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mouvement des femmes Iraniennes

mouvement des femmes Iraniennes

Tuesday, August 24, 2010

SÉGOLÈNE ROYAL . ELLE

SÉGOLÈNE ROYAL : « SAKINEH, NOUS NE VOUS LAISSERONS PAS » Chaque jour qui passe est peut-être le dernier jour de la vie de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Chaque heure qui vient la rapproche inéluctablement de cette mort par lapidation à laquelle la justice iranienne l'a condamnée. Cette femme, qui croupit depuis 5 ans dans la prison de Tabriz, a été condamnée, au terme d'un simulacre judiciaire dont l'Iran a le secret. Deux relations amoureuses hors mariage sont le prétexte de ce verdict qui l'expose à une mort atroce. On tue avec des pierres, on sauve avec des mots. La Règle du jeu, le magazine ELLE, le quotidien Libération prennent donc aujourd'hui une nouvelle initiative. Artistes, intellectuels, hommes et femmes politiques ainsi que nos lecteurs, tous sont invités à nous faire parvenir un message. Une citation, un témoignage de solidarité, une prière: tous les messages sont les bienvenus pourvu qu'ils disent à Sakineh qu'elle est moins seule qu'il n'y paraît et à ses assassins que le monde les regarde et les juge. Chaque jour Sauvons Sakineh!

Aujourd'hui, c'est Ségolène Royal qui prend la parole et s'adresse à Sakineh :

Chère Sakineh,
Je pense fort à vous, je pense fort à vos enfants, Fasride et Sajjad, et mon sang se glace. Gardez espoir et courage, de plus en plus de voix s'élèvent partout dans le monde et vont finir par se faire entendre pour abattre les murs de votre prison. En vous aidant c'est nous que nous aidons. Nous avons besoin de votre liberté pour que notre idéal de liberté et de fraternité avance et gagne du terrain. Là où la dignité des femmes est meurtrie, écrasée, anéantie, c'est l'Humanité toute entière qui recule. Là où la femme est servie en victime expiatoire et asservie pour le seul crime d'être née femme, doivent se lever toutes celles et ceux qui savent que cet obscurantisme conduit à des malheurs plus grands encore. Sakineh nous ne vous laisserons pas. Tenez bon pour vous, tenez bon pour nous.

Le 24/08/2010

Wednesday, March 24, 2010

Rouvrir les maisons closes serait «une régression énorme

Société 18/03/2010 à 17h19
Rouvrir les maisons closes serait «une régression énorme»
Après la publication d'un sondage qui donne les français majoritairement favorables à la réouverture des maisons closes et la prise de position dans ce sens d'une député UMP, le débat est relancé.

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Par MARGAUX COLLET


Un des arguments avancés pour la réouverture des maisons closes : la protection des prostituées. (© AFP Thomas Wirth)

Faut-il rouvrir les maisons closes ? La parution du livre «Pour en finir avec les violences faites aux femmes» de la députée Chantal Brunel, qui va dans ce sens, et la publication jeudi d'un sondage qui donne plus d'un français sur deux favorables à cette mesure, ont relancé la polémique.

Dans son livre, l'élue UMP prône une réouverture de ce qu'elle préfère appeler des «maisons ouvertes», qui selon elle garantiraient aux femmes de meilleures «conditions de protection sanitaires, judiciaires, financières et juridiques». Elle imagine des bordels «à l'image des cabinets de professionnels, comme les experts comptables».

L'enquête CSA publiée jeudi dans Le Parisien confirme sa prise de position puisqu'elle atteste que 59% des personnes interrogées sont favorables à la réouverture des maisons closes (les hommes sont pour à 70%).

Un sondage qui «n'étonne pas» Malka Marcovich, directrice Europe de la Coalition contre la traite des femmes (CATW), qui juge la proposition «populiste». Cette historienne estime néanmoins que les chiffres attestent d'une certaine «évolution des mentalités puisque la dernière enquête témoignait d'une plus grande approbation».
«Une seule solution : l'interdiction»
Françoise de Panafieu en 2002, Christine Boutin fin 2009 et Chantal Brunel aujourd'hui. Les propositions de réouverture se font régulièrement entendre. Un front de militants associatifs et politiques s'est depuis constitué, plaidant pour l'abolition de la prostitution. Car «institutionnaliser la prostitution c'est la reconnaître et, par la même, nier le proxénétisme», explique Bernard Lemettre du Mouvement du nid, association d'aide aux prostituées.

«Y a-t-il un lieu qui soit correct pour se prostituer? Nous répondons: non» Le président du nid, qui accompagne des prostituées rescapées des bordels belges et hollandais, est catégorique : «les Français ne savent pas ce qu'est l'univers concentrationnaire des maisons closes». Et de rappeler que la lutte contre les violences faites aux femmes - qui comprend également la prostitution- vient d'être désignée «grande cause 2010» par le gouvernement, alors même qu'une députée de la majorité «souhaite organiser cette violence».

Une proposition jugée «effarante» par la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Danielle Bousquet. Pour la député socialiste qui a toujours milité pour le droit des femmes, «réglementer ce type d'établissement c'est partir du postulat totalement erroné que la prostitution est volontaire». L'imaginaire renvoie à Toulouse-Lautrec et aux petites femmes de paris, aux «filles de joie». «Joie des clients, oui. Mais pas des femmes» assène Danielle Bousquet qui considère que «ça nous arrange de penser que les filles le font par plaisir».

Pour les abolitionnistes, dont Danielle Bousquet fait partie, «une seule solution face à la prostitution: l'interdiction». Une tendance inverse donc, de celle amorcée en 2003 par la loi sur la sécurité intérieure qui crée le délit de racolage passif. La député PS, à l'initiative en 2006 d'une proposition de loi sur la prostitution, plaide plutôt pour une pénalisation du client. «Car s'il n'y a plus de clients et donc plus de demande, on parviendra à supprimer l'offre de services sexuels.»

Les «quartiers rouges» en Europe
«Vitrines hollandaises», «McDo du sexe» à Berlin, ...ailleurs en Europe, des gouvernements ont choisi de légaliser les maisons closes. Des pratiques certes réglementées mais pour lesquelles les associations tirent la sonnette d'alarme. La coupe du monde 2006 en Allemagne avait médiatisé ces bordels géants équipés de bar, cinéma, sauna,... où les clients peuvent acheter des services sexuels en toute légalité, dans les rues de Berlin ou de Munich. Malka Marcovich, qui avait à l'époque lancé une campagne de sensibilisation, alerte aujourd'hui sur «l'augmentation de la criminalité» que l'on observe dans ces «quartiers rouges». A Hambourg, certains quartiers qui concentrent les «eros centers» sont désormais interdits aux femmes non prostituées en raison de leur dangerosité. Pour cette militante féministe, «on tolère donc que l'espace public soit parfois réservé au plaisir des hommes», précisant que ces «zones de non-droit sont désertées par les riverains, empreintes d'odeur de bière et d'urine».

Autre dérive pointée du doigt : comment garantir que ces établissements légaux ne soient pas entre les mains de proxénètes ? Pour la directrice Europe de CATW, les filières mafieuses ont d'ores et déjà mis la main sur les maisons closes allemandes et hollandaises.

Aux Pays-Bas, les autorités envisagent d'ailleurs de faire marche-arrière sur la légalisation en vigueur depuis octobre 2000. Le maire d'Amsterdam avait tenté en 2008 de fermer la moitié des bordels des quartiers chauds de la ville. Face au tollé suscité par cette mesure impopulaire, il propose aujourd'hui de les déplacer en périphérie et qu'ils cessent toute activité entre quatre et huit heures du matin. Pour Malka Marcovich, «cacher dans des établissements les pratiques qui dérangent ou les éloigner hors de la ville» renvoie au fait que, «lorsqu'elles sont occultées, on imagine que les choses se passent mieux».

Mais le changement d'orientation que l'on observe dans les pays dits «règlementaristes» - qui choisissent de d'encadrer la prostitution- marque surtout pour la militante féministe, «l'échec de leur politique, que nous avions prévu il y a une dizaine d'années». Elle déplore néanmoins que la résurgence de ce débat montre que «l'égalité sexuelle des hommes et des femmes n'est toujours pas acquise». Et de constater qu'«à l'heure de célébrer les 40 ans du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et de ses slogans pour la libération de la femme, perdure une vision stéréotypée de la prostitution et de la sexualité de la femme»

Prostitution, hypocrisie et lobbying, par Patric Jean

Point de vue

LEMONDE.FR

ériodiquement ressurgit le débat sur la prostitution. Conférences, émissions, soirées thématiques, et un film documentaire prenant le parti de la légalisation de ce qu'ils appellent le plus vieux "métier" du monde.

La majorité des personnes prostituées sont plutôt issues de milieux défavorisés, et beaucoup ont connu un parcours semé de violences et de maltraitances de tous ordres. On connaît l'importance des trafics mafieux de la prostitution forcée. Et d'une certaine manière, tout le monde aujourd'hui semble d'accord sur ces points.

Pour le reste, deux camps se font face.

Celui de l'économie du proxénétisme tente d'influencer le monde politique pour rendre légal le commerce de la prostitution. Comme en Suisse, en Espagne, aux Pays-bas ou en Allemagne, des "supermarchés" pourraient avoir pignon sur rue et offrir aux clients des femmes à louer pour quelques instants. Elles seraient uniquement des "volontaires", employées légalement et traitées comme telles. Le proxénète est, dans ce cas, un chef d'entreprise.

Face à cela, des associations "abolitionnistes" se mobilisent, non contre les personnes prostituées (elles demandent d'ailleurs l'abolition de la loi sur le racolage qui criminalise celles-ci) mais dans l'exigence que la prostitution soit considérée comme une violence et non comme un "métier".
Toute la discussion va donc se porter sur les quelques femmes qui se prostitueraient "par choix". On peut, en effet, être surpris de voir des femmes choisir "librement" de pratiquer des dizaines de fellations par jour. Pourtant, le lobby pro-proxénétisme exerce actuellement un travail forcené à travers diverses associations pour faire croire à cette incongruité. Des femmes préféreraient cela au travail salarié et feraient donc ce choix raisonné. Certaines l'affirment publiquement, à la télévision, dans des films documentaires qui prennent le parti de les croire sur parole.

La relation sexuelle a quelque chose de particulier. Contrairement à d'autres types d'agressions où la gravité des séquelles physiques influencera la décision d'un tribunal, dans le cas du viol, même si la victime ne conserve aucune blessure physique, c'est sur un autre terrain que se portera le débat. L'intrusion non consentie dans le corps (le sexe) d'autrui est toujours considérée comme un crime. Les blessures psychologiques sont liées à ce que la sexualité est au c˛ur même de notre construction intime. On sait les suicides après de telles agressions. Le viol est maintenant considéré comme un crime, même commis par un mari. Ce qui le définit tient en un mot : le désir ou l'absence de désir et donc de consentement.

C'est pourquoi l'on ne peut comparer l'action d'une femme qui assemble des pièces détachées en atelier et celle d'une femme qui loue son sexe ou sa bouche.

D'autre part, la prostitution fonctionne toujours selon une vision archaïque et clichée de la sexualité masculine qui serait impulsive, irrépressible, pulsionnelle contrairement à celle des femmes. En tant qu'homme, rien ne nous oblige à nous reconnaître dans cette description, et la majorité d'entre nous ne louera jamais le corps d'une femme prostituée au cours de sa vie. On peut même se déclarer en opposition totale avec ces clichés culturels tout en étant libertin. Cette vision de la sexualité féminine passive et sentimentale est évidemment remise en question aujourd'hui. Néanmoins, le débat sur la prostitution nous renvoie toujours à des arguments essentialistes très normatifs.

S'opposer aux idées pro-proxénétisme vous place dans le camp des puritains, des moralistes. On peut pourtant défendre une liberté sexuelle totale, comprenant le libertinage le plus complet, les pratiques sadomasochistes et autres encore, mais exiger que l'action se déroule uniquement entre adultes consentants. Serait-ce être moraliste ?

Ne pourrait-on exiger que cette totale liberté sexuelle se déroule uniquement en dehors de tractations financières, c'est-à-dire entre adultes consentants et désirants ? On connaît le rapport symbolique entre l'argent et le pouvoir. Bon nombre de clients prostitueurs ont différentes maîtresses mais prennent aussi plaisir à "payer pour ça". La transaction financière en est un bon symbole de pouvoir.

Bizarrement, on a toujours vu les conservateurs être les premiers à réclamer l'ouverture des bordels. Le mariage strict, l'hétérosexualité, la sexualité pudibonde à la maison mais les maisons closes pour se laisser aller. Un petit tour à confesse en passant et le tour est joué. L'hypocrisie est totale.

Autre argument, les femmes se prostitueraient dans le mariage. En faisant union avec un homme plus fortuné, bon nombre de femmes se prostitueraient, n'ayant pour leur conjoint plus de désir mais restant avec lui pour l'argent. L'argument est fallacieux car comment comparer la triste réalité du sexe triste, du couple qui ne se désire plus, à celle des femmes mettant dans leur corps le sexe de dizaines d'inconnus quotidiennement ?

Enfin, il est difficile de faire face aux témoignages de femmes prostituées défendant ouvertement ce qui les opprime. L'effet est bien connu des psychologues, il s'appelle le déni.

Assumer une responsabilité dans sa propre exclusion est parfois plus facile à supporter que d'admettre que l'on est écrasé par un système social plus fort que nous. Une prostituée écrivait récemment : "Si je commence à me dire que mon unique fonction (∑) consistait à être un dévidoir à foutre. Que mon outil de travail serait des sexes d'hommes mal nettoyés. Que j'allais passer mes après-midi à me frotter et à me nettoyer le cul comme une malade mentale avec un savon gynécologique antiseptique, (∑) si un jour j'ai l'inconscience de regarder cette réalité et cette tristesse de ma vie, je sombre dans l'alcoolisme ou la dépression."

Nombreuses sont les femmes qui ont témoigné publiquement de leur "choix" avant de se rétracter tout aussi publiquement une fois qu'elles étaient sorties du milieu. "Comment avez-vous pu me croire ?", a dit Ulla, et bien d'autres à sa suite.

Il y a deux ans, des personnes jadis prostituées ont réagi à la proposition d'ouvrir un centre légal de prostitution à Vancouver : "Nous croyons qu'aucun changement aux conditions et aux lieux dans lesquels nous avons été prostituées n'aurait pu réduire les torts [qui nous ont été causés] de manière significative. Et nous considérons au mieux comme une insulte de voir les torts que nous avons subis dans la prostitution normalisés en les rebaptisant 'travail'."

Mais alors, pourquoi tant d'associations, de militants, de cinéastes derrière la cause des proxénètes ? Car c'est bien eux qui récoltent les principaux bénéfices économiques.

J'y vois trois raisons principales : la mode, la déviance et l'argent.

La majorité des Français, y compris chez les Verts récemment, tombent dans le piège de ce qui peut sembler un "mieux" pour les personnes prostituées. Un centre contrôlé par les inspecteurs du travail et de l'hygiène plutôt que le bois de Boulogne. Cette idée semble progressiste et branchée. Ce choix relève évidemment d'une totale méconnaissance du sujet qui n'a jamais été un obstacle pour s'exprimer.

La deuxième raison pour s'afficher publiquement, voire cinématographiquement dans cette mouvance relève de l'argumentaire utile à justifier ses propres déviances sexuelles. On construit un discours politique qui masque des comportements que l'on ne pourrait expliquer autrement. Parfois même à ses propres yeux. A nouveau le déni.

Enfin, l'argent. Imaginons un instant que des personnes prennent la parole pour reprendre mot pour mot les arguments de l'industrie pharmaceutique ou des cigarettiers. Ne soupçonnerions-nous pas cette parole d'être remerciée par quelques émoluments ou petits cadeaux ? Pourquoi traiter différemment le lobby des proxénètes alors qu'il représente des intérêts financiers colossaux, avec des sociétés multinationales et parfois cotées en Bourse ?

Enfin et pour conclure, l'argument le plus révoltant du lobby pro-proxénétisme est celui des personnes handicapées. Peut-on les priver d'une vie sexuelle que seule une personne prostituée pourrait leur vendre ? Les pires intentions trouvent toujours une noble cause pour se justifier. Un jeune homme paraplégique a récemment offert la réponse lors d'un débat public dans un cinéma. Assis dans sa chaise qu'il actionne du menton, il a déclaré : "Quel que soit mon handicap, jamais je n'humilierai une femme pour mon plaisir."

Il s'agit bien de cela.

Patric Jean est cinéaste, auteur de "La Domination masculine".

Wednesday, February 17, 2010

Elisabeth Badinter

«La femme réduite au chimpanzé»
Interview
Parité. Dans son livre à paraître vendredi, Elisabeth Badinter dénonce une offensive réactionnaire faisant de la maternité le Saint-Graal de la femme

Elle parle de «guerre idéologique souterraine», de «retour en force du naturalisme», de «culpabilisation des mères». Pour avoir observé les femmes autour d’elle, scruté les pratiques de la prosélyte Leche League (1) engagée dans une «bataille du lait», épluché les recommandations de certains pédiatres et des théoriciens de «l’instinct maternel», décortiqué le féminisme, Elisabeth Badinter décrit l’émergence d’un nouveau modèle, qui fait de la maternité le cœur de l’identité féminine. Dans son dernier opus intitulé le Conflit, la Femme et la Mère qui paraîtra vendredi chez Flammarion et fait déjà polémique, la philosophe analyse cette menace. Le livre est dédié à «Robert».

Qu’est-ce que la «bonne mère» aujourd’hui ?
C’est une mère qui revient aux fondamentaux. Elle allaite pendant six mois, ne met pas son bébé à la crèche ou pas trop tôt, parce qu’un bébé a besoin d’être avec sa mère et non dans un nid à microbes, elle se méfie de ce qui est artificiel et a des préoccupations écolo. Le petit pot est devenu un signe d’égoïsme, on revient à la purée écrasée par maman. Une bonne mère est constamment à l’écoute doit veiller au bien-être physique et psychologique de l’enfant ; c’est un full time job. J’oublie de dire que comme elle allaite à la demande, il est recommandé de mettre le bébé dans le lit conjugal. Cela nie l’intimité des adultes et exclut le père.

Il y a aussi un regret à voir la femme quitter son foyer, sa place naturelle est à la maison. On comprend qu’elle doit aller travailler, mais il faut qu’elle se débrouille pour être là quand les enfants arrivent de l’école. La «bonne maternité» impose des nouveaux devoirs qui pèsent sur celles qui ne les suivent pas. C’est une représentation à rebours du modèle qu’on a poursuivi jusqu’à présent, qui rend impossible l’égalité des sexes et malvenue la liberté des femmes. C’est un retour en arrière. Les femmes vont-elles se laisser convaincre de réendosser ce modèle-là ?

Quelle «révolution silencieuse» s’est passée sous nos yeux ces trente dernières années ?
La crise économique a rendu le travail plus dur, plus précaire, plus stressant. Les femmes sont les premières touchées : elles ont fait des études, cherchent du travail, sont sous-payées et jetables comme des Kleenex. C’est l’origine du bouleversement. Dans les années 90, la droite a proposé une allocation maternelle qui a renvoyé les femmes à la maison avec comme seul potage un demi-Smic. En même temps, on a assisté à la remise en cause du consumérisme. L’idée s’est imposée qu’on faisait fausse route dans la course aux ambitions inutiles et qu’une autre vie, plus conforme à la nature, était possible. Beaucoup de femmes ont été sensibles à ce discours. Et se sont dit : «Et si je prenais comme objectif de m’occuper de mon petit enfant, bref, d’être la mère idéale ?» Cela s’accompagne d’une critique générale du progrès scientifique, de la science «vendue à l’industrie». On s’est également précipité pour instaurer un principe de précaution. Tout cela a engendré de nouveaux comportements, de nouvelles peurs, propices à un retour aux fondamentaux.

Selon vous, ce contexte a favorisé l’idéologie de la nécessité de l’allaitement maternel.
On est passé de : «Vous avez le droit» d’allaiter, à «Vous devez». Les pressions d’ordre moral ont remplacé un choix légitime, sous la houlette de la Leche League. Je pense que la philosophie naturaliste au nom de laquelle on impose cela est dangereuse. Car elle ne laisse plus de place à l’ambivalence maternelle. Elle impose une conception unifiée des femmes. Nous pouvons toutes, nous devons toutes faire la même chose. C’est une réduction de la femme au statut d’une espèce animale, comme si nous étions toutes des femelles chimpanzés. Puisque c’est la nature qui l’impose : nous avons les mêmes réactions, les mêmes devoirs. La liberté de dire non est évacuée. Pour la Leche League il n’y a pas de prétexte recevable pour refuser d’allaiter, il faut persister. Il n’y a jamais aucun motif de dire non.

Vous écrivez : «dans une civilisation où le moi d’abord est érigé en principe, la maternité est un défi, voire une contradiction»…
C’est une situation schizophrénique. Ces trente dernières années, on a assisté à une montée de l’individualisme, de l’hédonisme, du moi d’abord. Cela rentre en contradiction avec l’impératif de plus en plus lourd qui est de faire passer l’enfant d’abord : depuis que les femmes bénéficient de la contraception, on doit tout à l’enfant qui n’a pas demandé à naître, comme allaiter à la demande. Sous-entendu celles qui ne le font pas sont coupables, égoïstes. De la montée de l’individualisme et de l’accroissement des devoirs maternels naît ce conflit interne à chaque femme et qui a aussi des conséquences sociales fantastiques. Car les sociétés oublient que les femmes possèdent une petite bombe atomique : celle de ne pas faire d’enfant. En Allemagne, Italie, Espagne, quand la société fait peser sur les épaules de la femme tout le poids de la maternité sans l’aider, les femmes font moins d’enfants ou pas du tout.

Selon vous, une «offensive naturaliste» est menée par une «sainte alliance des réactionnaires». Laquelle ?
Il y a une coagulation de l’écologie, de la Leche League , du féminisme naturaliste et du discours des spécialistes du comportement qui s’appuient les uns sur les autres. Le plus intéressant est de voir comment les militantes de la Leche League et les féministes différentialistes se sont retrouvées pour revaloriser la maternité, et en faire le cœur de l’identité féminine. Ces féministes veulent construire une société plus apaisée grâce aux vertus maternelles, dont les valeurs sont opposées au machisme. Les militantes de la Leche League pensent que la femme est naturellement mère, c’est donc un retour à une tradition millénaire. Mais les deux mouvements ont fait un bout de chemin ensemble et se sont emparés des théories du «lien» qui donnent aux hormones du maternage un rôle déterminant. Pour eux, l’amour maternel est la conséquence de nos hormones.

Quels sont les signes de la maternité écolo ?
Le meilleur exemple est celui des couches jetables. C’est tout à fait révélateur d’un état d’esprit que je redoute. Nathalie Kosciusko-Morizet a proposé une taxe sur les couches jetables, sans se soucier du travail que cela impose aux mères. Et contrairement à ce que pense Cécile Duflot, ce ne sont pas les hommes qui vont se précipiter en rentrant du travail pour aller mettre les couches à la machine. De même, il y a une méfiance vis-à-vis de la péridurale comme si en ôtant la souffrance, elle ôtait la valeur authentique et originelle de la naissance. La pilule est mal vue, car elle contrecarre un processus naturel. De même, il faut donner à l’enfant les fruits de la nature, lui épargner l’artificiel, le chimique, comme le lait artificiel.

Pour vous le bébé est devenu «le meilleur allié de la domination masculine».
Le pauvre bébé, malgré lui, tient sa mère prisonnière : la mère est au service des besoins de son enfant, elle doit se plier à ses horaires, il trône parfois dans le lit conjugal. C’est la mère la plus impliquée, cela donne au père l’autorisation morale de ne pas s’en mêler. Les hommes n’ont même pas eu à lever le petit doigt. Le bébé est devenu le maître et il justifie l’inégalité du partage parental. L’exclusion des pères est ainsi légitimée, alors que de plus en plus de jeunes pères éprouvent du plaisir à s’occuper de leur bébé.

Je crois que le thermomètre de la domination masculine demeure l’écart de salaire homme-femme. Or il y a une hypocrisie à gémir sur les écarts salariaux et en même temps à détourner les yeux de l’inégalité majeure : celle de la non-répartition des tâches familiales et domestiques, qui continue à occasionner une concurrence déloyale entre homme et femme. Les hommes sont pardonnés par avance de continuer à ne rien faire à la maison.

Comment résoudre ce conflit ?
La majorité des Françaises concilie la maternité et la vie professionnelle, elles sont nombreuses à travailler à temps plein quand elles ont un enfant. Elles résistent au modèle de mère parfaite, mais pour combien de temps ? D’autant qu’on assiste à un règlement de comptes entre générations. Certaines filles disent à leurs mères : «Je ne serai pas comme toi à courir entre le travail et les enfants, toujours pressée, et stressée, heurtée au plafond de verre». J’ai l’impression qu’aujourd’hui, on est peut-être à un tournant.

(1) La Leche League (ligue du lait en français) est une association fondée il y a plus de cinquante ans par des mères de famille de la banlieue de Chicago (Etats-Unis) désireuses de faire partager leur expérience positive de l’allaitement. Présente en France depuis 1979 , elle informe et soutient les allaitantes.

Wednesday, February 10, 2010

SOUTIEN AUX FEMMES IRANIENNES



SOUTIEN AU PEUPLE IRANIEN



Après la victoire de la révolution contre la monarchie en 1979, une république islamique intégriste s’est mise en place et maintient l’Iran sous contrôle.

En juin 2009, des élections présidentielles truquées ont fait exploser la révolte contenue du peuple iranien depuis plus de 31 ans.

Le Collectif National pour les Droits des Femmes tient à exprimer son soutien au peuple iranien et surtout aux femmes qui subissent d’avantage la répression dans une république islamique guidée par l’intégrisme religieux qui les maintient sous contrôle, permettant ainsi de mieux bafouer leurs droits.

Nous tenons à saluer le courage des femmes iraniennes qui, malgré les arrestations, les tortures, les viols, continuent à résister et à s’exprimer. A exprimer les cris d’alarme, à revendiquer la liberté d’expression qui leur est due.

Nous savons combien il est difficile d’exister en tant que femmes dans la plupart des continents, que la liberté que nous avons obtenue est le fruit d’un combat permanent, mais nous savons aussi combien il est encore plus difficile d’exister lorsque l’on est sous le joug d’un pouvoir islamique intégriste.

Toute notre solidarité et notre soutien accompagnent ce peuple en lutte pour ses droits et ses libertés.

Nous pensons particulièrement aux femmes iraniennes et les soutenons dans leur lutte pour leur liberté, pour le droit d’exister en tant que femmes





C.N.D.F. – Collectif National pour les Droits des Femmes

Paris le 06 février 2 01 0

Les dérapages de la gauche sur le voile

Par ANNIE SUGIER présidente de la Ligue du droit international des femmes

L’exhibition du voile islamique bafoue les principes de laïcité et d’égalité entre les hommes et les femmes, qui devraient faire partie des fondamentaux d’un parti de gauche. Alors comment expliquer les positions récentes du Parti socialiste (PS) et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA). A sur ce sujet ?

Comment, d’abord, justifier la décision des députés socialistes, membres de la mission parlementaire sur le voile intégral, de quitter les discussions au sein de cette mission alors que celle-ci n’avait pas achevé ses travaux ? C’est pour faire part de ces interrogations à la première secrétaire du PS, qu’avec Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes, nous lui avons adressé une lettre ouverte.

Notre message se résumait en quelques mots : ce que nous attendons d’un parti de gauche, c’est de savoir défendre sans tergiverser ses principes en dehors de toute considération politicienne. Le PS a-t-il oublié que, lorsqu’il s’est agi de voter la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse, ses dirigeants n’ont pas pensé un instant se retrancher derrière le fait que le gouvernement et le Président étaient de droite et que ceux-ci pourraient en tirer bénéfice ?

Et voilà qu’aujourd’hui c’est d’un autre parti de gauche que vient un reniement encore plus grave. Comment qualifier autrement la décision du NPA de présenter en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, une candidate voilée ? Le double langage de ce parti éclate ainsi au grand jour : d’un côté il se revendique comme le parti des opprimés, de l’autre il adhère à un symbole, le voile islamique, qui, sous toutes les latitudes, signifie ségrégation entre les sexes, invisibilité du corps des femmes dans l’espace public, statut de second rang pour les femmes.

Par ce geste, le NPA fait table rase du combat des femmes des pays de culture musulmane qui ont osé affronter tête nue les tueurs islamistes. Le NPA se solidarise avec les pires dictatures, au premier rang desquelles la République islamique d’Iran qui, rappelons-le, dès février 1979 au lendemain de son arrivée au pouvoir, imposa le voile aux femmes, malgré l’opposition farouche dont des milliers d’entre elles firent preuve. Trente ans après, la révolte héroïque de la jeunesse iranienne n’aura donc pas davantage dessillé les yeux des militants du NPA !

Il serait temps que le NPA sache mettre le mot «opprimé» au féminin et qu’il ait la décence d’entendre celles qui, au risque de leur vie, osent affronter l’islamisme, à commencer par l’Algérienne Djemila Benhabib, auteure d’un livre sans concessions sur l’islamisme en Algérie, Ma vie à contre-Coran (éditions VLB).

Cette jeune femme, dans une lettre (du 13 novembre 2009) adressée au président de la mission sur le voile intégral, écrit : «Sachez qu’il n’y a rien dans ma culture qui me prédestine à être éclipsée sous un linceul, emblème ostentatoire de différence. Rien qui me prédétermine à accepter le triomphe de l’idiot, du sot et du lâche, surtout si on érige le médiocre en juge. Rien qui prépare mon sexe à être charcuté sans que ma chair en suffoque. Rien qui me prédestine à apprivoiser le fouet ou l’aiguillon. Rien qui me voue à répudier la beauté et le plaisir. Rien qui me prédispose à recevoir la froideur de la lame rouillée sur ma gorge. Et si c’était le cas, je renierais sans remords ni regret le ventre de ma mère, la caresse de mon père et le soleil qui m’a vu grandir.»

Ce que nous demandons aux dirigeants du NPA, puisqu’ils se complaisent dans un aveuglement complice, c’est qu’au moins ils cessent d’utiliser des mots dont ils ignorent le sens : féminisme, laïcité, égalité, émancipation. Et sans doute aussi, liberté et fraternité.

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Thursday, February 04, 2010

Anne Hidalgo interview le monde

Sharklady : Quelle est votre position sur le port du voile intégral en France ?

Anne Hidalgo : Le voile intégral est d'abord une violence contre les femmes et me paraît totalement incompatible avec les lois de la République. Je pense que nous sommes des élus ou de futurs élus de la République, et que le fait qu'on n'ait pas de signe religieux distinctif dans les lieux publics ou à l'occasion d'une élection à laquelle chacun se présente libre me paraît une règle de conduite à tenir. Par exemple, je n'aimerais pas promouvoir l'idée qu'une femme voilée puisse être candidate sur une de mes listes. J'étais très favorable à la loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école, et je pense que cette loi a porté ses fruits.

Souris : Vous dites "femme voilée" : tchador et niqab même combat ?

Anne Hidalgo: Je pense que le voile intégral est totalement incompatible avec la République. Je suis et ai été pour la loi qui, au nom de la neutralité nécessaire dans le service public, impose que les agents publics, par exemple dans les hôpitaux, les écoles, etc., ne portent pas de voile. Ensuite, c'est de la liberté de chacune de porter ou pas le foulard dans sa vie privée.

Pitch : En ce qui concerne les transports, que proposez-vous pour ceux qui vivent en grande banlieue ?

Anne Hidalgo : D'abord, nous sommes favorable à une tarification sociale. Des catégories de la population, par exemple les jeunes de moins de 26 ans en insertion, les chômeurs, les jeunes pouvant accéder aux avantages de la carte Imagin'air... doivent bénéficier de moyens plus importants. C'est ce que nous proposons avec des réductions ou des exonérations ciblées. En revanche, nous considérons que l'urgence en Ile-de-France, c'est d'investir sur l'offre de transports, en priorité les RER, pour qu'ils soient à l'heure et plus confortables.

Oursonne : Avez-vous déjà pris la ligne 13 à une heure de pointe ? Que proposez-vous pour désengorger cette ligne de transport ?

Anne Hidalgo : Oui, bien sûr, j'ai pris la ligne 13 à l'heure de pointe comme les nombreux Parisiens et Franciliens qui s'y entassent. Nous proposons deux choses : sur le moyen terme, c'est-à-dire à horizon 2017, la prolongation de la ligne 14 est une réponse pour désengorger la ligne 13 ; et dans l'urgence, nous proposons des systèmes de bus alternatifs et une plus grande capacité des rames à transporter des usagers.

Ronaldo : Cela fait 12 ans que vous aux commandes de la région et nous devons attendre 2017 pour une amélioration de la ligne 13 ? Vous ne trouvez pas que vous poussez le bouchon un peu loin ? m

Anne Hidalgo : D'abord, les investissements sur les transports franciliens se sont arrêtés du côté de l'Etat en 2002, alors que le réseau francilien méritait ce type d'investissements, qui ne peut être porté uniquement par les collectivités locales. Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, préside le STIF, Syndicat des transports d'Ile-de-France, depuis 2006. Avant, c'était l'Etat. Et d'ailleurs, depuis 2006, Jean-Paul Huchon a renoué avec l'investissement dans le réseau de transports. Comme vous, je considère que le temps est trop long, mais si des améliorations peuvent être apportées, c'est d'abord et avant tout grâce à la mobilisation de la région Ile-de-France et des départements comme Paris ou la Seine-Saint-Denis.

Cerrumios : Que comptez vous faire pour désengorger Paris de la circulation et ainsi diminuer la pollution ?

Anne Hidalgo : Nous avons déjà diminué la circulation automobile de 21 % depuis 2001 à Paris et diminué la pollution de proximité de 32 %. Nous allons continuer. Par exemple en proposant une offre alternative de transports collectifs : prolongement du tramway des Maréchaux jusqu'aux Batignolles, instauration d'un nouveau système Autolib' de voitures électriques en libre service, augmentation de la fréquence des bus en site propre et prolongement de la ligne 14 pour désengorger la ligne 13. Le maire de Paris a également prévu un plan concernant la reconquête des berges de Seine sur lequel il devrait revenir dans les semaines qui viennent.

Craquounette : Le gouvernement annonce plus de 4 milliards en faveur du logement social. Que propose le PS pour faire face au manque de logement en Ile-de-France ?

Anne Hidalgo : Cette annonce du gouvernement est quand même très en dessous des besoins de l'Ile-de-France. Et je rappelle que le logement est de la compétence de l'Etat. La région a financé 240 000 logements sociaux nouveaux depuis 2004 et propose de poursuivre son effort en incitant les maires des communes les plus bâtisseurs, par exemple en leur proposant de contribuer aux investissements de crèches, d'écoles accompagnant les logements. La région propose aussi, avec Jean-Paul Huchon, l'extension de l'Etablissement public foncier régional à l'ensemble des départements d'Ile-de-France. Aujourd'hui, le 78 et le 92 refusent d'y participer, alors que cet outil est l'outil essentiel pour rétablir l'égalité des territoires face à l'obligation de construction de logement social.

Eric : La région peut elle avancer si elle est de gauche avec un gouvernement de droite ? Où en est le shéma directeur pour la région (SDRIF) ?

Anne Hidalgo : Je pense qu'il est indispensable que la région reste à gauche, parce que nous avons un gouvernement très à droite qui mène une politique de destruction des services publics. Regardez ce qui se passe par exemple sur l'hôpital public en ce moment, avec 4 000 suppressions d'emplois annoncées pour 2012 à l'APHP. Donc la région à gauche constitue un véritable bouclier social et ses efforts, joints à ceux de la ville de Paris, peuvent apporter de la qualité de vie aux Parisiens et aux Franciliens. Le Sdrif, qui a été travaillé par tous les élus de l'Ile-de-France, fait l'objet d'un combat d'arrière-garde du gouvernement, qui refuse toujours de le valider. C'est sans doute sa haute conception de la démocratie et de la décentralisation !

MG : Comment combler la fracture entre Paris, qui s'embourgeoise et se muséifie, et sa périphérie ?

Anne Hidalgo : Je ne pense pas que Paris s'embourgeoise et se muséifie quand on finance 40 000 nouveaux logements sociaux de 2008 à 2014 après en avoir financé 30 000 de 2001 à 2008. On modifie profondément la sociologie de Paris. En 2014, ce sont plus de 200 000 personnes qui auront pu rester à Paris et qui en auraient été chassées si nous n'avions pas eu cette politique du logement. Je pense aussi que Paris reste une ville dynamique sur le plan de la création économique, culturelle, mais surtout l'avenir de Paris est aussi dans sa relation à la métropole. Je crois beaucoup à la coopération, à la solidarité de la métropole francilienne. Elle est en marche à l'initiative des élus et des habitants, elle n'a pas besoin de la démarche autoritaire prônée par Nicolas Sarkozy et Christian Blanc, qui veulent régler leurs comptes avec la décentralisation.

Titou : En quoi votre programme est-il différent de celui d'Europe ecologie ?

Anne Hidalgo : D'abord, ce sont nos partenaires pour le second tour. Et je pense que nous avons plus de convergences que de différences. Je ne crois pas que nos différences portent sur l'exigence en matière d'écologie. Elles portent plutôt sur la façon dont on considère que la lutte contre le chômage est pour nous une priorité aussi importante que la lutte contre le réchauffement climatique. En matière d'emploi, je pense que nous sommes plus volontaristes et que nous avons moins de réserves sur la nécessité d'une croissance dans notre pays.

Tarzan : Le Conseil Régional a voté une dotation de 300 000 euros au Vénézuela d'Hugo Chavez alors que ce meme Conseil Régional traine les pieds pour octroyer les fonds nécessaires à la rénovation de mon Lycée. Quand vous occuperez-vous des franciliens avant toute autre chose ?

Anne Hidalgo : Je pense que c'est une mauvaise information sur la politique du conseil régional, puisque le conseil régional d'Ile-de-France a rénové, je crois, 240 lycées et s'intéresse en priorité à la vie quotidienne des Franciliens : les lycées, les transports, le soutien à l'emploi, à la formation professionnelle, à la construction de logements sociaux, etc. Mais c'est vrai que la région Ile-de-France, qui est la région capitale, a aussi un rôle dans la coopération internationale, et l'axe central de cette coopération internationale a porté sur la lutte contre le sida.

Gandalf : Qu'allez vous faire pour améliorer la sécurité des lieux scoalaires, notamment collèges et lycées ?

Anne Hidalgo : Dans les lycées, qui sont nos compétences régionales, la région dépense environ 5 millions d'euros par an pour la mise en sécurité de ces établissements scolaires. Ca a été de la vidéoprotection, des grilles permettant de sécuriser ces lieux. Et donc la région va poursuivre ce travail-là, avec les établissements scolaires. Je rappelle que la sécurité est d'abord de la compétence de la police nationale, donc de l'Etat. Je rappelle aussi que nous sommes favorables à ce qu'il y ait plus d'enseignants et d'éducateurs dans les établissements scolaires, ce qui serait aussi une solution pour diminuer la violence à l'intérieur de ces établissements.

Mais la région n'a pas déserté les questions de sécurité. Au-delà des lycées, elle a aussi permis de rénover et de construire de nombreux commissariats, ce qui n'était pas dans sa compétence propre mais qu'elle a souhaité assumer pour l'intérêt général.

CMoi : Ne pensez-vous pas que la sécurité dans les écoles relève d'abord du devoir des parents envers leurs enfants avant celui des policiers ?

Anne Hidalgo : Je pense qu'il vaudrait mieux que les policiers ne soient pas dans les écoles. En revanche, la sécurité aux abords des écoles, elle, relève de la police. Ensuite, je pense qu'il faut aider aussi les parents, notamment ceux qui rencontrent des difficultés sociales importantes, à exercer leur parentalité. C'est ce que nous faisons par exemple à Paris, en mettant en place des lieux d'aide à la parentalité qui peuvent effectivement permettre à des parents de retrouver l'autorité nécessaire qu'ils doivent pouvoir exercer sur leurs enfants.

LCParis11 : Vous parlez de démocratie locale, pourtant la ville de Paris vient d'adopter l'installation de la vidéosurveillance à l'unisson avec l'UMP, alors que la quasi-totalité des conseils de quartier qui se sont prononcés sur cette question était contre. Pourquoi ?

Anne Hidalgo : D'abord, les élus du conseil de Paris dans leur majorité se sont prononcés pour l'installation dans des lieux particuliers de caméras de vidéoprotection, car nous sommes des élus responsables, la question de la sécurité des Parisiens, y compris du fait du risque terroriste, nous importe. Donc nous avons décidé d'installer 1 200 caméras dans des lieux stratégiques. Le budget que la ville de Paris consacre à la prévention est de 200 millions d'euros par an. Celui que nous avons consacré pour cette opération ponctuelle d'installation de caméras est de 5 millions d'euros. La sécurité est un droit, surtout pour les plus fragiles d'entre nous. Les conseils de quartier n'ont pas tous considéré, comme vous le dites, qu'il fallait aller contre la vidéoprotection. La grande majorité des Parisiens considèrent que c'est un sujet important et les représentants des Parisiens que nous sommes assument leurs responsabilités.

LCParis11 : Pourquoi dire "vidéoprotection" et pas "vidéosurveillance" ? Pourquoi les axes qui vont être équipés de caméras à Paris sont, notamment, des parcours de manifestations ? Que pensez-vous des rapports de l'IAURIF et Scotland Yard qui ont prouvé que cette technologie est à la fois coûteuse et très peu efficace ?

Anne Hidalgo : D'abord, il ne s'agit pas de surveiller, mais de protéger, donc vidéoprotection est le terme adapté. Nous avons d'ailleurs mis en place un comité d'éthique, avec un haut magistrat ancien vice-président de la Ligue des droits de l'homme, M. Kassous, qui surveillera l'utilisation du dispositif. Concernant la comparaison avec Londres et le rapport de Scotland Yard, je vous rassure, Londres n'est pas notre modèle. Il y a 60 000 caméras installées sur la voie publique à Londres et nous ne considérons pas que ce soit la solution. Nous restons dans un cadre qui est spécifique à Paris et qui est encadré sur le plan des droits de l'homme. Et bien entendu, nous n'avons pas suivi la proposition de la préfecture concernant l'installation des caméras sur les trajets des manifestations.

Pitch : Deux mots sur la campagne : L'usage de twitter se généralise, et vous êtes une pionnière en la matière...Mais n'avez-vous pas l'impression de participer à "la campagne de caniveau" avec certains de vos twitts?

Anne Hidalgo : Non, pas du tout. D'abord, Twitter, c'est amusant, c'est rapide, c'est réactif. Il faut avoir un peu d'humour et j'ai regretté que Valérie Pécresse ait pris de haut l'usage que j'ai fait d'une photo la concernant dans un lieu public, le conseil régional. Je pense que pour nous les politiques, Twitter est un outil qui permet d'abord de communiquer et de mobiliser, de faire savoir quelles sont nos actions et nos propositions en utilisant la puissance et la liberté de la Toile.

Sharklady : Quelle est votre analyse de l'affaire Frêche ?

Anne Hidalgo : Je pense que le bureau national du PS et Martine Aubry ont pris la très bonne décision, à savoir tourner cette page. Les propos de Georges Frêche sont indignes d'un élu de la République. Je soutiens Hélène Mandroux, qui est investie par le PS pour conduire la liste aux régionales. C'est une femme de grande qualité et j'appelle vraiment tous les militants socialistes de la région à se regrouper autour d'elle. Aujourd'hui, l'UMP s'est permis d'intervenir dans ce débat en demandant l'exclusion de tous les militants socialistes qui soutiendraient Georges Frêche. Je rappelle simplement à l'UMP que M. Vaneste est toujours député et membre de son parti. Je rappelle aussi à l'UMP que nous attendons toujours la condamnation des propos tenus à l'encontre d'Ali Soumaré, notre tête de liste socialiste dans le 95.

LCParis11 : Première adjointe au maire de Paris, vous êtes aussi conseillère régionale. Ne faut-il pas mettre fin au cumul des mandats ?

Anne Hidalgo : Je suis tout à fait contre le cumul des mandats, notamment parlementaire et mandat local, ce qu'a voté d'ailleurs le PS dans ses derniers textes. En revanche, le fait qu'on puisse être conseillère régional non membre de l'exécutif et avoir un autre mandat local n'est pas pour moi un problème. Au contraire. Je pense que dans les années qui ont précédé l'élection de 2010, le fait d'être dans l'exécutif parisien et à la région m'a permis de traiter de la question de la métropole et du Grand Paris avec plus de connaissances que si je n'avais pas eu de mandat local.

Wednesday, February 03, 2010

voile

LIGUE DU DROIT INTERNATIONAL DES FEMMES
http://www.ldif.asso.fr

Communiqué
Paris, le 3 février 2010



Le « parti des opprimés » adhère à la soumission de 50% de l’humanité !

La LDIF fait part de son indignation face à la décision du NPA de présenter en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, une candidate voilée. Le double langage de ce parti éclate ainsi au grand jour : d’un côté il se revendique comme le parti des opprimés mais de l’autre il adhère à un symbole, le voile islamique, qui sous toutes les latitudes signifie ségrégation entre les sexes, invisibilité du corps des femmes dans l’espace public, statut de second rang pour les femmes.
Par ce geste, le NPA fait table rase du combat des femmes des pays de culture musulmane qui comme Djemila Benhabib (1) ont osé affronter tête nue les tueurs islamistes. La NPA se solidarise avec les pires dictatures, au premier rang desquelles, la République Islamique d’Iran, qui, rappelons-le, dès février 1979 au lendemain de son arrivée au pouvoir imposa le voile aux femmes, malgré l’opposition farouche dont des milliers d’entre elles firent preuve. 30 ans après la révolte héroïque de la jeunesse iranienne, n’aura donc pas décillé les yeux des militants du NPA !
Dans une lettre ouverte datée du 13 novembre 2009, adressée à la mission Gérin, Djemila Benhabib (1) écrit : « Trop de femmes dans le monde se font encore humilier, battre, violenter, répudier, assassiner, brûler, fouetter et lapider. Au nom de quoi ? De la religion, de l’islam en l’occurrence et de son instrumentalisation. (…) La pire condition féminine dans le globe, c’est celle que vivent les femmes dans les pays musulmans. C’est un fait et nous devons le reconnaître. C’est cela notre première solidarité à l’égard de toutes celles qui défient les pires régimes tyranniques au monde. Qui oserait dire le contraire ? Qui oserait prétendre l’inverse ? Les islamistes et leurs complices ? ».
Le NPA répond donc positivement à cette question, affichant ainsi qu’il gomme d’un trait de plume 50 % des oppimé-es !
Nous demandons au moins au NPA de cesser d’utiliser des mots dont il ignore le sens : féminisme, laïcité, égalité, émancipation. Et sans doute aussi, liberté et fraternité.

Annie Sugier, Présidente de la LDIF (tel : 06 38 39 42 92)
( 1) En pièce jointe, l’intégralité de la lettre de Djemila Benhabib auteure de ma vie à contre coran ( édition VLB).

Sunday, January 03, 2010

Contre la Burqa

Débattre - Yvette Roudy pour la loi contre la burqa

Tout d'abord rappelons que le port de la Burka comme du voile n'est pas inscrite dans le Coran. C'est une invention d'une branche intégriste musulmane qui vise à propager son idéologie (et nous savons que toutes les religions ont vu surgir en leur sein un courant intégriste, à un moment ou un autre).

Ensuite il faut rappeler qu'en France, les Eglises et l'Etat sont séparés. Et rappeler que la loi de la République est au dessus des lois religieuses.

Il s'agit en fait de propagande politique, menée, orchestrée par un courant politique particulier qui utilise la religion, attaque notamment notre laïcité, nos principes et nos valeurs à travers ce qu'il pense être notre point faible : à savoir les droits des femmes dans le but final de fragiliser notre démocratie.

Chez nous les droits des femmes sont récents; donc fragiles, insuffisamment défendus. C'est notre point faible.

La laïcité est inscrite dans notre Constitution. C'est un principe donT nous devons être fiers.
Nos relations avec l'Eglise Catholique sont claires et nos Evêques respectent la loi française. (voir déclaration de Mgr Tauran)
Il s'agit essentiellement du statut de la Femme. D'égalité entre Femme et Homme, principe également inscrit dans notre constitution ;

De très jeunes femmes portant la burka viennent nous expliquer qu'il s'agit de leur liberté, de leur droit.

Il se peut qu'elles soient sincères. Mais nous savons qu'en vertu de relations de dominant à dominé, de conditionnement, un esclave peut finir par aimer ses chaînes. La pratique de la liberté exige un long apprentissage
On nous dit encore : vous allez stigmatiser une communauté.

Serait-elle aussi fragile? Mais nous connaissons de nombreux musulmans en France qui respectent notre Constitution.
En vérité cette affaire devrait être réglée par des musulmans eux mêmes à l'intérieur de leur communauté.
Alors oui, il faut une loi parce que tous les arguments contre plongent leurs racines dans une propagande astucieuse, menée par un petit groupe d'hommes qui ont eu l'idée machiavélique de nous envoyer dans notre République un cheval de Troie avec en prime des victimes consentantes. C'est la partie immergée de l'iceberg.

Si nous cédons à l'intimidation , après le voile, après la burka, on nous demandera des horaires réservés dans les piscines, des programmes scolaires allégés (la biologie est visée, la contraception, les droits des femmes)? on nous demandera des espaces séparés pour les femmes et les hommes dans les bus, le métro, les trains, les restaurants, les cafés, les théâtres, les cinémas afin de protéger les hommes de la vue des femmes - ce qui est parait-il susceptible de provoquer chez eux des pulsions irrépressibles. Ce sera l'Apartheid. Sachant que les femmes qui oseront circuler librement seront exposées à toutes les agressions.

Alors il faut oui, une loi, parce que "entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. (Lacordaire)


Yvette Roudy


A l'Assemblée Nationale devant la commission parlementaire présidée par André Gerin, député du Rhône

17 décembre 2009
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