filles et des garçons ainsi que sur notre cadre de vie commun.

La crise mondiale se répercute également sur les femmes dans d'autres régions du monde, avec des conséquences sur les économies qui sont dépendantes du travail et des revenus des femmes, y compris de l’envoi de fonds. L'égalité entre les femmes et les hommes est un objectif de l'Union européenne fortement inscrit dans les traités. Pour l’ensemble des milliers de femmes dans les 30 pays européens représentées au sein du LEF, il est essentiel que les responsables politiques prennent aujourd’hui acte de ces réalités en vue de l’élaboration de politiques adaptées qui associent les femmes dans les réponses apportées tant dans les plans de relance que dans les phases de transition qui s’ensuivent.
Recommandations
À la lumière des considérations qui précèdent, le Lobby européen des femmes demande:
 Une analyse systématiquement par les institutions de l’Union européenne et les gouvernements de l'impact de la crise sur les femmes et les hommes et la mise en œuvre de réponses qui tiennent compte de cette analyse et qui prenne en compte les identités multiples des femmes tout au long de leur cycle de vie.
 L’application progressive mais systématique de la budgétisation selon le genre en tant que méthodologie pour l’élaboration du budget de l’Union européenne et des budgets publics nationaux à tous les niveaux.
 L’adoption par les Etats membres de mesures contraignantes pour la parité dans les organes décisionnels du secteur économique et financier et dans les conseils d’administration des entreprises.
Afin d’éviter le développement d’un système social à deux vitesse et une plus grande paupérisation des femmes, le LEF recommande également :
 L’élimination par les Etats membres des dispositions obsolètes fondées sur le modèle de l’homme chef de ménage dans les textes régissant les droits relatifs à l’emploi et à protection sociale et en particulier les régimes de retraite.
 L'individualisation par les Etats membres des droits en matière de sécurité sociale et de fiscalité, pour rompre la dépendance des femmes envers leur partenaire et / ou l'Etat.
 Des investissements accrus par les Etats membres et par le biais des fonds structurels européens dans l'infrastructure sociale, en particulier dans l'éducation, la santé, la prise en charge des enfants et des personnes dépendantes, qui aurait un double effet : d’une part, créer des emplois dans le secteur public qui comporte un nombre élevé de femmes et, d'autre part, un allègement de la charge des soins aux personnes qui pèse de façon disproportionnée sur les femmes.
 L’adoption par l’Union européenne et les Etats membres de mesures de congés maternité, paternité et parentaux rémunérés et allongés, visant à une répartition plus égalitaire des responsabilités familiales et du travail domestique entre les femmes et les hommes et à une plus grande égalité sur le marché du travail.

La crise économique actuelle est différente des récessions précédentes. Les femmes sont largement étrangères à son origine mais elles sont menacées de façon différente que les hommes d’en subir de manière disproportionnée les effets qui remettent en cause le modèle social européen. L'égalité entre les femmes et les hommes n’est pas un luxe, réservé uniquement aux périodes de croissance économique. Elle est une obligation juridique et morale pour tous les Etats membres. Il est primordial maintenant plus que jamais d’investir et de progresser vers l'égalité entre les femmes et les hommes afin d'éviter un recul dans les gains que les femmes et la société dans son ensemble ont fait au cours des décennies précédentes.


Le Lobby européen des femmes (LEF) est la plus large alliance d’organisations non gouvernementales de femmes dans l’Union européenne, avec plus de 2500 organisations membres dans 30 pays. Notre travail consiste à influencer la politique européenne, en œuvrant ensemble à la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines de la vie publique et privée ainsi que dans toutes les politiques européennes.
EWL‐ LEF, 18 rue Hydraulique, B‐1210 Bruxelles Tel. +32 2 217 90 20 – Fax: +32 2 219 84 51 ‐ e‐mail: ewl@womenlobby.org
Website: http://www.womenlobby.org

Compte-rendu de Pékin + 15

Compte-rendu de Pékin + 15
Région Europe
Françoise Morvan - Michèle Vianès
1- Rappel de la plate-forme d’action de Pékin
La « région Europe » pour l’Onu est une zone historique, politique et non géographique : 56 Etats membres : pays Européens auxquels sont ajoutés les Etats Unis, le Canada, Israël et les républiques d’Asie centrale.
Zone extrêmement disparate, aussi bien du point de vue des droits humains, sociaux, démographiques, économiques et financiers
Plate-forme d’action de Pékin, comme la plupart des textes internationaux adoptés entre la fin de la 2° guerre mondiale et le début des années 90, ne pourraient plus être adoptées aujourd’hui.
Sous prétexte de relativisme culturel, l’entrée en force des lobbys religieux pour revenir sur les droits universels fondamentaux, à commencer par ceux des femmes, se manifeste à tous les niveaux de décisions.
Lors de l’adoption de la PFA de Pékin, les ONG étaient clairement affichées comme des interlocuteurs formels des Etats. Il était demandé à tous les pays signataires de répondre tous les 5 ans à un questionnaire sur l’état de l’avancement des objectifs définis par la PFA et de demander également leur avis aux ONG. Pour Pékin + 15, lors de la Commission du statut des femmes de 2008, il a été également demandé aux pays et aux ONG de mettre en lumière les bonnes pratiques, les progrès accomplis et les obstacles rencontrés dans la promotion de l’égalité entre les sexes dans la région de la commission économique pour l’Europe (CEE, ECE).
La PFA de Pékin a identifié 12 domaines prioritaires d’action :
• A.La persistance de la pauvreté
• B. Éducation et formation des femmes
• C. Les femmes et la santé
• D. La violence à l’égard des femmes
• E. Les femmes et les conflits armés
• F. Les femmes et l’économie
• G. Les femmes et la prise de décision
• H. Mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion de la femme
• I. les droits fondamentaux des femmes
• J Les femmes et les médias
• K Les femmes et l’environnement
• L La petite fille

Les mêmes réunions régionales auront lieu en Asie, Afrique, Océanie et nous nous retrouverons toutes et tous à New York les 27 et 28 février 2010 pour Pékin+ 15 qui sera suivi de la 54 ° CSW du 1 au 13 mars
2- Réunion des ONG
Lors de la réunion de préparation le 21 octobre, il a été décidé que la CLEF pour jouer son rôle de coordination francophone réunirait les associations francophones à la pause déjeuner.
Lors de ces rencontres, finalement très attendues par nos amies francophones, les échanges ont été riches sur ce qui se passait et se disait dans les caucus et en plénière.
Le 1° jour, notre déclaration écrite a été distribuée à chacune et discutée. Nous avons ainsi pu mettre en lumière rapidement les droits fondamentaux des femmes sur lesquels nous ne voulions aucun recul ni compromis de la part des Etats membres.
Le message est immédiatement passé, compte tenu du besoin ressentie par toutes de réaffirmer les fondamentaux.
3 séances plénières et des ateliers thématiques ont eu lieu pendant les deux jours.
Une séance a été réservée le 2° jour à la réunion des ONG de l’Union européenne animée par le LEF. Les débats y ont été particulièrement fournis et intéressants dans leur contenu. Le LEF fait autorité auprès de toutes les ONG européennes. Après amendement, la déclaration proposée par le LEF a été adoptée pour être lue devant les Etats.

3- Réunion régionale d’examen
Présidence française
3.1 Examen des progrès accomplis dans la région
Pays par pays 4 mn
Au-delà de la disparité des situations pour les femmes, les réponses données au questionnaire par les Etats membres de la zone Europe convergent sur certains points fondamentaux.
La plupart des pays ont décidé d’agir en priorité dans trois grands domaines : les violences faites aux femmes, en particuliers les actes de violence familiale et la lutte contre la traite ; la place des femmes dans l’économie, notamment les moyens de réconcilier vie professionnelle et vie familiale et de combattre la pauvreté des femmes ; enfin, le développement des dispositifs mis en place dans les pays pour promouvoir l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes.
Les progrès de la condition de la femme ont été plus inégaux et plus lents au niveau de la prise de décisions, dans les médias et dans les secteurs sociaux (santé et éducation ). Quant aux activités et politiques de prise en compte des spécificités sexuelles dans le domaine de l’environnement, elles n’ont guère progressé.
Au-delà des deux séances sur l’examen des progrès accomplis dans la région Europe, trois tables rondes ont eu lieu permettant des échanges Etats/ONG
Les thèmes abordés ont été les suivants :
Politiques économiques soucieuse de l’égalité entre les sexes dans le contexte de la crise économique et financière
Egalité entre les sexes et secteur des entreprises
Nouveaux partenariats, réseaux et alliances dans l’optique de l’égalité entre les sexes
Tous les pays ont pris des mesures pour 1 représentation plus égalitaire des sexes au niveau électoral (quota) et de la prise de décision ainsi que des mesures contre les violences envers les femmes dans le cadre de la campagne « Unite to end violence against women », lancée lors de la CSW de 2008.
La phrase dite par tous les représentants des Etats : parité et autonomisation, gender equality and empowerment of women
Le fossé entre les mesures et leur réalisation persiste. Avancée à petits pas dans tous les domaines quota pour atteindre les 30% , seuil critique favorable et nécessité de lois contraignantes
Alerte : USA nécessités de nouveaux alliés : les hommes et les leaders religieux (répétés 3 fois !), Turquie : former les responsables religieux à l’égalité F/H
Quant à Malte, égale à elle-même : contre l’avortement et pour le droit à la vie !
Pays phares : Norvège et Suisse (voir fin du compte-rendu)
L’Ambassadeur de France a rappelé en conclusion que les droits des femmes ne pouvaient être bafoués au nom des traditions ou religions.
Problèmes dans les Républiques d’Asie qui vivent du produit des travailleurs émigrés
ONG : très bonnes recommandations du LEF, qui a bien pris en compte les recommandations de la Clef, en particulier contre le système prostitutionnel et pas de régression des droits des femmes sous prétextes religieux.
3.2 Politiques économiques soucieuses de l’égalité entre les sexes dans le contexte de la crise économique et financière
2 ateliers, Cécile Gréboval du LEF est intervenu dans le second atelier ; Vous trouverez son intervention en pièce jointe.
Hommes plus touchés par le chômage (emplois industriels)
Femmes : Chômage, emploi vulnérable (secteur informel), diminution des aides
Sortie intelligente de la crise : emploi des femmes permettant des rentrées fiscales et des créations d’emplois dans les services à la personne,
3.3 Egalité entre les sexes et secteurs des entreprises
Norvège : système de quotas pour imposer 40% de femmes dans les Conseils d’administration des entreprises norvégiennes.
Pays Bas : seulement incitatif, ce n’est pas efficace,
Suisse : Pour pouvoir répondre aux appels d’offre fédéraux, les entreprises doivent être reconnues comme « paritaires », ce qui se vérifie grâce à un logiciel simple et gratuit, c’est imité par l’Allemagne et le Luxembourg. Cela pourrait aisément se faire en France. Pour répondre aux commissions d’appel d’offre des collectivités, des certifications sont nécessaires. Par ailleurs quand on sait le coût pour obtenir le label égalité, on comprend qu’il n’y a que les très grosses entreprises qui peuvent l’envisager.
En fonction des débats et des interventions des Etats, nous avons rédigé une déclaration écrite pour la CSW et nous préparons nos interventions pour la réunion mondiale fin février à New York.

Tuesday, November 24, 2009

la Journée mondiale lutte contre les violences faites aux femmes

Déclaration à l’occasion de la Journée mondiale lutte contre les violences faites aux femmes :

Lutter oui, mais prévenir aussi



Dés sa création, Le Planning Familial a été confronté aux violences contre les femmes. Beaucoup de celles qui venaient parler contraception, avortement, sexualité, étaient victimes de violences sexistes et sexuelles. Depuis Le Planning a développé des actions d’écoute et d’accompagnement et des partenariats avec les structures dans la prise en charge des victimes. La parole libérée permet de sortir les violences de la sphère privée et d’en faire une question sociale et politique.

Dans son approche des violences, Le Planning Familial considère qu’il faut aller au-delà de la dimension individuelle d’un homme auteur de violence et responsable de ses actes et d’une femme victime. Il y a en effet une responsabilité collective de nos sociétés qui restent fondées sur des relations inégalitaires entre les sexes, sur la domination du masculin sur le féminin. Cette domination d’un sexe sur l’autre n’est pas « naturelle », elle est construite socialement et a des conséquences sur les comportements individuels, sur les rapports sociaux et politiques.

Le Masculin et le Féminin sont définis par des stéréotypes qui enferment les hommes et les femmes dans des rôles normés. Ainsi nos sociétés valorisent les comportements à risques et la violence comme des valeurs fondatrices du Masculin : se battre, boire de l’alcool, conduire vite, être compétitif et agressif notamment dans le travail, le sport, la drague

La lutte contre les violences faites aux femmes implique de remettre en question ces stéréotypes et ces rapports de domination tant au niveau individuel que collectif car ils engendrent et légitiment ces violences. Elle exige aussi un travail avec les auteurs comme partie intégrante de la lutte contre les violences.

Protéger les victimes et punir les auteurs de violences, doit aller de pair avec un questionnement sur ces représentations et assignations du Masculin et du Féminin et sur les réactions violentes que celles-ci peuvent générer : homophobie, contrôle du corps, de la sexualité et de la vie des femmes et des filles, les assignations à la « virilité » pour les garçons et les hommes…

La prévention des violences passe par une intégration systématique dans les actions d’éducation à la sexualité en direction des jeunes d’une réflexion sur la place des hommes et des femmes dans nos sociétés, questionner avec eux les rôles masculins et féminins et les situations de discriminations vécues par les filles et les femmes dans la vie familiale, professionnelle et politique. Des expériences menées notamment en écoles primaires s’appuient sur un apprentissage à dire ses émotions, à écouter l’autre, parce que la violence est souvent le moyen de ceux « qui n’ont pas les mots »…

Pratiquée par des intervenants attentifs à travailler en partant des préoccupations des enfants, formés à conduire un groupe à se forger ses propres opinions, cette approche permet de prévenir les violences en permettant à chacun d’améliorer l’image de soi et ses compétences pour conduire sa vie.

Ce n’est qu’en adoptant le triptyque prévention, protection des victimes et punition des auteurs que notre société peut lutter efficacement contre les violences faites aux femmes tout en se ré-interrogeant sur la place qu’elle assigne à chacun des genres. Encore faut-il une réelle volonté politique…



Contacts :

Carine Favier, Présidente / 06 88 52 09 10

Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale / 01 48 07 81 00 / 06 70 19 83 48

Tuesday, November 10, 2009

Les religions n’aiment pas les droits des femmes

TRIBUNE LIBRE - Article paru - le 14 mars 2009
L’HUMANITÉ DES DÉBATS
Les religions n’aiment pas les droits des femmes
PAR GENEVIÈVE FRAISSE , PHILOSOPHE (*).
Comment le Vatican peut-il condamner l’IVG d’une fillette violée ?
Le Vatican a du mal avec l’Holocauste : du mal parce qu’il n’a pas brillé, au XXe siècle, pour le dénoncer ; du
mal parce qu’il est capable de soupeser avec légèreté, au XXIe siècle, le négationnisme d’un de ses prélats. Or
depuis longtemps, nous le savons, les militants anti-avortement dénoncent l’IVG comme un acte similaire à
l’Holocauste. Nous sommes des « survivants », clament les pro-vie, car nous avons survécu à la contraception et
à l’avortement, meurtres de masse. Le Vatican, en 2009, aggrave encore les choses : la négation de
l’Holocauste y semble mieux admise que l’avortement d’une gamine. Oui, face à l’histoire brésilienne
d’excommunications en série pour l’avortement de cette fillette, violée, enceinte de jumeaux à neuf ans, la
question principale vise l’Église, dans sa splendeur vaticane, et par voie de conséquence ceux qu’elle entraîne
avec elle, les catholiques… On les dit malheureux, furieux contre leur hiérarchie… Répétons-le : le lien entre
les deux affaires n’est pas anecdotique, ou simple coïncidence : l’extermination des juifs serait moins grave
que la destruction de cellules vivantes sans visage.
Ensuite, en ce XXIe siècle où les religions sont à l’honneur, réfléchissons à ce qu’elles font aux femmes. Ma
question est simple : quelle religion pense sérieusement le droit des femmes ? Il y a celles qui refusent
l’avortement, l’habeas corpus des femmes, maîtrise de la reproduction, et il y a celles, parfois les mêmes, qui
refusent la prêtrise aux femmes, c’est-à-dire la parité, dont je rappelle la signification : le partage du pouvoir
de décider et d’agir pour le bien commun. Du côté de la liberté individuelle, de la propriété du corps, et du
côté du collectif (comment imaginer et gouverner le monde), les religions préfèrent penser «pour» les femmes
plutôt que de les laisser penser «par» elles-mêmes…
Allons-y sans détour : aucune religion ne pense l’égalité des sexes, aucun des trois monothéismes
notamment. Chrétiens, juifs, musulmans louvoient tous à leur façon pour éviter cette question brutale :
l’égalité, doublée de la liberté, pour tous et toutes. On me répond toujours que tout est dans la nécessaire et
délicieuse « complémentarité » des sexes ; manière de formuler, avec bonne conscience, toutes sortes de
disparités.
Venons-en, enfin, à l’actualité politique : je n’écris pas ces lignes pour pester contre les religions en général, et
leur traitement des femmes en particulier. J’écris pour expliquer que lorsque les féministes s’insurgent contre
telle ou telle obligation liée à la religion musulmane, port du foulard ou polygamie, elles savent que la religion
chrétienne, aujourd’hui l’Église catholique, peut être tout autant discriminante. Elles connaissent évidemment
le soupçon, non négligeable, de bien-pensance colonialiste. Mais elles se savent dans le même bateau,
embarcation si fragile du droit des femmes… Voyez d’ailleurs le peu de considération, pour ne pas dire le
mépris, accordée par notre gouvernement au Planning familial.
Elles se mettent donc dans le même bateau car l’histoire leur enseigne la vigilance. Le droit des femmes ne s
’exporte pas ? Mais il ne se fractionne pas non plus. Et partout, dans le monde, on peut s’en emparer. Ce n’est
pas l’Occident et son universalisme qui nous intéressent, ce sont les principes d’égalité et de liberté.
(*) Derniers livres parus en 2008 : Le privilège de Simone de Beauvoir, Actes Sud et L’Europe des idées, France
Culture/L’Harmattan.

Monday, October 12, 2009

Elle a 29 ans et porte le voile. Elle ne fait plus la bise aux garçons et ne sort jamais sans avoir couvert ses cheveux. Chaque semaine elle se rend à la mosquée de Gennevilliers, vêtue d’un long voile. Elle y prie et s’y recueille de longues heures, puis rentre chez elle accompagnée de son mari Aziz, qu’elle a épousé il y a un mois.

Banal, n’est-ce pas ? Cela ressemble à la vie de tant de jeunes femmes musulmanes… Sauf qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle jeune femme, mais de Diam’s, la rappeuse rebelle de la « génération nan nan ». Diam’s, qui s’était fait le porte-parole de la cause des filles de banlieue. On pouvait la voir, la chanteuse qui demandait qu’on la laisse « kiffer la vibe avec son mec », cette semaine en photo dans Paris Match, vêtue d’une abaya et d’un voile.

Rentrée dans le rang ? Même pas. Car Diam’s, contrairement à beaucoup d’autres jeunes femmes, n’a pas cédé à quelque pression familiale que ce soit pour la simple raison que ses parents ne sont pas musulmans. Pas même d’origine maghrébine : son père est chypriote.

Diam’s s’est tout simplement convertie à un Islam auquel rien, ni sa culture, ni son « identité » comme on dit aujourd’hui, ne la reliait. « Mélanie (c’est son prénom) a très mal vécu cet immense succès et tout ce qui va avec : un train de vie délirant, de l’argent en excès. Elle a tout envoyé valser », nous explique Paris-Match. « La religion l’a très probablement aidée à surmonter ses craintes et ses doutes ». Cependant rien ne dit que se convertir à l’Islam induise forcément de porter le voile et de refuser de faire la bise aux garçons. D'où un malaise qui explique sans doute que le reportage photo publié par Paris-Match ait été refusé par la plupart de titres de la presse people auxquels il avait été proposé.

Car enfin, si même le porte-étendard des filles de banlieue s’y met, ce n’est plus que la situation est grave: c’est qu’elle est désespérée.

Lu sur : http://www.marianne2.fr/Diam-s-difficile-de-cacher-ce-voile_a182393.html

C'est quoi l'amour? Diam’s a porté le voile depuis le mois de mars

C’est assez terrible….

Mais pas irréversible. Dans peu de temps, lorsque le mec qui aura suffisamment pesé, elle va divorcer et va se demander dans quel lavage de cerveau elle est rentrée.

Mais les médias ne seront plus là pour en parler…



De toute façon, on est toutes passées par la « maladie d’amour » qui fait qu’on obéit au mec et que « par amour » on veuille lui ressembler.

Il faudrait reprendre avec plus de vigueur la critique de « l’amour »…. Comme cela se pratiquait dans les années 70.

Que « l’amour » ça n’existe pas en soi, mais est l’expression aussi des rapport de domination.

Ca fait des années que je le dis, qu’il faut en parler publiquement des rapports amoureux et pas seulement quand il y a violence avérée.

Mais aussi quand il y a dépendance psychologique, solitude qui nous fait nous agripper au premier venu qui enfin, après des années de sècheresse affective, nous dit « je t’aime ».

Il faut parler des relations consommation, du « je te prends et je te jette » qui est la norme des relations affectives parmi les 15-40 ans.

Du chantage à l’abandon qui est aussi une violence psychologique dans un monde capitaliste si dur.

Alors, on comprendra peut être l’état dans lequel était cette jeune femme quand elle est rentrée dans ce mariage … religieux.



Monika

Saturday, September 05, 2009

Comité des Femmes Contre la Lapidation. Paris



Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers
politiques et prisonniers d’opinions et l’abolition de la peine de
mort et la torture en IRAN.
Nous exigeons la séparation de l’Etat et la religion en IRAN.
Nous affirmons notre engagement à ouvrer en un réseau
international de femmes pour la liberté, l’égalité, la justice, la paix,
les droits des femmes et pour un monde libéré de toute violence.
Nous luttons pour l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes.
Nous luttons pour un monde où différence ne signifie pas inégalité,
oppressions ou exclusion.
Nous demandons « Le jugement des responsables et des
commanditaires des crimes contre les peuples d’Iran commis au
cours des 30 dernières années »
Nous engageons à promouvoir l’instauration d’un langage de vérité
et d’espoir reflétant nos droits à la justice, la santé e la sécurité et
fondant les valeurs d’un monde d’égalité et de solidarité.
5 septembre 2009
Comité des Femmes Contre la Lapidation. Paris

Comité des Femmes Contre la Lapidation. Paris


Nous exigeons la libération immédiate de tous les prisonniers
politiques et prisonniers d’opinions et l’abolition de la peine de
mort et la torture en IRAN.
Nous exigeons la séparation de l’Etat et la religion en IRAN.
Nous affirmons notre engagement à ouvrer en un réseau
international de femmes pour la liberté, l’égalité, la justice, la paix,
les droits des femmes et pour un monde libéré de toute violence.
Nous luttons pour l’élimination de toutes les formes de
discrimination à l’égard des femmes.
Nous luttons pour un monde où différence ne signifie pas inégalité,
oppressions ou exclusion.
Nous demandons « Le jugement des responsables et des
commanditaires des crimes contre les peuples d’Iran commis au
cours des 30 dernières années »
Nous engageons à promouvoir l’instauration d’un langage de vérité
et d’espoir reflétant nos droits à la justice, la santé e la sécurité et
fondant les valeurs d’un monde d’égalité et de solidarité.
5 septembre 2009
Comité des Femmes Contre la Lapidation. Paris
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