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mouvement des femmes Iraniennes

mouvement des femmes Iraniennes

Wednesday, December 19, 2012

André Malraux, le 3 juin 1956


Pensée de Malraux en 1956 qui, malheureusement, est d'une actualité brulante aujourd'hui!
Bonne journée
Malraux écrivait en 1956….
C'est le grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l'islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles. A l'origine de la révolution marxiste, on croyait pouvoir endiguer le courant par des solutions partielles. Ni le christianisme, ni les organisations patronales ou ouvrières n'ont trouvé la réponse. De même aujourd'hui, le monde occidental ne semble guère préparé à affronter le problème de l'islam. En théorie, la solution paraît d'ailleurs extrêmement difficile. Peut-être serait-elle possible en pratique si, pour nous borner à l'aspect français de la question, celle-ci était pensée et appliquée par un véritable homme d'Etat. Les données actuelles du problème portent à croire que des formes variées de dictature musulmane vont s'établir successivement à travers le monde arabe. Quand je dis "musulmane", je pense moins aux structures religieuses qu'aux structures temporelles découlant de la doctrine de Mahomet. Dès maintenant, le sultan du Maroc est dépassé et Bourguiba ne conservera le pouvoir qu'en devenant une sorte de dictateur. Peut-être des solutions partielles auraient-elles suffi à endiguer le courant de l'islam, si elles avaient été appliquées à temps… Actuellement, il est trop tard ! Les "misérables" ont d'ailleurs peu à perdre. Ils préféreront conserver leur misère à l'intérieur d'une communauté musulmane. Leur sort sans doute restera inchangé. Nous avons d'eux une conception trop occidentale. Aux bienfaits que nous prétendons pouvoir leur apporter, ils préféreront l'avenir de leur race. L'Afrique noire ne restera pas longtemps insensible à ce processus. Tout ce que nous pouvons faire, c'est prendre conscience de la gravité du phénomène et tenter d'en retarder l'évolution".
André Malraux, le 3 juin 1956

Monday, December 10, 2012

COMMUNIQUE DE PRESSE *




200 organisations de la société civile lancent un débat européen sur l’abolition de la prostitution

[Bruxelles, 04 décembre 2012]   Aujourd’hui, le Lobby européen des femmes (LEF), en partenariat avec la Fondation Scelles et le Mouvement du Nid France, a organisé une conférence au Parlement européen visant à évaluer après 10 ans de mise en œuvre les politiques suédoise et néerlandaise en matière de prostitution. A cette occasion, près de 200 associations de droits des femmes, issues de 25 Etats membres et quatre autres pays, ont dévoilé leur Appel de Bruxelles « Ensemble pour une Europe libérée de la prostitution ».

Auprès d'une dizaine d’eurodéputé Es représentant l'ensemble des groupes politiques au Parlement européen et de plusieurs ministres, les associations ont expliqué en quoi la prostitution constitue : une violence ; un obstacle à l'égalité ; une atteinte à la dignité de la personne ; une violation des droits humains. Elles ont aussi présenté six recommandations adressées aux Etats membres : La suppression des mesures répressives à l'encontre des personnes prostituées ; La condamnation de toutes les formes de proxénétisme ; Le développement d'alternatives réelles et de programmes de sortie de la prostitution ; L'interdiction de tout achat d'un acte sexuel ; La mise en place de politiques de prévention, d'éducation à l'égalité et à la sexualité ; Le développement de politiques de prévention dans les pays d'origine des personnes prostituées.

« Quiconque connaît la réalité de la prostitution pour les centaines de milliers de femmes en Europe qui en sont prisonnières, ne peut pas ne pas soutenir cet appel demandant une action urgente de la part de l’Union européenne et de ses Etats membres », dit Viviane Teitelbaum, Présidente du Lobby européen des femmes.

« Avec l’Appel de Bruxelles, on voit clairement que l’abolition de la prostitution est une valeur partagée dans toute l’Europe. Pour touTEs les signataires de l’Appel de Bruxelles, les politique de l’UE en matière de traite ne pourront atteindre des résultats satisfaisants tant que l’impunité des proxénètes et des clients-prostitueurs ne sera pas levée », déclare Grégoire Théry, Secrétaire Général du Mouvement du Nid France.


Plus d'informations
Pour complément d'information, cette conférence a permis le lancement de l'Appel de Bruxelles "Ensemble pour une Europe libérée de la prostitution" ( en pj) .
Cet évènement a été un vrai succès par son audience, nombreuses ONG de toutes l'Europe présentes, ses débats et ses supports aux niveaux de parlementaires européens et français.
Il s'agit maintenant de relayer cet appel en le faisant signer et en interpellant nos élus politiques pour que" l' Union Européenne et ses Etats membres revoit totalement leur politique de lutte contre la traite des êtres humains qui n'a ni sens ni chance d'aboutir tant que l'impunité des proxénètes et des clients prostitueur demeurera la règle."
Rendez vous sur le site de la CLEF ou du LEF pour retrouver cet appel.
www.clef-femmes.fr  ou
www.womenlobby.org

Monday, November 26, 2012

Egalité et non discrimination


Bonjour,

Vous trouverez ci-joint la synthèse de l'actualité du Service des droits des femmes et de l'égalité de la Direction générale de la cohésion sociale.  

Bien cordialement.

Sommaire de la synthèse :
 
Action institutionnelle
La lutte contre les violences aux femmes, une politique à part entière
Les deux tiers du travail domestique sont effectués par les femmes
Découvrez et faites découvrir le web-documentaire « Viol, les voix du silence »
Annuaire des associations de lutte contre les violences faites aux femmes
Conférence de progrès sur le temps partiel à Caen
Najat Vallaud-Belkacem à Orléans : des solutions concrètes pour l’égalité professionnelle
Lutte contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle
Promotion de l’entrepreneuriat féminin en Haute-Normandie
« 100 femmes 100 métiers » fête ses 10 ans sur l’ensemble du territoire breton !
Le Nord Pas-de-Calais, comme huit autres régions, « vers les territoires de l’excellence »
Egalité et non discrimination
Condamnations des violences contre Caroline Fourest et les militantes de Femen
« Parité aux toilettes » : la guerre des genres sous un autre angle
Egalité dans la vie professionnelle
« Egalité salariale : le gouvernement veut renforcer les contrôles »
Le travail domestique : 60 milliards d’heures en 2010
Force ouvrière s’attaque aux inégalités professionnelles
Les femmes souffrent davantage du chômage que les hommes
L’ONISEP promeut la mixité des métiers au Salon de l’éducation
Pas de femmes évêques pour les Anglicans
Parité et vie politique
Un référendum sur le non-cumul des mandats ?
Nomination d'Adeline Hazan Secrétaire nationale aux Droits des femmes du PS
Egalité dans la vie personnelle et sociale
La dépendance : des vécus différents pour les hommes et femmes
« Pour le droit à l’avortement, pour toutes, partout ! »
Plus de 220 millions de femmes n'ont toujours pas accès à la contraception
Lutte contre les violences
Les Violences faites aux femmes en chiffres
La prostitution est la dernière violence faite aux femmes que la loi ne condamne pas
« Je déclare avoir été violée » : le manifeste des 313
France Télévisions se mobilise contre le viol et les violences
« Sexisme: Le péril jeunes »
Bosnie-Herzégovine: justice pour les victimes de viol pendant la guerre
Spécial 25 novembre 2012
Nord : protocole de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes
Ile-de-France : quelles politiques pour lutter contre les violences faites aux femmes ?
La FNSF et les CIDFF présentent des actions sur l’ensemble du territoire
Paris contre toutes les violences faites aux femmes dans le monde
Agenda
Marché Solidaire de Noël de FDFA
L'Economie Sociale et Solidaire à l’assaut des inégalités entre les femmes et les hommes ? 
 
 
Olivier Roche
Bureau de l'animation et de la veille
Service des droits des femmes et de l'égalité entre les femmes et les hommes
Direction générale de la cohésion sociale
Ministère des Droits des femmes
Adresse postale : SDFE - DGCS - 14 avenue Duquesne - 75350 Paris 07 SP
7/11 place des Cinq Martyrs du Lycée Buffon - 75014 Paris 

Thursday, October 25, 2012

L’éternel féminin en Islam de Syhem Bouzgaru

CONGRÈS INTERNATIONAL DU FÉMINISME

I/ INTRODUCTION

Nul ne peut nier l'influence que l'environnement social, culturel, familial exerce sur la construction de l'identité sexuée de chaque individu. En d'autres termes, dès son jeune âge, l'enfant est profondément inspiré par un environnement familial portant le sceau de la culture dans lequel il baigne largement. Si bien que si nous cherchons à délimiter l'identité nous nous heurterons à maintes difficultés parce que l'environnement socio-culturel et familial agit en interaction avec diverses données difficiles à cerner. D'autant que l'identité se définit, en même temps, par rapport à soi et par rapport à un entourage bien déterminé. Cependant, il convient d'indiquer que nous ne pouvons pas dissocier l’identité sexuée de l’imaginaire du groupe communautaire où évolue l’individu en question, et du patrimoine propre à sa culture. Dans cet ordre d'idées, les questions que nous pouvons nous poser sont les suivantes :

Quelles empreintes profondes s’étant succédé dans notre subconscient ont le plus imprégné et marqué la mémoire collective du groupe social auquel nous appartenons? Quelle personnalité se dessine à travers ces empreintes profondes ayant marqué, tel un palimpseste, l’identité de ce groupe ?



1/ LA CONSTRUCTION SOCIALE DE L’IDENTITE :

a) « L’identité sexuée » :

Si nous nous référons à la société arabo-musulmane  (en sachant que ce terme induit à une hâtive assimilation entre les cultures arabe et musulmane au profit de la seconde/au détriment de la première) , en général, et tunisienne en particulier (quoique la société tunisienne obéisse à d’autres normes, puisqu’elle englobe en son sein diverses autres cultures), nous allons nous rendre compte que les points de jonction existent, cependant certaines divergences subsistent. Même si l’environnement social et l’identification jouent un rôle déterminant dans la construction de l’identité sexuée du sujet qui modèle et forme sa personnalité en l’induisant à se conformer aux rôles sexués de la culture, on ne peut pas nier l’importance de la transmission orale, de toute une symbolique et de tout un imaginaire propres à la société à laquelle il appartient.

b) La transmission orale :

Par les contes transmis oralement « le social récupère le symbolique et se l’intègre afin de mieux intégrer l’individu. Par le jeu des significations, c’est l’inconscient qui est vraiment contrôlé par la société. » Ainsi, un acte, qu’on croyait ludique, divertissant, exerce sur l’individu une action inhibitrice (ou libératrice, dans certains cas), et le conditionne pour qu’il soit conforme aux attentes de la culture et de la société auxquelles il appartient. Il n’est pas rare, en effet, pendant les longues veillées hivernales, de voir les jeunes enfants se réunir autour d’une grand-mère ou d'une grand-tante qui les régalera par la narration de contes appartenant au patrimoine maghrébin, tunisien, arabe, occidental, etc. Alors, les ogres voleurs d’enfants succèderont aux pauvres vieilles femmes qui se transforment à l’occasion en ogresse, ou en princesse, ou en jeunes filles désobéissantes qui sont dévorées par des ogres.

De fait, une action qu’on pensait anodine, semble plus insidieuse, plus sournoise puisque les images et les représentations transmises s’impriment profondément dans la mémoire de ces enfants et conditionnent leurs comportements et attitudes.

Au demeurant, nourri par des clichés et des stéréotypes socialement bien ancrés dans l’inconscient et la mémoire collective, l’homme (en général, et arabe, en particulier) est convaincu de sa supériorité et sa prééminence de mâle triomphant. Les mécanismes de l’éducation et la socialisation ont perpétué les schémas d’une éducation patriarcale fondée sur l’infériorisation de la femme. Cependant, « S’il est vrai que l’existence des rôles relatifs à la dichotomie masculin-féminin est universelle, cette universalité s’arrête là : chaque culture délimite, à sa façon, un répertoire de rôles offerts aux individus », parce que justement « … chaque société a d’une façon ou d’une autre, codifié les rôles respectifs des hommes et des femmes. »

Du reste, la socialisation et la transmission de valeurs, de pratiques se déroulent à travers plusieurs canaux qui attribuent à cet imaginaire et ce symbolisme une certaine sacralité rendant quasi impossible leur négation.

2) L’APPORT DE LA TRADITION MUSULMANE :

La personnalité de base musulmane est essentiellement et toujours fondée sur la Tradition, dont le Coran, les hadiths et le fiq’h constituent les éléments constants  (là, je me dois d’ouvrir une parenthèse pour indiquer que les recueils de  fiq’h, la somme d’une réflexion et d’un effort humains auxquels on a attribué un caractère sacré). Ces sources sont éternelles et sacrées parce qu’elles s’inspirent d’un Texte révélé, leur valeur intrinsèque est de fait indéniable. Du reste, en dépit des conjonctures politiques et historiques qui ont dicté et accompagné ces Textes, les messages qui leur sont inhérents sont quasi perpétuels et atemporels. D’autant qu’on leur a attribué le mérite d’avoir fourni la description exacte des membres éminemment parfaits de la communauté musulmane, si bien que les prescriptions de Dieu sont immuables et qu’elles ne souffrent aucune modification, aussi infime soit-elle. Ce modèle, dont le Texte sacré a dessiné les contours et dont le Prophète incarne la synthèse parfaite, doit servir d’exemple à tout bon musulman, dans quelque lieu qu’il soit et à quelque époque qu’il vive.

Cette quête perpétuelle du Modèle absolu et parfait sera commune à tous les musulmans à quelque époque qu’ils vivent. Cette image mythique et mythifiée marquera de son sceau la mémoire collective, et tout musulman qui se respecte n’aspirera plus qu’à seule chose, se rapprocher le plus possible de ce Modèle, être fidèle aux enseignements du passé, reproduire les qualités exemplaires incarnées par Mohammed. Cependant, le temps et l’histoire n’avaient pas épargné cette image qui a été dénaturée, au fil du temps. Il est communément admis, par exemple, que le Prophète avait un comportement exemplaire avec ses épouses, il les respectait, les consultait et tenait compte de leurs avis. D’ailleurs, il ne cessa pas, avant de quitter cette vallée des larmes, pour paraître devant Son créateur, de prêcher que l’on se conduisît convenablement envers les femmes, qu’on fût charitables et généreux avec elle. Mais cette injonction fut-elle respectée par les Musulmans des siècles ultérieurs ? Tinrent-ils compte de cette exhortation ?

Nous allons, dans la partie suivante, essayer de brosser un tableau de l’image de la femme telle qu’elle est perçue dans les sociétés arabo-musulmanes. Nous mettrons l’accent sur les représentations et les stéréotypes qui ont façonné cette image. Ensuite nous exposerons une lecture possible de la personnalité de l’homme musulman qui nous permettra peut-être de déconstruire les représentations qui consacrent la supériorité du masculin. De fait, « l’analyse de ces rapports sociaux [de sexe] nécessite une interrogation sur la construction sociale de la masculinité et de la virilité et de leur rôle dans la reproduction de la domination masculine et dans les résistances au changement. »

3) L’IMAGE DE LA FEMME ET DE L’HOMME DANS L’IMAGINAIRE ARABE :

a) L’éternel féminin en Islam :

Quoique l’Islam reconnaisse la prééminence du masculin sur le féminin, il n’en admet pas moins l’existence de la femme. Du reste, ce qui sépare les deux partenaires tient à un seul degré ! Même si les lectures exégétiques du Coran et de la Sunna attribuèrent à la deuxième moitié de l’humanité des stéréotypes des plus diversifiés et des plus significatifs, il n’en est pas moins que le Prophète lui-même baignait dans une atmosphère proprement féminine. N’était-ce pas Khadija, noble épouse de Mohammed, qui le rassura, quand il fut bouleversé au moment de la Révélation divine et de l’intervention de l’ange Gabriel ?  

Cependant, l’image qui marqua la mémoire collective et qui s’imprima dans les profondeurs abyssales de l’imaginaire musulman est celle de Zuleikha, l’épouse de Putiphar. Zuleikha est l’incarnation parfaite de la tentatrice, de l’amoureuse submergée par le désir charnel irrépressible. C’est elle que Dieu qualifia de perfide, dans le verset 28 de la Sourate XII « Joseph » : « Voici encore, fit-il, un trait de votre perfidie féminine. Perfidie incommensurable, en vérité. » Accusation portée par Putiphar à l’encontre de son épouse, mais qui scella le destin de toutes les autres femmes. Ainsi une accusation individuelle se pervertit en un destin universel, associant toutes les femmes, elle « s’adresse par-delà Zuleikha à l’ensemble de la gent féminine ». L’opprobre jeté sur une seule femme fut, comme étendu à toutes les autres. D’un événement conjoncturel, contextuel on fit un concept universel. Désormais, la femme fera figure d’une tentatrice qui cherche à entraîner l’homme à commettre l’irréparable.  « C’est [d’ailleurs] un trait essentiel de l’éternel féminin que le Coran (j’ajouterai les trois religions monothéistes révélées) veut mettre en lumière ». Cette femme confrontée au désir pour un jeune homme renommé pour son extrême beauté, « constitue certes l’image prototype de la femme tentatrice, intrigante, fallacieuse, menteuse (…) pleine de rouerie ! Maléfice, artifice et malice ; fausse naïveté et innocence feinte, le Kaïd c’est tout cela à la fois ! » Cependant, cette image dépréciative, mais sacrée, investit le profane et s’altéra à son contact. Nul conte, en effet, quel qu’en fût la teneur, n’en fut dépourvu. Il suffit de rappeler que la folie du roi Shahrayar fut provoquée par l’infidélité de son épouse et celle de sa belle-sœur : deux frères respectivement trompés par leur conjointe, et qui plus est, avec un être considéré comme un subalterne, un sous-homme. Cette infidélité servit de point de départ à la folie meurtrière de Shahrayar. En fait, sans cette perfidie les Mille et une nuits, -« [texte], après le Coran (…) à coup sûr, (…) le plus lu »-n’auraient peut-être pas vu le jour. D’ailleurs, ces contes ne participent-ils pas (entre autres) à la dépréciation de la femme ? Pour ne pas généraliser, nous dirons que la quasi-totalité des contes arabes, maghrébins ou tunisiens racontés par des hommes, présentent une trame mettant en scène une tentatrice qui, par sa rouerie, sa perfidie va contribuer à la chute de l’homme, et qui, malgré les interdits, les précautions prises pour l’isoler et l’emmurer va parvenir à tromper la vigilance de son cerbère ou sa duègne qu’elle va tromper ou tourner en ridicule. Cette trame participa, ainsi, à renforcer l’image dépréciative de la femme. De fait, « la perception traditionnelle de la femme est minée de paradoxes, à commencer par la force des notions du sens commun et de la puissance de l’oralité dans l’éducation… ». Par conséquent, on ne comptait pas le nombre de contes où elle apparaissait sous son plus mauvais jour. Elle n’était pas seulement perfide, elle fut calculatrice, déloyale, hypocrite, sournoise… sans oublier les proverbes qui, soit la montrent comme un être dont il faut se méfier, soit qui mettent l’homme en garde contre sa perfidie.

Ce n’est pas étonnant dans ce cas si les Musulmans se soient acharnés sur elle : ils érigèrent des murs épais pour l’extraire au monde extérieur. Forteresse inexpugnable, en apparence, puisqu’elle parvenait toujours à ses fins. Ainsi, le verset : « Inna kaïda hunna ‘adhîm » trouve-t-il sa pleine justification, puisqu’il « favorise la méfiance vis-à-vis de la gent féminine ». D’autant que même la sunna y contribua, puisque de l’aveu de Mohammed lui-même, elle fut décrite comme un individu qui « manque de raison et de religion ».

Faut-il lui faire confiance, dans ces circonstances, qui sont atténuantes pour une fois, il faut bien l’admettre ! Faut-il blâmer l’homme pour la méfiance dont il fait preuve vis-à-vis de la femme ? Oh que non ! Sa méfiance (son absence de confiance en elle, devrais-je dire) naturelle est confirmée par les deux sources sacrées de l’islam, le Coran, d’un côté, et la sunna de l’autre ! Comment espérer la réhabiliter, dans ce cas-là, puisque tout concourt pour la péjorer et la rabaisser  (déprécier/discréditer) ? D’autant qu’un hadith qu’on attribue au Prophète ne fait que conforter les Musulmans dans leur méfiance vis-à-vis des femmes : « Ne connaîtra jamais la prospérité le peuple qui confie ses affaires à une femme ! »

Que dire de plus ? Sa disgrâce ne fut-elle pas confirmée par le meilleur des hommes ? Le plus clairvoyant parmi les clairvoyants ? Ainsi, portant le sceau du sacré, le discrédit est d’autant moins contestable.



Surtout que le Prophète n’était pas le seul à décrire la femme sous ces traits peu flatteurs, voici ce que « L’Imâm ‘Ali aimait à dire : La femme tout entière est un mal ; et ce qu’il y a de pire en elle c’est qu’il s’agit d’un mal nécessaire ». À quel saint se vouer, dans ces circonstances ? Condamnation irrévocable, semble-t-il !

Dans Le Harem politique, Fatima Mernissi a avoué son incapacité de répondre à un instituteur ayant clamé, haut et fort, cette vérité incontestable. « Qu’aurai[t-elle] pu dire qui puisse contrebalancer la force de cet aphorisme politique aussi implacable que populaire ? »

Ainsi, « cette image inattendue mais combien véridique, de la société tunisienne traditionnelle (personnellement, je dirai surtout arabo-musulmane.) Pour être partielle et partiale […] reflète une infériorité certaine » de la femme qui fut condamnée à se soumettre à la loi du père et à ses ukases (et en filigrane ceux de la mère). De fait, son corps fut frappé d’ostracisme et d’interdits, désormais il portera le sceau des soubresauts de l’histoire. Palimpseste où, tout au long de l’histoire des civilisations, se sont inscrits crises et conflits. Par conséquent, si on se réfère à l’époque antéislamique, on peut constater que le corps de la femme avait une valeur marchande -si elle a la chance d’avoir la vie sauve-, il faisait l’objet de transactions commerciales, servait de monnaie d’échange, en temps de guerre, et d’objet de plaisir, tout le temps. Pour l’islam, il fut le siège de toutes les transgressions, il fallut donc le voiler, le dérober aux regards concupiscents parce que considéré comme ‘Aoura, qu’un étranger ne doit ni voir ni même entrevoir. Par conséquent, « le voile va (…) faire passer la musulmane dans l’anonymat le plus total ». Pour s’assurer de sa fidélité et de sa chasteté, ils érigèrent des remparts épais, pour l’emmurer ainsi, « la maison arabe ne sera [-t-elle] plus qu’un voile de pierre renfermant le voile de coton ou de laine. »



Ainsi s’exprime la loi de l’homme ! Et voilà comment est perçue la femme dans nos contrées et comment est décrite celle à qui est confiée la tâche d’éduquer et d’élever les hommes de demain !

Qu’en est-il toutefois de l’image de l’homme ? Quels traits lui prête-t-on ? De quelles qualités le pare-t-on ?

b) L’image de l’homme en terre d’islam :

Dans la plupart des territoires appartenant à la communauté musulmane, on observe jusqu’à nos jours, à l’orée du troisième millénaire, « une adhésion aveugle (…) à un ordre androcentré ». Dans ces contrées, les droits et la culture sont fondés sur des principes sexistes prônant la séparation nette et radicale des deux sexes. Dans la plupart des pays musulmans, en effet, pour ne pas dire dans tous, les discours masculins, empreints de pensées sexistes, misogynes et antiféministes sont légion. Ils portent le sceau d’une culture patriarcale et androcentrée qui érige le mâle en figure hégémonique de laquelle tout découle, et vers laquelle tout converge. Il n’est point besoin de rappeler dans ce contexte l’importance que l’on accorde à la virilité de ce mâle triomphant. Elle y est, en effet d’essence divine, elle est clamée, proclamée, revendiquée, puisque, inhérente à la nature sublime de l’homme. Ainsi, l’individu de sexe masculin est-il présenté comme une force de la nature, doté d’un appétit sexuel insatiable et d’une force physique inégalable. De plus, « Ce mythe de l’étalon (…) engendre (…) des représentations et des conduites virilistes qui ravalent la femme », la relèguent à un rang inférieur, et légitiment tout comportement discriminatoire à son égard, et partant toute violence. « La virilité qui en est la source, [en effet], peut s’octroyer de temps en temps un mode d’expression […] compatible avec la nature de l’homme ». D’autant plus que cette supériorité est d’essence divine et est confirmée de mille et une façons par la tradition, les représentations et les stéréotypes qui perdurent, se perpétuent et se reproduisent, avec une égale intensité. Ainsi, si Dieu n’a jamais choisi de prophète femme, en outre, si aucun calife, aucun imam, aucun muezzin n’est de sexe féminin n’est-ce pas une attestation incontestable de la prééminence de l’homme et de l’infériorité de la femme ?  De plus, l’homme, le mâle, fait figure d’un étalon à qui rien ne résiste. Un « fhal », comme le désigne Raja Ben Slama. Dans ce sens, le « fhal » est le mâle vigoureux et puissant destiné à la reproduction et l’homme agressif, et combatif qui cherche dans les guerres, les combats, les joutes oratoires ou poétiques, à vaincre tous les autres hommes et à les réduire à sa merci ; pour asseoir sa force et prouver, aussi bien aux autres membres mâles de la tribu, qu’à la femme aimée (ou non, d’ailleurs), sa supériorité physique, intellectuelle et sexuelle (pourquoi pas ?). Ainsi, la virilité se cristallise-t-elle dans deux aspects de la personnalité « mâle » : D’une part, dans la reproduction, qui renvoie au sexuel, d’autre part, dans l’ardeur dont il fait montre pendant les guerres ou même les joutes, qui de leur côté peuvent renvoyer à la violence. Violence de celui qui veut étendre son hégémonie, à ceux et celles qu’il considère comme inférieurs. Violence, envers ceux qui veulent défier son autorité ou remettre en cause sa pseudo supériorité. Violence qui découle d’un système patriarcal consacrant l’hégémonie de l’homme et sa prééminence. Laquelle prééminence est attestée par le Coran où il est dit : « Aux hommes est reconnu un droit de regard sur les femmes ; ce droit est fondé sur les avantages que Dieu a conférés aux hommes, et il fait pendant aux charges qui leur sont imposées », d’autant qu’« … une certaine prééminence demeure acquise aux hommes.»

On peut affirmer sans risque de se tromper que ces versets figurent parmi ceux qui ont marqué la mémoire collective et l’inconscient populaire d’une manière indélébile, (que d’aucuns veulent définitive). En outre, cette prééminence accordée à l’homme par le Tout Puissant est d’autant plus intériorisée qu’elle est consacrée et confirmée par le partage de l’héritage au sein d’une même famille. Voici ce qui est dit, en effet, dans le Coran : « Pour ce qui est de vos enfants, voici ce que Dieu vous prescrit. Le garçon aura la part de deux filles […] ». Comment s’étonner donc, de la place que la culture arabo-musulmane accorde à l’homme puisque celle-ci est consacrée par Dieu ?

Ainsi en est-il du champ sacré, mais si on se penche sur le champ profane quelle image de l’homme y découvrirons-nous ?

Si on se réfère à la littérature arabe classique, y furent exaltées la figure du preux chevalier, dont nul ne pouvait égaler la bravoure, la générosité et la force, et que nul ne pouvait vaincre. La figure de l’amoureux éconduit mais qui, malgré tout, continuait à vouer un amour sans borne pour sa dulcinée, « sa Laylâ ». Ou encore, celle de l’hédoniste qui fit de la recherche du plaisir son crédo et qui le cueillait où qu’il fût. Cependant, dans les contes populaires qui se transmettent oralement, l’image que l’on donnait, généralement de l’homme était peu reluisante. D’ailleurs, puisque « les contes peuvent être traités comme œuvre littéraire spontanée révélatrice de la sensibilité du groupe […] ils témoignent aussi, plus ou moins fidèlement de la société où ils ont pris naissance ». Ainsi, ces contes qui bercèrent notre enfance révèlent l’image de l’homme, entre autres, tel que les conteuses le percevaient. Il fut souvent décrit comme un personnage extrêmement antipathique, respecté, mais craint par son entourage. Ce mari ou ce père que les femmes et les enfants se plaisaient à tourner en ridicule fut présenté comme un père fouettard très sévère qui avait pour fonction essentielle de subvenir et de pourvoir aux besoins de la famille. Un père qui incarnait et symbolisait les valeurs traditionnelles de la société maghrébine patriarcale, où le culte du mâle était de mise, fut présenté, tantôt, comme un « mâle […] jaloux, cupide, envieux, méchant, tyrannique ». Tantôt comme un « menteur, hypocrite, impuissant et en fin de compte foncièrement méchant et capable des pires guets-apens ». Tantôt encore, il fut « inconscient, inconstant, jaloux, sadique… »

De fait, les qualificatifs se suivent et ne se ressemblent pas, mais ils ont ceci de commun, c’est qu’ils présentent l’homme sous son plus mauvais jour. En fait, cette redondance trouve son fondement dans une raison des plus simples. Les contes rapportés par l’auteur étant racontés par des femmes, les conteuses trouvaient un dérivatif à leur oppression, elles se vengeaient de ce que les hommes leur faisaient subir. Ces contes dépréciatifs montrant tous les défauts du représentant du sexe dit fort constituèrent le « sentiment de dégoût et de révolte devant l’androlâtrie excessive de la société ! »

Ces représentations et cet imaginaire consacrent le patriarcat et l’érigent en système exaltant la domination masculine, la primauté de l’homme et sa prééminence dont la violence constitue le fondement essentiel. Dans cet ordre d’idées, étudier la violence à l’égard des femmes revient à comprendre comment l’ordre social établi, avec ses droits, ses privilèges et ses injustices, se perpétue et comment des situations insupportables, parfois même, intolérables peuvent paraître « naturelles » aux auteurs, aux témoins et parfois même aux victimes. », elles-mêmes. Combien, par ailleurs, il est difficile, quasi impossible de déconstruire les stéréotypes appuyant cette vision du monde, et par-delà combien il est difficile d’intégrer la notion de genre pour tenter d’éradiquer la violence, ou du moins l’atténuer, dans une société qui considère la violence comme fondement essentiel de la domination masculine, surtout que cette notion cherche à déconstruire l’assise solide sur laquelle repose la société patriarcale. Cette notion risque de se perdre dans le dédale inextricable de la mentalité phallocrate, et il est fort peu probable qu’elle puisse se frayer un chemin dans l’écheveau tortueux de ses ramifications.

En conclusion, on ne peut que déplorer que pour les besoins de l’analyse, il ne faille parfois schématiser en de grandes lignes les différentes facettes de l’identité sexuée. Nous appuyant seulement sur les données sociologiques, nous n’avons pas pu nous arrêter sur les composantes psychologiques qui les étayent. Par ailleurs, notre étude a porté sur la personnalité arabo-musulmane qui présente des références précises codifiées, mais nous avons dû négliger l’identité tunisienne qui présente un amalgame de cultures et de civilisations et dont la contradiction et l’ambivalence ne sont pas le moindre fait. Thème qui pourrait être l’objet d’une autre communication que nous espérons réaliser prochainement.

Tuesday, October 23, 2012

"Un siècle de travail des femmes en France"



Margaret Maruani, Monique Meron

En librairie le 18 octobre 2012


 



Compter le nombre de femmes au travail dans la France du XXe siècle et conter l’histoire de ces chiffres, telle est l’ambition de ce livre.

 Au prix d’une recherche de grande ampleur, les auteures ont rassemblé – pour la première fois – les statistiques du travail, de l’emploi et du chômage des femmes de 1901 à 2011, ces chiffres basiques que l’on peine à retrouver dans le labyrinthe des publications statistiques.


À rebours des idées reçues, cet ouvrage met en évidence le poids indiscutable de l’activité laborieuse féminine dans le fonctionnement économique, sa remarquable constance, en dépit des crises et des récessions, par-delà les périodes de guerre et d’après-guerre. Jamais moins du tiers – et désormais près de la moitié – de la population active : telle est la part des femmes dans le monde professionnel au XXe siècle en France. Telle est la portée de leur force de travail.
Au fil des recensements de la population, les auteures analysent les fluctuations de la division sexuelle du travail, des métiers d’antan aux professions d’aujourd’hui, et décryptent, d’un début de siècle à l’autre, les illusions d’optique statistique. Un livre original et accessible, qui intéressera, au-delà des spécialistes, toutes celles et ceux qui sont attachés à comprendre comment se construisent les stéréotypes sur la place des femmes dans la société.







Lire un extrait de l'ouvrage  
 



"Un siècle de travail des femmes en France" - Margaret Maruani, Monique Meron - 232 p., 24 euros - en librairie le 18 octobre 2012

Éditions La Découverte

Procès des tournantes


Liberation

Procès des tournantes : Nina n’est pas Christine Angot
17 octobre 2012

TRIBUNE «On» a dit de ce procès qu’il était un fiasco. Comment pouvait-il en être autrement après treize ans?
Par LAURE HEINICH-LUIJER L’une des avocates des deux plaignantes

Nina et Aurélie se sont présentées devant la cour d’assises de Créteil avec un nom et un prénom. Cela a dû les changer. Pendant des années, c’était «pute». Un nom, une identité. «Les deux plus grosses putes de Fontenay», dit aux policiers en 2006 l’un des accusés de viols collectifs commis sur les deux filles. A l’audience, en 2012, l’insulte a à peine changé : «Grosse vache, tu crois que je t’ai violée ?» Sept ans après sa plainte, treize ans après les faits, Nina a 29 ans sur sa carte d’identité. Mais elle est morte à 16 ans. Puis s’est recouverte de 120 kilos pour s’enterrer. Elle est morte violée dans une tour, puis dans un escalier, dans des appartements, des box, des caves et même sur des jeux d’enfants. Elle a été brûlée par une cigarette, frappée, les types faisaient la queue pour se faire sucer. Parfois, il y avait tellement de monde qu’ils disent avoir renoncé. Mais toutes ces fois-là, selon eux, elle aurait «aimé». «On» a dit de ce procès qu’il était un fiasco. Comment pouvait-il en être autrement après treize ans ? Comment peut-il en être autrement tant que les cours d’assises attendent des victimes qu’elles parlent comme des chercheurs, des écrivains ? Personne ne parle comme Christine Angot écrit.
Doit-on attendre des victimes qu’elles exposent de façon linéaire, qu’elles soient construites comme quelqu’un qui n’a pas souffert ? N’est-ce pas le moindre mal d’être fragile quand on a été violée ?
Nina sortait de l’audience à tout bout de champ et cela rendait le débat particulièrement brouillé et tourmenté. C’est une fille trop abîmée pour bien se présenter. Avec la violence des débats, ce que je n’aurais pas compris, c’est qu’elle ne sorte pas. Angot dit avoir voulu décrire la réalité du viol, c’est-à-dire «quelqu’un en train de mourir». Les accusés ne s’y sont pas trompés quand ils ont été auditionnés : ils ne disent pas l’avoir baisée, ils disent l’avoir «butée».
Il faudrait que les cours d’assises conçoivent que les butés ne sont pas cohérents comme les vivants.
La cour n’a pas compris que pendant ces six mois de mise à mort, Nina a été capable de sourire à table. Pour la défense, «quand on est violée, on ne réagit pas comme ça». L’expert psychiatre l’a pourtant expliqué par le clivage, un mécanisme de survie qui permet de sauver les apparences, allant jusqu’à dire que, pour Nina, c’était se cliver ou exploser. Mais les cours d’assises sont-elles armées pour dépasser les apparences ?
Si tous les experts sont venus affirmer que ses symptômes étaient la preuve des agressions, et se sont accordés pour dire qu’elle n’était pas dans la victimisation, il demeure qu’être meurtrie, un peu morte sans être enterrée, a nui à Nina dont la douleur a inondé la cour et l’a dérangée.
La violence des débats à l’audience a empêché toute réflexion. A entendre les réactions médiatiques après le verdict (10 acquittés, 4 condamnés à des peines majoritairement assorties du sursis), brutes et sans aucune complexité, la réflexion a cédé devant l’émotion. Il faut pourtant que l’horreur des faits arrête d’entraver la pensée.
Du côté de Nina, nous disons qu’il faudrait que les cours d’assises soient davantage formées pour comprendre à quel point il est difficile de se remémorer, pour comprendre «comment on est quand on est violée». Du côté de Nina, nous rageons contre le juge d’instruction qui n’a pas fait les actes nécessaires, contre le parquet qui a mis trois ans à audiencer l’affaire (et encore sans le recours à la presse, le dossier dormirait toujours sous une pile et un oreiller), et contre la défaillance de l’accusation d’audience qui a desservi les intérêts de tous, parties civiles comme accusés. Du côté de Nina, alors que la mémoire est nécessairement traumatique et ampute les souvenirs des plaignantes, nous disons que le doute doit profiter à l’accusé. D’ici, personne ne remet en cause le principe de la présomption d’innocence, rempart démocratique indispensable de notre société.
Nina dit d’ailleurs comprendre certains acquittements par manque de preuves. Mais cela, les médias ne le relaient pas.
Les médias préfèrent dire qu’un procès doit être réparateur pour les victimes, alors qu’il ne fait aucun doute qu’elles doivent se reconstruire ailleurs. Ils desservent les victimes en répandant cette idée-là. Mais peu leur importe puisque l’opinion ne fonctionne qu’à grands renforts d’émotions.
D’où vient cet intérêt soudain qui est porté à Nina alors que cela fait des années que l’institution judiciaire s’en est moquée ? Faut-il qu’une fille qui parle avec sa peau vienne hurler pour se sentir impliquée ?
Le débat médiatique devient «pour ou contre Nina», «pour ou contre les tournantes». Et puis le débat s’arrêtera là, laissant la vie d’autres filles sous d’autres piles de dossiers à attendre des années que la justice veuille s’y intéresser.
Il existe un motif de réjouissance malgré tout : les temps ont changé car Nicolas Sarkozy aurait déjà annoncé une loi à voter. Une réjouissance un peu atténuée puisque des politiques ont cru devoir réagir sans se préoccuper de ce qui avait vraiment échoué dans ce dossier.
«On» parle beaucoup du verdict mais il n’est que l’aboutissement de multiples dysfonctionnements.
Le verdict était vicié dès le départ. A quoi pouvait-on s’attendre treize ans après les faits ?
La peine ne sanctionnant pas qu’un crime mais un homme qui a commis un crime à un moment donné, une réponse pénale aussi tardive ne peut pas avoir de sens. Ce sont les manquements judiciaires successifs qui ont mis la cour dans une impasse.
Aucune peine ne peut être cohérente à ce moment-là : ni la condamnation à de la prison ni son absence.
Le parquet a fait appel sous la pression médiatique - les victimes ne s’étant pas déclarées favorables préalablement. Il n’y a pas lieu de se réjouir d’un appel dans de telles conditions.
Le dysfonctionnement de cette affaire, il fallait s’en préoccuper avant.


Thursday, September 20, 2012

pékin



پکن پس از 17 سال!
دوست نازنینی بحث های مربوط به کنفرانس پکن را که در این میلینگ لیست در جریان است برایم فرستاد.
فیلم جمیله ندایی را هم دیدم. ممنون از زحمتی که برای تهیه و تدوین فیلم کشیده بود. من در همان زمان فیلم 72 دقیقه ای از تمام جلسات رژیمی ها و خودمان تهیه کردم که بیش از 3500 ایرانی در اروپا و امریکا و در جلسات مختلف این فیلم را دیدند و به همین دلیل صحنه های این فیلم برایم بسیار آشنا بود.
امیدوارم در آینده نزدیک فرصت دیجیتال کردن این فیلم و گذاشتن آن بر اینترنت را پیدا کنم.
این فیلم بحث را بار دیگر به خانم عباسقلی زاده و نقشش در کنفرانس پکن کشاند. به نظر من اما کنفرانس پکن نقطه تلاقی اینان با تبعیدی ها و تبعیدی ها با زنان فرستاده رژیم است، و اغاز حیات و فعالیت این دو گروه از زنان نیست. به این معنی همه این زنان، از من و فتانه و شعله و شهین و هایده و لیلا و ... گرفته تا خانم عباسقلی زاده و نماینده بسیج دانشجو یی و صفا وردی و ... همه گذشته و حال معینی داشته و داریم.
می خواهم بگویم موضوع را به دو هفته پکن تقلیل ندهیم. ضمن اینکه موضوعی است که به عنوان مثال و نمود تقابل این دو طیف باید به آن پرداخت.
اما آنچه بیش از همه باعث شد این نامه را بنویسم لحن و ادعاهای خانم عباسقلی زاده است که نمی توانم در حد همین مختصر نیز آنرا بی پاسخ بگذارم.
اول اینکه من دو سال پیش زمانی که ایشان در مقاله ای تبعیدی ها را به تمسخر گرفت و از رعایت حقوق شهروندی اش در فرودگاه و توسط دولت ایران حرف زد، مقاله ای علنی در نقد نظراتش نوشتم.
لینک مطلب من تحت عنوان" گیجی نقش": http://www.shabakeh.de/archives/individual/002025.html
در آنجا من نوشتم:" زمانی که خانم عباسقلی زاده به همراه هیئت اعزامی رژیم به چین و به کنفرانس زنان آمده بود تا در سال 1995 یعنی 16 سال پس از روی کار آمدن رژیم جمهوری اسلامی همچنان از سیاست های آنها دفاع کند، همین تبعیدی ها در همان کنفرانس به افشای سیاست های ارتجاعی و ضد زن رژیم مشغول شدند و البته ایشان به همراه 400 زن فرستاده رژیم و مردان همراهشان با تظاهرات و فحاشی به ما سعی در تخطئه فعالیت های ما داشتند. خانم عباسقلی زاده هیچگاه به "توهمات "آن دوره خود نقدی وارد نکرده اند و البته ما هم که همه از آن مطلعیم در این باره سکوت کردیم و حضور ایشان در جنبش زنان را معیار گسست قطعی ایشان از دستگاه دولتی قلمداد کردیم. ولی ایشان با همان سیستم فکری به بی اعتبار کردن تبعیدیان می پردازد و به راستی ایشان در این مورد حداقل به نظر می آید دچار "گیجی نقش" است."
و امروز بعد از دیدن ایمیل ایشان در مورد خودشان و ادعاهایی که کرده اند که:" من و امثال من دور از چشم ماموران اطلاعات و از نصفه شب تا صبح با افرادی مثل نیره توحیدی که این جنبه از تغییر در ایران را حس کرده بود حرف می زدیم و نه با دوستانی از بین شما که با دوربین دنبال ما بودند و حتی فارسی حرف نمی زدند که مبادا ما بفهمیم ایرانی هستند چه برسد به گفتگو و دیالوگ انها همه مارا که از ایران اماده بودیم به یک چشم و در کلیشه مامور جمهوری اسلامی می دیدند.همین کلیشه ای که هنوز در چشم همان دوربین به دستی که فارسی حرف نمی زد  نشکسته و هنوز با همان نگاه به زنانی نظیر من نگاه می کند."
بار این واژه ها" دوستانی از شما که با دوربین دنبال ما!!!!!!" بودند را دریابید.
بله خانم عباسقلی زاده. من هم یکی از همان "دوربین بدستان " بودم که با خرج خودم و مشقت فراوان به آن کنفرانس آمدم و با یک دوربین غرضی بیش از 15 ساعت فیلم خام از جلسات شما تهیه کردم و شب و روز نخوابیدم تا هیچ کجا شما را از دست ندهم. حتی زمانی که شما در دوربین من نگاه می کنید و با بیش از 300 زن و مرد حزب اللهی با خشم و صورتی بر افروخته پشت سر هم فریاد می زنی: الله اکبر"
و کیست که نداند ترجمه این خشم و این شعار در آن موقع یک چیز بود: حساب همه تان را می رسیم" و بله خانم صفاوردی و آقای حقیقت جو و اون برادر" ستار" سازماندهی می کردند.
حال فراموش نکنیم که پکن پس از 16 سال از حیات جمهوری اسلامی بود. یعنی شما 16 سال را در دستگاه دولتی ، در دفاع از حجاب قلم زدید.( هنوز برخی از این مقالاتتان که با نام آنموقعتان منتشر کرده اید به یمن اینترنت قابل دسترسی ست) این لینک یکی از مطالب شما: http://www.hawzah.net/fa/magart.html?MagazineID=130&MagazineNumberID=3638&MagazineArticleID=17015
این مطلب محبوبه خانم آنقدر مجبوب اسلامیست های دولتی بود که ده ها  بار باز انتشار شده است و همچنان در سایت حوزه علمیه قم نیز قابل دسترسی است.
از آن گذشته شما کار ممیزی انجام دادید . شما در موضوع زنان در سوی قدرت بودید.
ایشان جوری حرف میزند که انگار دو طرف بحث دچار پیش داوری هایی نسبت به هم هستند  و تاریخ سرکوبگران و سرکوب شدگان را یکی می کند.
برخی هم با تکرار اینکه "همه اشتباه کرده اند" اشتباه یک اکتیویست را با مثلا نقش آقای سازگارا و یا چمران و خلخالی یکی می کنند. حتی همه اینها یکی نیستند چه رسد به اینکه خانم عباسقلی زاده " خطای" خودش را مثلا همطراز یک "خطای" سیاسی شهین نوایی  بداند!
ایشان در قدرت دولتی و از ابزار پیشبرد آن سیاست بوده و در تئوریزه کردن سیاست سرکوب زنان طی 18 سال اول نقش داشته است. اتفاقا برخورد درست این است که بگوییم" مسئولیت پذیری یعنی اینکه هر کدام از ما ببینیم کجا خطاهایی کرده ایم که باید بابت آن به خود نقد جدی کنیم." چپ و ما زنان همراه آن سالهاست به نقش خود در سازمانهای مختلط و دیدگاه هایمان نقد های جدی وارد کرده ایم. و البته در عمل هم فاصله مان را در بسیاری از موارد با آن سیاست نشان داده ایم. شاید جاهایی هم موفق نبوده ایم ولی صادقانه به این نقد پرداخته ایم و هر روز با آن درگیریم و هنوز که هنوز است مورد سوال واقع می شویم و ما را از پاسخ گریزی نیست.
اما خانم عباسقلی زاده و امثال ایشان فکر می کنند حالا که خود حجاب از سر برداشته اند( که امری است مبارک) باید همه ما که روزها و سالهای بسیاری را زیر سیطره همپالگی های ایشان انواع فشارها را تحمل کرده ایم، باید به جای نقد این گذشته و انتظار نقد صریح از اینان، همه کارهایمان را زمین بگذاریم و مشغول" تشویق دگردیسی ایشان" شویم.
اما اجازه بدهید بیش از این وارد این مقولات نشوم. و در پکن باقی بمانم. لحن ایشان نشان می دهد هنوز هیچ حس تفاهمی به خشم تبعیدی ها در آن کنفرانس ندارد. هنوز نتوانسته به حقانیت مبارزه ما در مقابل فرستاده های رژیم باور کند و خود را نوعی قربانی می داند که ما این" امثال ایشان" را ندیده ایم.
خانم عزیز تقصیر کسی چیست که شما کاملا غیر قابل تفکیک از یکدیگر بودید! بسیاری از شما تا ما را تنها گیر می آوردند می گفتند:" خانم از ما فیلم نگیر. بخدا ما با اینها نیستیم. فقط اومدیم یه هوایی بخوریم"
یا اون دیگری که می گفت:" دیشب در هتل برای شما نماز خواندم و دعا کردم که زودتر برگردید پیش خانواده هایتان" یا اون خانمی که می گفت:" به خدا من خودم تو خانواده ام اعدامی دارم. ولی خب اسلام و حجاب رو که نمیشه از ایرانی گرفت"
یا آن سوی داستان ، مردی که به یکی از دوستان"دوربین به دست" ما گفته بود: میای شب بریم تو هتل ارشادت کنم؟" و یا زنی که می گفت:" شما همه تون یه مشت جنده هستید" و یا دهها مثال دیگر. شما در کدام طیف بودید؟
این برای ما قابل تشخیص نبود چرا که جلسه که برگزار می کردید طبق ماموریتتان همه از وضعیت بهبود یافته زن ایرانی و حقوق آن حرف می زدید و میکروفون از دست هم می گرفتید که جانانه تر دفاع کنید.
می بینید خانم عباسقلی زاده، تا یاد نگیرند از موضع قربانی خود را بیرون بیاورید، عملا یک گفت و گوی برابر ممکن نخواهد بود. ایشان می گوید صفاوردی عامل دستگیری من بود. درست هم می گوید. ولی فراموش می کند که بگوید من بیش از 18 سال در سال های سرکوب با امثال او و زهرا شجاعی و ... همکاری نزدیک داشتم. چرا از روزهای کم ملامت مشارکت در قدرت و امتیازاتش (چه در داخل ایران و چه در خارج) در سال 60 و 61 و 62 و 63 و 64 و 65 و 66 و 67 و 68 و 69 و 70 و 71 و 72 و 73 و 74 نمی گویید. دگردیسی معنا دارد. گذشته ای دارد و پروسه شدنی در کار است.
نکته دیگر اینکه ایشان تلویزیون خود را نیز برای پیشبرد این بحث پیشنهاد می کند!!!  یعنی فکر می کنید ایشان نمی داند که این پیشنهاد با عرف پیشبرد یک دیالوگ برابر در یک مکان خنثی در تناقض است؟
من فکر می کنم اگر واقعا همه تمایل به پیشبرد این بحث دارند و آن را گره گشا می دانند، بهترین امکان پیشبرد ان یک جلسه جضوری و علنی ست که می تواند از طریق اینترنت و .... هم پخش شود. ما قادریم چنین بحثی را علی رغم تمام هیجانات و حس های درون آن  در یک قالب منطقی به پیش ببریم، این تاریخ و واکاوی آن وظیفه ای ست که ما به بهترین وجهی از عهده آن بر خواهیم آمد. و شاید برای بسیاری در بازگفتن از گذشته درس آموزی داشته باشد. من به عنوان کسی که در پکن بوده  و به عنوان فعال چنبش زنان در چنین گفت و گویی شرکت می کنم.
من فکر می کنم ما گره های بسیاری با این دوستان داریم. خوب هم هست که این زخم ها را باز کنیم و به طور اصولی دوباره آنها را ببندیم. این درد برای همه ما ناگزیر است.
قصد هم رسیدن به اتحاد و .... نیست. اینقدر "همه با هم" در حوزه زنان را تبلیغ نکنید. ما گرایشات و افکار و ایده ها و روابط و مناسبات خودمان را داریم و قرار نیست با چنین دیالوگ هایی همه را تغییر دهیم. اما به چنین دیالوگی برای شناخت بیشتر از یکدیگر و جلوگیری از تکرار سیاست های مخرب گذشته نیازمندیم.
شادی امین
20 سپتامبر 2012

Tuesday, September 18, 2012

Bijing

اجتماعی
17 سال پیش، رویارویی زنان ایرانی در کنفرانس پکن
گفتگوی نوشین شاهرخی با شعله ایرانی, ٢٨ شهریور ١٣٩١
فیلم کوتاه "ایران، زنان مدرن، زنان بنیادگرا" جمیله ندایی خاطره‌ی کنفرانس پرماجرا ی زنان را دوباره زنده کرده است. شعله ایرانی سردبیر نشریه «آوای زن» و دبیر بخش خارجی نشریه فمینیستی سوئدی «فمینیسم پرسپکتیو» در سال 1995 در کنفرانس پکن شرکت کرده بود و حال پس از نزدیک به دو دهه در گفتگویی با شهرزادنیوز نگاهی به این تکه از تاریخچه‌ی جنبش زنان ایرانی می‌اندازد.
Sholeh-Irani1
شعله ایرانی
شهرزاد نیوز: در فیلم کوتاه «ایران، زنان مدرن، زنان بنیادگرا» جمیله ندایی پس از هفده سال کنفرانس جهانی زن در پکن را در رویارویی زنان تبعیدی و زنان بنیادگرای محجبه بازتاب می‌دهد. فیلمی که خاطره‌ی این کنفرانس پرماجرا را دوباره زنده کرده است. شعله ایرانی، سردبیر نشریه «آوای زن» و دبیر بخش خارجی نشریه فمینیستی سوئدی «فمینیسم پرسپکتیو»، در سال 1995 در کنفرانس پکن شرکت کرده بود و حال پس از نزدیک به دو دهه در گفتگویی با شهرزادنیوز نگاهی به این تکه از تاریخچه‌ی جنبش زنان ایرانی می‌اندازد.
جهان پیش از اینترنتشعله ایرانی بر این نظر است که فیلم "ایران، زنان مدرن، زنان بنیادگرا" بازتاب بخشی از رویدادهای کنفرانس می‌باشد و از بخشی از سمینارهای گوناگون و اکسیون‌هایی می‌گوید که در آن ده روز جریان داشت.
شعله: دنیای آن زمان دنیای دیگری بود؛ با اینکه تنها هفده سال از آن زمان گذشته، دنیای قبل از اینترنت. وقتی ما زنان فعال ایرانی که در کشورهای مختلف پناهنده بودیم، از کنفرانس پکن اطلاع پیدا کردیم، تلاش کردیم تا با تمام مشکلات مالی که آن زمان داشتیم در این کنفرانس شرکت کنیم. ما زنان پناهنده و فعال سیاسی و حقوق زنان هر روز آنجا سمینار، تظاهرات و نمایش‌های خیابانی داشتیم و بسیار مجهز رفته بودیم و غیر از سمینارهایی که خودمان گذاشته‌ بودیم، در سمینارهای زنانی که از ایران آمده بودند و دیگر زنان فعال جهان شرکت می‌کردیم. من خودم از قبل نشریه‌ای به زبان انگلیسی در باره‌ی قوانین ایران و فعالیت‌های زنان در ایران چاپ کرده بودم که با خودمان بردیم. همچنین اعلامیه‌هایی که از قبل در مورد قوانین ضد زن در جمهوری اسلامی نوشته بودیم، همه را چاپ کردیم و با خودمان بردیم. تعداد نزدیک به هزار تی‌شرت هم با طرح زنی سنگسار شده تهیه کرده و با خودمان برده بودیم، خودمان آنرا می‌پوشیدیم و به زنان کنفرانس هم می‌دادیم. روزهای آخر بسیاری از زنان از کشورهای دیگر آن تی‌شرت ها را پوشیده بودند.
سازمان‌های زنان جمهوری اسلامیتعداد زنان تبعیدی را در کنفرانس پکن شعله حدود چهل نفر برآورد می‌کند و می‌گوید زنانی که از سوی جمهوری اسلامی برای شرکت در این کنفرانس بسیج شده بودند، چندین برابر آنان بودند. تعدادی از زنان ایرانی نیز از سوی سازمان‌های ان جی اویی که از کشورهای میزبانی که در آن زندگی می‌کردند آمده بودند، ولی در اکسیون‌های زنان تبعیدی شرکت فعالانه داشتند. از شعله در رابطه با چند و چون زنان شرکت‌کننده از ایران جویا می‌شوم.
شعله: ما داریم از سال‌هایی صحبت می‌کنیم که اصلا استقلال سازمان‌های زنان چندان معنی نداشت. یعنی سازمان‌های زنانی که در ایران وجود داشت سازمان‌هایی بودند عمدتا مورد تأئید نظام؛ در غیر این صورت نمی‌توانستند وجود داشته باشند. تازه داشت حرف زدن از مسائل و مشکلات زنان شروع می‌شد و سازماندهی‌های مستقل به شکل نیمه علنی در مجامع زنان رشد می‌کرد. کسانی که به کنفرانس پکن فرستاده می‌شدند مورد تأئید نظام بودند و همه‌ی زنانی که از بخش غیردولتی از طرف جمهوری اسلامی شرکت کردند محجبه بودند و یا چادر سیاه داشتند. تعدادی هم مرد همراهشان بودند که اکثرا مأمور فیلم‌برداری بودند و اغلب برای ما مزاحمت ایجاد می‌کردند. خوشبختانه اکیپ زنان ایرانی تبعیدی و فعالین جنبش زنان در کنفرانس از حمایت خواهرانه‌ی زنان کشورهای دیگر برخوردار بودند. آنان به محض اینکه می‌دیدند که ما احساس خطر می‌کنیم به کمک‌مان می‌آمدند و در تمام اکسیون‌ها و برنامه‌ها و سمینارهایمان شرکت می‌کردند. ما آن زمان حمایت اکثریت زنان اکتیویست دنیا را داشتیم هم چنانکه هنوز هم داریم.
موافقان و مخالفان تصویب حقوق برابر
شعله تأکید می‌کند که کنفرانس پکن کنفرانس سازمان ملل بود و یکی از مهمترین کنفرانس‌های مربوط به مسائل زنان که قرار بود قوانین جدیدی را در مورد حقوق برابر زنان در دنیا تصویب کنند و این را به تصویب دولت‌ها هم برسانند.
شعله: ائتلاف خیلی بزرگی از سوی واتیکان و بسیاری از کشورهای اسلامی، از جمله جمهوری اسلامی، تشکیل شده بود که می‌خواستند مانع از تصویب برخی از مفاد قطعنامه‌ی سازمان ملل، نظیر حق سقط جنین و اصل برابری حقوقی زن و مرد شوند. و در جاهایی که می‌توانستند عذر و بهانه‌های ممنوعیت و محدودیت‌های مذهبی علیه برابرسازی حقوق زنان با مردان در دنیا بیاورند. اهمیت دیگر آن کنفرانس این بود که پس از سال‌ها چندین هزار زنان فعال و نمایندگان سازمان‌های زنان را از سراسر جهان یک‌جا جمع کرد. آن زمان ارتباطات مثل حالا راحت نبود و خیلی مهم بود که چندین هزار زن یک‌جا جمع شوند و با هم تبادل نظر و گفتگو کنند. برای جمهوری اسلامی هم این یک فوروم بود که به او اجازه می‌داد تا به یک مجامع جهانی بیاید و در مقابل سازمان‌ها و فعالین جنبش زنان از سراسر جهان از سیاست‌های خود مربوط به زنان دفاع کند و این نقشی بود که سازمان‌های زنان که از سوی جمهوری اسلامی گسیل شده بودند بر عهده داشتند. در کنفرانس می‌گفتند که زنان در ایران هیچ مشکلی ندارند؛ خیلی راحتند؛ و این پوشش، شکل زندگی و قوانین تبعیض آمیز را زنان خودشان در ایران انتخاب کرده و می‌خواهند.
شعله نتیجه را برای زنان جمهوری اسلامی «بسیار بد» ارزیابی می‌کند.
شعله: با اینکه تعداد ما کم بود، ولی از صبح کله سحر تا نیمه‌شب با برنامه‌ریزی و تقسیم کار میان خودمان، هیچ سمیناری از زنان جمهوری اسلامی را از دست نمی‌دادیم و همه‌جا با رعایت شیوه‌‌های دمکراتیک حضور پیدا می‌کردیم. به سخنرانی‌شان گوش می‌دادیم، بعد دست بلند می‌کردیم و حرف‌هایمان را می‌زدیم و بارها از سوی زنان شرکت‌کننده از دیگر کشورها تشویق و حمایت شدیم. حضور ما برجسته بود.
شیوه‌ پاسخ
در فیلم زنان تبعیدی را می‌بینیم که با پرسش‌هایشان از زنان چادرمشکی دررابطه با ارث برابر، چند همسری، شهادت زن و یا حق سفر زن بدون اجازه‌ی شوهر می‌پرسند و زنان محجبه دست‌پاچه نمی‌دانند چه پاسخی بدهند.
شعله: در این فیلم تنها یکی دو نفر از زنان محجبه اند که بر موضوعی که باید دفاع کنند مسلط هستند. در اکثر نشست‌ها چنین بود. فکر می‌کنم برای بسیاری از زنانی که از ایران آمده بودند اولین بار بود که با زنان تبعیدی و معترض روبرو می‌شدند و در برابر چنین سئوالاتی قرار می‌گرفتند. آن دوران در ایران جو خفقان خیلی شدید بود و این مباحث هنوز فرصت ابراز علنی نیافته بود. امروز ما در رسانه‌‌های اینترنتی مباحث مربوط به آزادی و برابری زنان را طرح می‌کنیم که در خارج و در ایران خوانده می‌شوند. آن زمان این امکان نبود. زنانی که از ایران آمده بودند حزب‌الهی بودند و در محیط‌های بسته‌ای رشد کرده و با مخالفین خود چهره به چهره روبرو نشده بودند. این پرسش‌ها برایشان غریب بود و نمی‌دانستند چه پاسخی بدهند. از سوی دیگر برای خیلی از پرسش‌ها جوابی نداشتند؛ بنابراین در اکثر موارد طفره می‌رفتند. و هرچه حرف می‌زندند بیشتر رسوا می‌شدند و همان حرف‌های خودشان کافی بود که مردم بفهمند اینها که هستند.
شعله اشاره می‌کند که جدا از سمینارها چندان دیالوگی میان تبعیدیان و زنان جمهوری اسلامی صورت نمی‌گرفت و گاه حتی دور از چشم دیگران به درگیری می‌انجامید.
شعله: تا وقتی شاهد داشتیم و زنان فعال کشورهای دیگر دور و برمان بودند زنان جمهوری اسلامی حفظ ظاهر می‌کردند، ولی به محض اینکه شاهدی نبود رفتارشان خصمانه می‌شد. یعنی عصبی می‌شدند و حتی به ما حمله می‌کردند.
دست‌آوردهای کنفرانس پکن
شعله یکی از پروژه‌های مهم جنبش زنان ایرانی را کنفرانس پکن می‌داند و برای روشن ساختن این اهمیت به چند نکته اشاره می‌کند.
شعله: یکی اینکه ما توانستیم در میان چندین هزار زن از سراسر جهان حرف‌هایمان را بزنیم؛ تبلیغ و افشاگری کنیم و تماس برقرار کنیم. دوم اینکه ما زنان تبعیدی از کشورهای مختلف که از وجود هم خبر نداشتیم، یکدیگر را ملاقات کردیم و بسیاری از ما اولین بار در پکن با هم آشنا شدیم. سوم اینکه زنانی که از سوی جمهوری اسلامی آمده بودند ـ کسانی که در میان آنان بُر خورده بودند و شاید کمی صادق بودند و فکر می‌کردند دارند واقعا کاری برای مسائل زنان می‌کنند ـ با دیدن ما متوجه شدند که تصویری که از ما داشتند که به زعم جمهوری اسلامی مخوف و تروریست بود، دروغ است. دیدند که ما هم زنانی هستیم مثل همه‌ی زنان، فقط تجربیات، منافع و عقایدمان با آنان متفاوت هست. دیدند و شنیدند که کسانی در میان ما اعضای خانواده‌شان در جمهوری اسلامی اعدام شده بودند و یا خودشان زندانی سیاسی سابق بودند و روایت رنج‌های ما را از نزدیک شنیدند. یک روز داشتم در کریدور با عجله می‌دویدم که خانم محجبه‌ای مرا یک لحظه نگه داشت و همانطور که دور و برش را نگاه می‌کرد که کسی او را نبیند گفت که «من می‌خوام یک چیزی بگم. همه‌ی ما که با این دار و دسته جمهوری اسلامی اومدیم، یک جور فکر نمی‌کنیم و بعضی از ما هم مخالفیم و انتقاد داریم. این را از قول من به دوستانت بگو.» این فرد محبوبه عباس‌قلی‌زاده بود که من بعد‌ها که عکسش را دیدم متوجه شدم که آن زن محبوبه بوده است. البته اگر حافظه‌ی تصویری‌ام اشتباه نکرده باشد. آن دیدار روی کسانی مانند محبوبه تأثیر گذاشت و تلنگری زد.
اپوزیسیون فعال در رسانه‌ها
شعله به نقطه‌ اوجی در کنفرانس پکن اشاره می‌کند. با پایان‌یافتن سمینارهای ان جی اوها، کنفرانس بخش دولتی در محوطه‌ای محافظت‌شده در خود پکن شروع می‌شود.
شعله: ما حدود ده نفر بودیم که داوطلب شدیم خودمان را به محوطه‌ی دولتی برسانیم و هنوز باور نمی‌کنم چگونه موفق شدیم که از صف کنترل پلیس چین رد شویم. ولی موفق شدیم! درست در ساعتی که هیأت دولت جمهوری اسلامی از اتوبوس خود پیاده شدند تا وارد سالن شوند، ما شروع کردیم به شعار دادن، فریاد زدن و پخش اعلامیه. در عرض سه چهار دقیقه تمام رسانه های بین‌المللی که در کنفرانس حضور داشتند بیرون آمدند و با ما مصاحبه کردند. سی‌ان‌ان و بی‌بی‌سی هم نشان دادند. بعد پلیس و ارتش چین دو سه تا اتوبوس آوردند و ما را محاصره کردند تا دیده نشویم. فکر می‌کردیم که ما را می‌گیرند و دولت چین ما را تحویل جمهوری اسلامی می‌دهد! از یک سو پلیس ما را می‌کشید و از سوی دیگر خبرنگاران رسانه‌های مختلف که از ما دفاع می‌کردند. بالاخره به کمک ژورنالیست‌ها و دوربین‌هایی که چینی‌ها نمی‌خواستند چنین صحنه‌هایی را مخابره کنند توانستیم از مهلکه فرار کنیم. بازتاب این ماجرا در رسانه‌های مختلف غنیمت بزرگی بود که صدای ما را به دنیا برساند و نشان دهد که اپوزیسیونی در مقابل جمهوری اسلامی وجود دارد که تا پکن هم دنبال آنان می‌رود! حضور ما در کنفرانس پکن شاید برای اولین بار در آن سال ها به سازمان های زنان و مردم دنیا تصویر دیگری از زن ایرانی را نشان داد که با تصویری که جهان از زن ایرانی داشت که توسط جمهوری اسلامی ارائه می‌شد متفاوت بود.
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