Réflexion sur l'air
du temps
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Depuis quelques années revient dans
les gazettes, les partis de droite, quelques mouvements qui se disent laïques,
une recherche dangereuse et particulièrement rétrograde qui consiste à proposer
en fait une remise en cause de la loi de séparation de 1905. La raison
principale de l’aggiornamento, nous dit-on, serait la place importante
qu’occuperait l’ « islam », depuis quelques décennies, dans
notre société
"construire un islam de France
dans une république laïque", tel était le thème du colloque organisé
par l'UMP en avril 2011. Dans le droit fil sans doute de l'affirmation de M.
Sarkozy selon qui "la religion doit être au coeur de la
République"(La république, les religions , l'espérance)?
Depuis les attentats de janvier, cette
tendance s'est exaspérée au point que le PS vient d'emboîter le pas dans un
communiqué du 26 février 2015 qu'il conclut ainsi :"il (le PS)
milite pour une laïcité d'inclusion (première énormité : y aurait-il une
"laïcité" d'exclusion??) à même de consolider l'expression d'un
islam fidèle aux valeurs de la République"
Il faut donc
supposer que ces deux partis sollicitent l’intervention de l’État pour s’acquitter
de cette « mission » de mettre
une religion en conformité avec les lois de la République. Si tel est
bien le cas, est alors évidente la contradiction avec le principe de séparation, c’est à dire
d’indépendance réciproque, inscrit dans la loi de 1905….Et encore une fois, au
nom d’une laïcité galvaudée, détournée de son sens.
« Avez-vous une autre
réponse ? » J’ai entendu cette objection.
Essayons d’y voir un peu
clair.
I) La fausse route
Revisitons notre histoire ; si
elle ne se répète pas, elle est toujours instructive. Notre pays a été, une
fois, confronté à une situation comparable à celle où les partis de
gouvernement voudraient l’entraîner aujourd’hui. C’était en 1790. Il
s'agissait, comme le souligne Jaurès (histoire de la révolution française, tome
I-2) de "régler les rapports de la
société nouvelle créée par la Révolution et de l'Église". La solution
adoptée par la Constituante fut la Constitution Civile du clergé. En
compensation de l'expropriation des biens d'Église, la Constituante s'engageait
à pourvoir au service des cultes et l'entretien de ses ministres; ceux-ci
seraient élus par la population de la commune et devaient prêter serment de
fidélité à la Nation et à la loi. Pourquoi les Constituants n’ont pas, dans leur élan,
rompu avec l’,Église ? Des historiens ont posé cette question pour
constater que l’Église catholique était si imbriquée dans le fonctionnement de
la Royauté, qu’il était difficile
d’envisager une autre solution que celle du contrôle du clergé par la
Constitution civile
. La plupart des commentateurs ont
cependant vu dans cette organisation un
premier pas vers la séparation de l'État et de l'Église catholique. L'étape
suivante fut en effet le décret Cambon (18/09/1794) supprimant le budget de l'Église
assermentée. Puis fut adoptée la Constitution de l'an III dont l'article 354
actait cette séparation. On en retrouvera l'essentiel dans les article 1 et 2
de la loi de 1905 qui ont abouti à ce que,
depuis un siècle, la
séparation existe légalement.
Qu'on le veuille ou non, c'est une
démarche à contresens qui est proposée aujourd'hui puisqu'elle vise si l'on n'y
prend garde, à revenir à une relation antérieure à la loi de 1905...Avec les
instances islamiques, nous dit-on; mais évidemment aussi les autres…que rien,
dans un État de droit, ne permet d’écarter
Présentement, mise à part la solution radicale de rejeter
hors de nos frontières des adeptes de l’islam, comme le proclame le FN, UMP et
PS prétendent rendre l’islam « compatible avec la République », les
premiers en stigmatisant, en contraignant ses adeptes, les seconds en leur
proposant, à l’inverse, des facilités comme le développement des mosquées et de
l’enseignement privé musulman. « Islamophobie » contre
« islamophilie », pour reprendre les oppositions caricaturales
qu’encourage le vocabulaire ?
Et rien ne garantit que le résultat
escompté serait acquis ! Prétendre obtenir la soumission d'une religion
aux valeurs de la République est bien aléatoire.
Les uns et les autres font fausse route.
Par ailleurs, une telle prétention est
à strictement parler est une absurdité
La proposition de « construire l’islam
dans la République » ou « un islam fidèle aux valeurs de la République ».repose
sur un non-sens L'islam, comme toute
religion relève du domaine privé. Comment devrait-il et pourrait-il être fidèle
à des principes établis pour une collectivité dans sa diversité? Ce sont les
citoyens, quelles que soit leurs affinités spirituelles, qui doivent être
fidèles aux valeurs de la république.
On
observera en outre qu’il est assez paradoxal de réduire une
difficulté, certes grave, que rencontre notre société à la relation entre une
religion et l’ État quand tout sondage confirme que plus de 60% des citoyens sont non pratiquants, y compris ceux
de religion musulmane.
D’autre part, quelle est la part effective de responsabilité de la
religion musulmane dans les attentats
perpétrés à Paris ? Aucun des 3 terroristes ne fréquentait régulièrement
les mosquées.
Par contre le terrain de la
stigmatisation de l’islam est propice à son exploitation à des fins qui n’ont
plus rien de religieux. C’est un terreau favorable à l’endoctrinement. Certes
des imams sont probablement propagandistes de la « guerre
sainte » ; ils sont loin d’être les seuls ; l’endoctrinement se
fait ailleurs aussi
Plus les réactions se concentrent sur
la question religieuse plus elles aident les recruteurs à d’autres fins. C’est
un alibi pour enrôler des individus dans une croisade "contre les mécréants",
dans une guerre qui en masque une autre.
La véritable question n’est donc pas
de « rendre compatible » l’islam avec la République
La question qui se pose est de deux
ordres
1) comment notre pays peut faire face à une
déclaration et des actes de guerre terroriste organisés depuis
l’étranger ? .
2) pourquoi et comment des jeunes
citoyens français sont influencés par la propagande de cet ennemi de
l’extérieur ? Et comment y faire face en conformité avec le « socle
de la laïcité » qu’est la loi de séparation des églises et de l’Etat.
Je n’ai aucune compétence pour traiter
de la première question qui relève de la sécurité intérieure et extérieure. Par
ailleurs, on sait les graves insuffisances et inégalités sociales, économiques,
spatiales, que résume férocement et
pertinemment -hélas- le titre de l’analyse de toutes les inégalités par M.H.
Bacqué et M. Mechmache «Si les hommes
sont libres et égaux en droit, c’est à quelle heure ? »
Je ne reviens pas ici sur la première
des inégalités, voire des ségrégations, auxquelles se heurte l’enfance dans
l’organisation scolaire. J’en ai souvent dit les causes et de possibles
solutions
Il est évident que ces situations
répétées d’inégalité, d’injustice, sont un terreau fertile pour les marchands
d’illusion et les recruteurs de basses besognes criminelles.
Je m’en tiens à la question posée dès
le début de cette réflexion par le constat des déviances dont on ferait soit
une nécessité (on ne peut pas faire autrement) soit pire, des solutions pérennes
(il faut évoluer)
Tout simplement, faut-il modifier la
loi de 1905, ce socle de la laïcité admis comme tel par les juridictions, y
compris européennes, pour l’adapter aux évolutions de la société
française ?Les partisans de cette révision sont ceux qui, par réduction,
qualifient de « laïcité à la française » le principe de la séparation
des églises et de l’État
Ou faut-il chercher à rendre
compatibles les évolutions de la société (et non les religions) avec ce
socle ?C’est, à mon sens, la démarche authentique du citoyen laïque.
II) la
réalité : une attaque en règle contre la loi de 1905
Les deux composantes historiques du
parti clérical , partis de droite et Église catholique, usent d’un procédé très
classique : une réécriture de l’histoire où elles inversent les attitudes,
les rôles et par conséquent les responsabilités.
1-
Le « constat » que dresse l’UMP dans son document d’avril 2011
« laïcité, pour mieux vivre ensemble » ne manque pas d’impudence..
« Nous ne sommes plus, dit-il, au temps où …laïcisme et cléricalisme
s’affrontaient…la laïcité de combat n’est plus d’actualité. »Et cet autre argument tout aussi
inattendu : « si la loi de 1905
a permis d’organiser les rapports entre la République et les cultes catholique,
protestants ou juif, elle ne concerne aucun autre culte et en particulier pas
le culte musulman » D’où cette déduction : »le développement de l’islam…rend nécessaires certaine
clarifications »
C’est bien l’alliance entre parti
conservateur et Église catholique qui a mené combat contre la République, avant
et après le vote de la loi de 1905, et non l’inverse. C’est bien cette loi qui
se voulait conciliatrice ; c’est bien le cléricalisme de combat qui ne devrait plus être d’actualité, grâce à la
laïcité instaurée en 1905. Quant à cette interprétation selon laquelle la
religion musulmane ne serait pas concernée,
elle est puérile : d’une part, le titre de la loi est explicite
« lois de séparation des églises et
de l’État » ; d’autre part, cette loi, comme toute loi tend
évidemment à régler des situations existantes, et, tout aussi évidemment,
s’applique à toute situation future. Le texte des articles 1 et 2 de la loi
concerne bien toute religion présente ou future.
2-
Un récent article de Henri Tincq laisse pantois. M. Tincq n’est pas
n’importe qui ; son expression engage sans doute la pensée de l’Église
catholique. Pendant que philosophes, partis, journalistes se querellent sur
« la laïcité dans tous ses états » (Télérama), les « sept
laïcités françaises » de l’inénarrable M. Baubérot et « comment caser
l’islam dans la République » pour le PS, l’église catholique poursuit son
activité de termite. H. Tincq n’y va pas de main morte ; en résumé, pour
lui, la loi de 1905 n’existe pas. Le titre de son article
l’annonce : « la laïcité à
la française ne doit plus être une neutralité religieuse ».
Je retiens seulement
ici ce postulat pharisien sur quoi repose la démonstration : »la laïcité se définissait autrefois comme le
rejet de la religion catholique. Elle devrait se définir aujourd’hui par
l’accueil de la diversité ». Il faut un certain aplomb pour inverser à
ce point l’histoire. La laïcité se définissait bien, en 1905 comme l’accueil de
la diversité. Non seulement elle ne rejetait pas plus la religion catholique
que les autres, elle assurait cette diversité par la liberté de conscience à
quoi elle ajoutait la garantie du libre exercice des cultes. Et c’est bien l’Église catholique
qui, par l’encyclique Vehementer nos d’une rare violence de Pie X, en1906, a rejeté cette « loi
infâme », c’est à dire la proposition de paix qu’instituait l’indépendance
réciproque des églises et de l’État. Ne faut-il pas comprendre que l’église
catholique et ses alliés politiques, qui n’ont jamais accepté la loi de
séparation, sentent le moment propice pour la dépecer ?.
Il serait urgent que les partis, dont
le PS, qui historiquement ont porté cette laïcité universelle, les
intellectuels, les mouvements laïques, cessent de polémiquer sur l’accessoire
et affirment fermement leur engagement à sauvegarder les principes.
III) il y a des solutions aux évolutions de
la société dans le cadre de la loi de séparation ;
Parlons clair c‘est cette phrase clef
de l’article 2 de la loi de 1905 qui est visée derrière l’enfumage des mots et
des intentions :
« La République ne reconnaît,
ne salarie, ne subventionne aucun culte. »
Je souligne ceux des verbes qui font
débat.
La main sur le cœur,
tout parti garantit qu’il n’y touchera pas mais reste très imprécis sur ce qui
devrait, selon lui, être « adapté »
. On peux raisonnablement penser qu’il
ne vient plus à personne l’idée de demander le rétablissement du salariat des
clercs…Encore qu’il perdure en Alsace-Moselle et que certains alchimistes
politiques verraient bien l’extension du statut particulier à l’ensemble des
départements français…Puisque j’évoque cet aspect, question subsidiaire :
comment la nouvelle région Champagne-Lorraine-Alsace va-t-elle gérer deux
situations statutaires différentes, eu égard au principe de séparation et en
matière scolaire par exemple ?
a)
de la « reconnaissance » au dialogue
La commission Machelon a délibérément semé la
confusion en avançant, pour la compréhension du verbe reconnaître, les deux
sens que notre langue lui attribue. On « reconnaît », on connaît à
nouveau, une personne dans la foule, quelqu’un qu’on avait quelque peu
oublié…On « reconnaît » une dette, un enfant ; on accepte alors
un statut juridique qui vous lie à l’objet ou la personne. Pour le législateur
de 1905 les débats parlementaires et les travaux de la commission Buisson
l’attestent il est évident qu’il
entendait bien que l’État n’aurait plus de relation de droit avec les églises.
Plus de concordat ; plus de contrats
Pourquoi alors, aujourd’hui, cette
tentative de confusion ? Probablement pour étayer la critique souvent
ressassée d’absence de dialogue qu’aurait entraînée la loi de 1905..et pour
favoriser « une conception de la
laïcité qui écoute les églises et les religions, fait passer leurs messages
comme n’importe quel groupe de la société civile » (Henri Tincq)
On est toujours à fronts
renversés : qui a rompu tout dialogue depuis 1906 jusqu’à l’après-guerre,
sinon le Vatican ? Encore en 1924,Pie XI confirmait : « Que personne ne se permette de détourner
notre déclaration présente, comme si nous voulions abolir les condamnations
portées par notre prédécesseur ou nous réconcilier avec les lois qu’on dit
« laïques »Ce que Pie X a condamné, nous le condamnons »
« Une
conception de la laïcité qui écoute les églises » ? A ma connaissance,
depuis 1945, l’Eglise catholique a été reçue par les pouvoirs publics comme
d’autres mouvements quand elle le sollicitait. L’État (la gauche laïque en
1983) a considéré que le comité national
d’éthique devait comporter dans sa composition des mouvements religieux et
philosophiques. Un Premier Ministre de gauche a même « poussé » la
civilité jusqu’à recevoir chaque année les représentants des églises.
Alors de quoi se plaint donc M.
Tincq ? Les églises peuvent discuter avec le ministre chargé des cultes sur
ce qui touche à l’exercice de la liberté de cultes ; elles peuvent exposer
leur doctrine vis-à-vis de toute question de société tant auprès de l’exécutif
que des corps législatifs. Il n’y a là rien de contraire au principe de
séparation L’état connaît les églises
comme il connaît tout mouvement représentatif d’une partie de la population
Mais
l’Église catholique est plus gourmande. Rappelons-nous la requête de la commission
épiscopale européenne (COMECE), en juin 2002, auprès du Président de la
Commission de l’Union Européenne, M. Prodi ; elle demandait non seulement
d’être entendue sur tout projet la concernant, mais une « procédure de
consultation préalable » à tout projet législatif, entrant ainsi dans
l’élaboration des lois. Cette conception fut acceptée par la Commission
européenne et figure dans la constitution européenne, quoique sous une forme
ambiguë. Ce serait en France une manière de retrouver un statut juridique que
la loi de 1905 avait fait perdre à l’Église catholique
On voit ainsi où se situe la ligne
jaune.Que l’État accepte un tel contenu et il « reconnaît » les
cultes.
Quand le ministre de l’Intérieur
Bernard Cazeneuve déclare dans une interview au Monde (26/02/2015) que sa
volonté, c’est « qu’autour du CFCM,
nous puissions mettre en place une instance de dialogue à l’instar de ce
qui existe pour les catholiques » et qu’il précise « l’État n’a pas vocation à organiser le culte
musulman ! il doit fixer des objectifs et des principes » et
encore «c’est à chacun des français
musulmans de se positionner », il situe son action dans le cadre
de la loi de séparation
Quand le PS, dans son pré-rapport du
25 janvier, écrit « il s’agit d’organiser
maintenant la place de l’islam dans la République en réformant le conseil du
culte français, en procédant au recensement des besoins aux (sic) lieux de
culte, et en examinant les moyens de répondre aux manques »,il franchit
la ligne jaune en se fixant des objectifs qui relèvent de la responsabilité du
culte musulman et de lui seul.
2
le subventionnement
C’est le principe qui
a subi le plus d’adaptations depuis la loi de 1905, en particulier en ce qui
concerne le financement de la construction de lieux de culte, à la charge de
chaque culte depuis le vote de la loi de 1905. Pour mémoire, on retiendra que
depuis 2004 et particulièrement ses décisions de juillet 2011, le Conseil d’État
a édulcoré largement l’interdiction de subventions publiques en « donnant à ce principe une interprétation raisonnable »
Revenant à la construction de lieux de
culte, je me contente de rappeler la synthèse exhaustive rédigée par
Jean-François Loisy à la suite de la « deuxième rencontre de la
laIcité », et publiée en 2011 dans « le guide pratique de la
laïcité » par la Fondation Jean Jaurès pour le groupe SRC de l’Assemblée
Nationale. Il en résulte que les dispositions inscrites dans la loi de 1905 et
les aménagements qui l’ont suivie (baux emphytéotiques, garantie d’emprunt,
exemption des taxes d’habitation et foncière, construction conjointe d’édifices
cultuels et culturels..) satisfont toute demande.
Il est évident que ces dispositions
visent des lieux de TOUS les cultes, donc du culte musulman. Les revendications
spécifiques n’ont donc a priori pas de fondement ; ce que l’on sait des
débats locaux sur la construction ou non d’une mosquée pointe d’autres
motivations que l’application administrative dont les intéressés semblent ne
critiquer que la lenteur
Que vient donc faire ici cette
injonction du PS « il faut… » Il faut « examiner les moyens de
répondre aux manques dans certaines parties du territoire ». Mieux !
« il faut recenser les besoins en
lieux de culte ». De quoi se mêle le PS qui se substitue aux autorités
religieuses musulmanes ?? C’est à elles qu’il appartient de faire cet
inventaire et trouver les financements nécessaires. M. Boubakeur fait son
travail de responsable religieux quand il avance la nécessité de construire
2000 mosquées.
On nous rétorque que c’est pour éviter
l’apport de financements étrangers liés aux extrémismes religieux. Est-ce à
dire que l’État devrait prendre en charge la totalité du financement des
constructions de lieux de culte ? Il faut le dire clairement.
Et observons que la prévention de
toute déviance à l’intérieur d’un lieu de culte, une mosquée en l’occurrence,
ne vient pas de sa construction mais de ce qui s’y passe et s’y dit…
La loi
du 9 décembre est déjà parfaitement
claire sur de tels cas :
ART. 34.- Tout ministre
d'un culte qui, dans les lieux où s'exerce ce culte, aura publiquement par des
discours prononcés, des lectures faites, des écrits distribués ou des affiches
apposées, outragé ou diffamé un citoyen chargé d'un service public, sera puni
d'une amende de 500 francs à trois mille francs et d'un emprisonnement de un
mois à un an, ou de l'une de ces deux peines seulement. …..
ART. 35.- Si un discours prononcé ou
un écrit affiché ou distribué publiquement dans les lieux où s'exerce le culte,
contient une provocation directe à résister à l'exécution des lois ou aux actes
légaux de l'autorité publique, ou s'il tend à soulever ou à armer une partie
des citoyens contre les autres, le ministre du culte qui s'en sera rendu coupable
sera puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans sans préjudice des
peines de la complicité dans le cas où la provocation aurait été suivie d’une
sédition, révolte ou guerre civile »
Il ne
manque à la loi que le courage politique de l’appliquer
3)
la formation des imams et des aumôniers
« il faut, dit le PS, prévoir
une aide à la formation des imams français ». Une formation à quoi ?
Si c’est à l’enseignement de l’islam, c’est du domaine des clercs de leur structure. Créer un institut de théologie ?
Cela leur appartient, ce fut toujours et c’est leur domaine privé…sauf en
Alsace-Moselle ! Veut-on faire de l’islam une religion d’État ? On
souhaite à nos apprentis sorciers bien du plaisir quand ils devront satisfaire
les exigences des sunnites, chiites, soufistes, salafistes et tutti
quanti ? Et les autres religions ? Et les imams étrangers qui
officient sur le sol français ? Cela n’a pas de sens.
Par contre, il est une situation à
laquelle l’État ne peut être indifférent, c’est le rôle que jouent les imams – et pas seulement français-
dans les mosquées et dans des établissements publics comme les prisons.
Il est plus que souhaitable que ces
religieux connaissent nos institutions et leur histoire et…incitent leurs
fidèles à les respecter. Il est même plus que souhaitable que cet enseignement
soit ouvert à tout résident sur le sol de France Cela peut s’enseigner hors de
l’université. Rappelons-nous comment, au début du XXéme siècle, la population a
été informée et éduquée aux lois républicaines : par des « cours du
soir » , des « cours d »adultes » organisés par les
communes. Qu’est-ce qui empêche la mise en œuvre d’un tel dispositif ?
Dès lors, le rôle de l’État serait
clair. Vérifier dans les mosquées le comportement des imams, qui seraient censés
ne plus ignorer les lois de notre démocratie. Et appliquer la loi en cas de
trouble public (voir plus haut les articles 34 et 35 de la loi de 1905
L’État y a eu recours dans le passé et ses
services de sécurité sont suffisamment professionnels pour assumer correctement
cette fonction.
Le cas des aumôniers est différent et justifie une plus grande attention.
L’article 2 de la loi de 1905
mentionne comme pouvant être inscrits aux divers budgets publics « les services d’aumônerie….dans les
établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et
prisons ». Ce statut applicable à toutes les religions, donc l’islam,
peut justifier une exigence particulière de garantie à l’égard de tout aumônier,
notamment au moment de son recrutement et de son affectation dans un
établissement public tel qu’une prison. Ce peut être un engagement écrit de
respecter les lois de la République, de les enseigner aux détenus ; ce
peut être également un oral ou une épreuve écrite de contrôle des connaissances
sur nos institutions avant l’engagement dans l’établissement. Il faut observer
que tout ceci est applicable aux établissements scolaires ; si les
autorités religieuses islamiques n’ont pas encore revendiqué un service
d’aumônerie dans les lycées et collèges, rien ne le leur interdit….en
application de la loi de 1905 !!!
4) enseigner « le fait religieux » ou
l’histoire de nos institutions ?
Comme ils savent si bien le faire, les
adversaires de la laïcité de nos institutions n’ont pas manqué d’imagination
pour brouiller leurs intentions.
Rappelons-nous…En même temps que
l’ « affaire du foulard » apparaissait cette suggestion
insistante d’enseigner les religions à l’école laïque S’attaquer à la loi de mars 1882 ?
Étendre le système d’Alsace-Moselle à l’ensemble du territoire ? En clair,
c’était enseigner les catéchismes à l’école. L’Église catholique ne s’y est pas
trompée qui excluait que cet enseignement soit donné par d’autres que ses
clercs.. Alors, on proposa d’enseigner l’histoire des religions, notion plus
imprécise à laquelle on objecta que cette histoire entrait dans les programmes
habituels par l’histoire elle-même, la littérature, les arts..Depuis peu
circule avec insistance une expression encore plus ambiguë, le « fait
religieux » Il faut enseigner « le fait religieux » tel est
l’antienne que l’on entend y compris dans les milieux les plus inattendus.. M.
Tincq y revient évidemment dans sa diatribe. Qu’est-ce à dire ? Un
pèlerinage à Lourdes ou La Mecque est un fait religieux..Le massacre de la St
Barthélémy, l’abjuration de Galilée aussi ? Et le génocide arménien…le
massacre de coptes en Egypte ou en Libye ou de chrétiens d’Orient…etc.
Ce qui importe tout au long de
l’histoire, c’est l’édification des sociétés et le rôle qu’ont pu y jouer les mouvements
religieux. Par exemple, il est certainement utile à la compréhension du monde
de connaître le passage, dans l’antiquité, du polythéisme au monothéisme et son
schisme en trois religions antagonistes tout au long des siècles.
Quand des concitoyens, comme on l’a relevé plus
haut, interpellent : « liberté et égalité, c’est à quelle
heure ? »,ils ont à moitié raison. Situer l’article 1er de la
déclaration des droits de l’homme dans le contexte de 1789 lui donne sa véritable
dimension. Jusque-là, une société coupée en deux, d’une part les représentants
de Dieu sur terre, roi et église catholique, concrètement leurs représentants,
nobles et évêques ; d’autre part, le peuple « taillable et
corvéable à merci » jusqu’à la famine (voir les cahiers de doléance). Le
fait religieux est alors la domination sans partage de la société par l’église
catholique Fin août 1789, des représentants de ce peuple balaient cette
situation de dépendance, d’exploitation du faible, pour décréter que les hommes
naissent libres et égaux en droits. Certes, dans leur enthousiasme, ils ont
ajouté l’utopie «et demeurent ».Oui, c’est déterminant de naître
libres et égaux ; ce principe n’admet pas de réserve ;mais ensuite,
l’affrontement est de tous les instants pour y parvenir au fil de la vie. A
quelle heure ? Cela dépend de l’engagement de chacun Pour M. Sarkozy, « liberté et égalité
sont incompatibles ».
IV Sans conclusion
Je n’ai point oublié une anecdote que
je voudrais résumer. C’était un ou deux ans après les incidents du collège de
Creil au sujet du foulard que portaient deux adolescentes. Le ministre avait
sollicité l’avis du Conseil d’Etat, puis rédigé une circulaire, ces deux faits
n’ayant point calmé la polémique ; bien au contraire. La Mission Laïque,
qui comme on sait, rassemble les établissements d’enseignement français à
l’étranger, avait réuni les chefs d’établissement comme elle le fait
périodiquement. La polémique au sujet du « voile à l’école » faisait
rage. IL en fut évidemment question. Le proviseur du lycée français de
Casablanca s’étonna , avec quelque ironie, du tapage provoqué en France et dit
à peu près ceci : vraiment, en France, vous perdez votre sang froid ;
mon lycée est en plein quartier musulman ; j’explique à chaque rentrée aux
élèves que dans la classe, on ne peut porter de signe distinctif de caractère
religieux ou politique ; il n’y a pas de difficultés les adolescentes
voilées quittent leur voile pour rentrer en classe et le remettent en sortant..
Pas de difficultés dans un État où la
religion musulmane est religion d’État ; affaire d’État en France !! Alors qu’il suffisait de rappeler calmement la
loi, le règlement qui détermine le
statut laïque d’un établissement scolaire et d’en expliquer sereinement les
raisons. Tout ministre du moment pouvait être informé par ses services des
instructions générales du 9 avril 1903 « Les emblèmes religieux de quelque nature qu’ils soient ne doivent pas
figurer dans les locaux scolaires » comme des circulaires de Jean Zay (1936 et 1937) puis de
R. Capitant le 27/12/1944.La circulaire du 15 mai 1937 était suffisamment
explicite et pérenne : « L’enseignement
public est laïque. Aucune forme de prosélytisme ne saurait être admise dans les établissements scolaires. Je vous
demande d’y veiller avec une fermeté sans défaillance »
Il suffisait d’expliquer calmement aux élèves
le pourquoi de la laïcité de l’école ;ce qui se faisait le plus souvent.
Point n’était besoin d’une loi d’interdiction pour quelques situations qui
relevaient probablement de la provocation militante et auxquelles répondait un
défi équivalent.
Il faut croire que le filon était
prometteur puisque les provocations n’ont cessé ensuite de proliférer, de se
répéter venant toujours des adversaires historiques de la laïcité de nos
institutions ; c’est à qui, à droite, demandera une nouvelle loi
d’interdiction….dans les universités, dans l’accompagnement des élèves. On
atteint présentement la déraison, M. Sarkozy avec les repas des cantines
municipales, la RATP et les affiches dans le métro. A quoi réplique M.
Boubakeur relance la compétition bimillénaire
entre mouvements religieux avec ses 2000 mosquées à construire. Et le Parti
socialiste qui, pour ne pas être en reste( ?) préconise le développement
de l’enseignement confessionnel musulman !
Tout cela au nom de la
laïcité !!!
Il ya 50 ans, pour la droite, la
laïcité faisait « partie du programme de papa » (J.R. Tournoux L’Express du
8/01/1964)
ou c’était « une vieille histoire dépassée » (G. Suffert L’Express du
5/07/1965).
Aujourd’hui, c’est à qui en utilisera le terme pour mieux en détourner le sens. Qui manipule
qui ? Évolution suicidaire si ne sont pas allumés les contrefeux
Guy
Georges
14/04/2015
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