Compte-rendu de
Frédérique Payen
Un FSM de nouveau à
Tunis avec des conditions climatiques pas solidaires des participant-es et
organisateurs et organisatrices ! Des activités annulées, des tentes
effondrées conséquences de la pluie et du vent. Ce qui a compliqué la tenue de
certains ateliers mais aussi empêché tous ces moments informels de rencontres
et de discussions qui ont lieu pendant ce type d’évènement.
Des problèmes au niveau de l’organisation
avec par exemple les problèmes de non-logements pour de nombreux jeunes
bénévoles venu-es de plusieurs régions de Tunisie, qui ont d’ailleurs manifesté
leur mécontentement et leur ras-le-bol à plusieurs reprises en organisant manif
et seeting sur le Forum.
Il est probable que le prochain FSM se
tiendra à Montréal au Canada mais cela suscite de nombreuses résistances au
sein du comité international vu les problèmes de VISA qui vont se poser, notamment
pour les communistes par exemple. De plus, la vie y est chère et cela va poser
des problèmes pour pas mal de pays.
Pour ma part, je m’interroge sur le
format qui ne me semble plus répondre aux nécessités actuelles. Le Forum, c’est
une multitude d’ateliers (plus de 1000 sur 3 jours !) avec pour
conséquence un choix à faire et des regroupements en petit nombre, avec bien
souvent des gens qui se connaissent, travaillent déjà ensemble… Et des ateliers
parfois bien similaires… L’atelier sur la Grèce en a été
un des exemples à mon avis. Créer des réseaux, tisser des liens, se tenir au
courant de ce qui se passe ailleurs, des alternatives qui se développent,
certes c’est important mais, face aux bouleversements actuels, à l’agressivité
du néolibéralisme, aux nécessités de survies pour certain-es, ce morcellement,
est-ce un format encore efficace ? De nombreux pays sont peu voire pas
représentés, en tous cas sous-représentés par rapport à d’autres : leurs
urgences actuelles, leurs problèmes d’argent pour venir et l’actualité brulante
dans leurs pays ou territoire ne leur permettant pas de se déplacer ou de
s’absenter sur plusieurs jours.
ATELIERS
La Grèce sur le fil
du rasoir : ATTAC – CADTM –
Altersummit – Solidarity for All
L’enjeu de cet atelier était de présenter la situation
actuelle pour avoir ensuite un second atelier le vendredi sur les initiatives
de solidarité.
CADTM :
Les effets des politiques d’austérité sur la population grecque : quelques
chiffres : Depuis 2010, les revenus de la population ayant les salaires
les plus bas ont diminué de 86 % alors que, dans le même temps, la charge
d’impôt a augmenté de 336 % ; Environ 4 000 hôpitaux et polycliniques
ont fermé ; Une grande partie des conventions collectives ont été abrogé ;
Le salaire minimum légal a chuté de 20 % et pour les jeunes de 25 % Les
retraites ont baissé en moyenne de 30 % allant jusqu’à une baisse de 60 % pour
cetain-es.
Les dernières élections : 36 % ont voté pour Syriza aux élections
du 25 janvier 2015. Le vote PC a été d’environ 5 % soit 41 % pour la gauche
radicale. Le parti de la nouvelle démocratie a quant à lui recueilli 23 % et la
PASOC environ 5/6 %. La coalition de droite a donc été rejeté notamment le
PASSOC.
Dans un sondage récent, il ressort
qu’aujourd’hui, si les grecs devaient revoter, Syriza aurait 70 % et donc un
fort taux d’approbation de ce gouvernement.
Syriza a été obligé de trouver un accord rapidement.
Ils se sont tournés vers le PC qui a refusé et ont donc été vers le parti AMEL,
parti homophobe et nationaliste mais seul parti qui est contre les politiques d’austérité
menée en Grèce.
Syriza avait présenté un programme en
septembre 2014 sans penser que les élections se tiendraient si tôt
puisqu’anticipées. Il y avait dans son programme des mesures fortes envers les
personnes les plus touchées, en prenant aux riches mais en restant dans
l’équilibre budgétaire. Il avait également mis en avant une renégociation de la
dette, pas seulement pour la Grèce mais pour les autres pays européens avec notamment
un audit de cette dette.
Les gens ont voté sur la base de ce
programme en janvier 2015.
La première loi adoptée par ce nouveau
gouvernement est une réponse à la crise humanitaire avec le rétablissement de
l’électricité pour 300 000 familles ainsi que l’allègement de la dette
privée des familles et des petites entreprises vis-à-vis de l’État pour les
dettes inférieures à 3 000€.
Les centres de rétention ont été fermés
avec la pression des associations.
Concernant la dette et les relations avec
les institutions européennes, Syriza a signé l’accord du 20/24 février avec
l’UE mais avec 40 % de syriza qui était contre et qui l’ont exprimé à travers
des votes blancs. Accord qui reporte à juin le paiement.
Zoé Konstantopoulou, présidente du parlement (élue à cette
présidence du parlement avec 92 % des voix), a voté contre l’accord et a
défendu le fait que cet accord ne pouvait être soumis au Parlement. Ce qui fait
que cet accord n’a en revanche pas été adopté au Parlement.
Elle a, en parallèle, demandé un audit
citoyen de la dette vis-à-vis de la Troïka. Aujourd’hui 80 % de la dette grecque
est aux mains de la Troïka c’est-à-dire des créanciers publiques. Seulement 20
% de la dette est aux mains de banques privées. Auparavant, ce sont les banques
françaises qui détenaient 80 % de cette dette.
La mise en place d’audit avec comme
mandat d’identifier la partie de dettes illégales et illégitimes est une
première historique. Aujourd’hui, le coût de la dette grecque est porté par la
population et par la vente des biens de l’État par le biais de la privatisation
Cet audit doit rendre ses premières
conclusion à la mi-juin et donc dans le même temps qu’arrive l’échéance de
l’accord du 20/24 février.
Suite
Atelier du vendredi 27 mars :
Dans les semaines qui viennent et jusqu’au
mois de juin, soit Syriza est obligé de pactiser soit il est capable de
continuer à résister. Il faut donc de nouvelles mobilisations et donner à ces
mobilisations des perspectives pour un moment fort en juin afin de soutenir. Une
conférence du CAC est prévue en juin en Grèce. L’idée est d’organiser quelque
chose à Athènes et de relayer dans les autres pays européens.
Les initiatives de solidarité : exemple
dans la santé :
C’est un secteur particulièrement touché avec
une baisse du budget de plus de 30 % et avec la fermeture de 40 % des hôpitaux
et polyclinique. Aujourd’hui, 3 millions de grecs se trouvent sans aucune
couverture social. 50 % des licenciements ont eu lieu dans ce secteur.
On assiste à une crise sanitaire
importante. Des dispensaires auto-gérés avec du personnel bénévole se sont créés.
Par exemple en France, il y a la création d’un pont de solidarité pour aider
cette volonté d’auto-gestion qui est une force de résistance. A l’ALtersummit
en 2013 à Athènes, la France a amené un cabinet dentaire.
Une rencontre de ces initiatives aura
lieu en avril et sera discuté le projet de faire un « Forum » en
juin. Tout en mettant l’accent que, au-delà d’une solidarité matériel, c’est
d’une solidarité politique que la Grèce a besoin.
ATTAC Espagne : les partis en place en Espagne disent
que l’Espagne, ce n’est pas la Grèce. Sauf qu’aujourd’hui on y arrive avec ces
quelques chiffres :
• 1 personne sur 4 est au chômage et
1 personne sur ces 3 au chômage n’ont aucune prestation.
• 50% des jeunes sont au chômage ;
• En 2012, on a assisté à plus de 500
personnes par jour expulsées de leurs logements ;
• Aujourd’hui, 2 300 000 enfants
vivent dans la pauvreté et 13 millions de personnes sont juste la limite du
seuil de pauvreté ;
• Des coupes dans les services
publics…
Dans tous les médias, il est répété qu’il
n’y a aucune alternative possible à l’austérité. C’est pourquoi, parfois, on ne
voit pas de signe de mécontentement de la société civile, pas de protestation.
Mais il y a 4 ans, cela a commencé avec les indigné-es et le développement du
parti PODEMOS.
L’organisation d’un collectif qui s’est
opposé aux expulsions locatives, et ce sans l’appui d’aucun syndicat ni parti
politique.
Le 26 mars 2014, une marche pour la dignité
a réuni plus d’un million de personnes à Madrid.
Le meilleur signe de solidarité que
l’Espagne peut envoyer à la Grèce c’est d’avoir une majorité sociale aux
prochaines élections.
Atelier : la constitution tunisienne
et les femmes
Deux associations organisent cet
atelier : L’ATFD – Association Tunisienne des Femmes Démocrates, et la Ligue
tunisienne des droits de l’homme.
ATFD : On ne veut pas entendre que la Tunisie a de meilleurs
lois que d’autres pays, on veut avoir des lois universelles ; Nous
pensions qu’avec la révolution, et notamment la place que les femmes y ont
occupé, nous aurions eu mieux qu’avant. Mais, en fait, avant de se battre pour
avoir mieux, il a fallu se battre pour ne pas revenir en arrière ; Dans la
nouvelle constitution de 2014, les articles 21 et 46 écrivent que la femme et
l’homme sont égaux en droits et instaure la parité ; Dès 2011, il y a eu l’insertion de la parité dans les textes
électoraux, nous considérions donc la parité comme un acquis ; Seulement,
en 2012, dans le 1er projet de constitution, il était instauré la
complémentarité, la sauvegarde de la famille et la consécration du mariage. Les
femmes sont allées dans la rue pour s’y opposer. Ainsi, l’égalité a été
inscrite dans le préambule et dans l’article 21. Seulement, maintenant que
l’égalité est un article constitutionnel, il faut mettre en conformité nos
lois, lois dans lesquelles par exemple, le mari est toujours le chef de
famille.
De la même façon, en ce qui concerne le
code du statut personnel qui date de 1957, Il y a la parité d’inscrite dans la
constitution mais si elle est horizontale elle n’est pas verticale. Ainsi, les
listes sont paritaires mais peu de femmes apparaissent en tête de liste
(seulement 12 % de femmes en tête de liste dans les dernières élections). Mais,
au-delà de la parité dans les accords électoraux, nous voulons aussi qu’elle
existe dans les autres instances qui ne passent pas par des élections.
De nombreuses lois doivent aussi exister,
comme par exemple, dans le monde du travail au niveau des postes de décision,
mais aussi sur la protection des femmes victimes de violences, la
criminalisation du viol conjugal, la protection de celle qui porte plainte…
De plus, comme par exemple pour le
harcèlement sexuel (loi de 2004), le viol… c’est à la victime de prouver les
faits (contrairement à la France par exemple où il y a l’inversion de la charge
de la preuve). D’autant que, si une femme ne parvient pas à prouver, elle peut
être attaquée pour diffamation et condamnée.
De la même façon, il doit y avoir
amélioration du Code pénal. Par exemple, le viol n’a pas de définition exacte.
Est considéré comme viol un acte sexuel avec une verge dans un vagin d’un homme
sur une femme. La sodomie, la pénétration par un objet, la fellation… et l’acte
commis sur une mineure ne sont pas qualifiés de viol. Et le violeur d’une
mineure est en droit de l’épouser s’il y a consentement des parents, en dehors
de l’accord de cette mineure.
Concernant le viol conjugal, il est écrit
dans le Code du statut personnel que, si la dot n’est pas payée, alors il peut
ne pas y avoir devoir conjugal. Ce qui signifie qu’en cas de dot payée, la
femme se doit de remplir ce devoir conjugal, elle est donc une marchandise
achetée et au service de l’homme.
Concernant l’avortement, il est légal et
gratuit depuis 1973. Depuis 2011 et même avant, il y a eu des tentatives pour
le limiter avec, par exemple, la fermeture des centres de planning et des
centres d’avortement.
Les femmes n’ont également toujours pas
le droit de se marier avec des non-musulmans, contrairement aux hommes
d’ailleurs !
Le droit à l’héritage est également en
contradiction avec la nouvelle Constitution puisque la fille représente 1/3 de
l’héritage contre 2/3 qui revient au garçon.
Bien sûr, la religion et les traditions
jouent un rôle important ! Il existe une obligation de l’instauration
d’une commission de contrôle de la constitutionalité des lois qui doit être
mise en place dans un délai de un an après l’adoption de la nouvelle
constitution mais même si nous sommes encore dans le délai, elle n’est pas pour
le moment en place. Le problème majeur de cette constitution est l’article 1
qui dit que l’Islam est la religion de la Tunisie. Il ne dit pas que c’est la
religion d’ État mais cela laisse à interprétation.
La société civile a beaucoup œuvré dans
l’élaboration de cette constitution mais le travail et les combats ne sont pas
finis.
Palestine : la lutte des femmes aujourd’hui
est centrée sur la question de l’héritage.
Le constat est que la pauvreté de la
femme palestinienne mène aussi à la pauvreté générationnelle.
Il faut que le gouvernement se rende
compte de ce que sont les besoins des femmes pour y répondre.
Un des axes est le problème de l’impôt
qui est aujourd’hui forfaitaire et non pas proportionnel aux revenus ; Ce
qui est un lourd tribu pour les femmes alors qu’elles ont les salaires les plus
bas ! (les femmes travaillent essentiellement dans les crèches où le
salaire est le plus bas). Ce secteur doit être libéré de l’impôt.
Dans les pays arabes, l’éducation des
enfants repose sur les femmes. Mais l’éducation des garçons est considérée
comme une richesse mais pas celle de la fille.
L’ « investissement » dans l’éducation des garçons est durable
car les filles elles quittent la famille pour se marier. Ainsi, il y a très peu
de filles dans l’enseignement supérieur.
La femme cède sa part d’héritage aux
garçons. Il faut que les femmes palestiniennes puissent dire non et garder une
part de l’héritage.
L’enseignement est gratuit pour les
filles mais dans les villes où il y a notamment des zones militaires, elles
sont victimes de harcèlement sexuel et préfèrent abandonner, ne plus aller à
l’école. Il faudrait que les écoles soient mixtes.
Il n’y a aujourd’hui aucune étude genrée
dans les ministères et le gouvernement refuse d’assumer cette tâche et laissent
les femmes dans la pauvreté.
Maroc : La crise économique au Maroc ne vient pas
d’une crise financière mais des conséquences de la crise au niveau mondial.
Beaucoup de niches sont touchées au Maroc.
Par exemple, dans le secteur touristique,
le secteur de la production du phosphate et dans celui du textile.
Le secteur du textile a été lourdement
touché avec entre 2009 et 2014 plus de 100 000 suppressionS d’emplois.
Malgré tout, les bénéfices n’ont pas baissé !
Il faut revoir les conventions avec les
pays importateurS, essentiellement l’Europe. Pour garder des prix
concurrentiels, les haures de travail augmentent, les conditions de travail se
durcissent encore.
Dans le secteur agricole, il n’y a aucune
protection sociale
Dans le secteur du tourisme où le Maroc
avait beaucoup misé, il y a beaucoup d’emplois tenus par des femmes et les
suppressions importantes d’emplois ont touché les femmes. Beaucoup de jeunes
diplômées dans ce secteur ne trouvent pas d’emplois et sont au chômage.
Non seulement, le chômage augment pour
les femmes mais les salaires diminuent ! Ce chômage développe le travail
informel où il n’y a aucune protection sociale. Les femmes travaillent de plus
en plus dans les travaux ménagers dans les familles.
Au Maroc, il y a des lois et on a signé
et ratifié mais il n’y a pas d’application ni de pénalités. Avec de plus, une
augmentation de l’impunité. De plus pour certaines de ces lois ou
ratifications, beaucoup renvoie à un problème de constitutionalité.
Intervention de Samir Amin, économiste
Franco-Egyptien, reconnu au Moyen-Orient : Ce n’est que par la lutte que
les femmes auront des droits ! Et il faut lutter sur tous les plans, à
tous les niveaux : économique, social, décisionnel…Il doit y avoir une
réelle égalité sociale et toutes les forces doivent se concentrer sur ceci.
Intervention du responsable du forum en
Tunisie :
A Kairouan, région de centre de la
Tunisie, les femmes travaillent dans le secteur vulnérable. Et ce ne sont pas
les politiques de Ben Ali qui ont arrangé. Il faut des lois qui protègent les
femmes mais elles ne connaissent pas souvent leurs droits. Il y a une réelle
exploitation féminine. 92% des personnes qui travaillent dans les légumes sont
des femmes. Ces emplois se caractérisent par des intermédiaires qui sous louent
cette main d’œuvre et donc gardent une partie du salaire. Les syndicats
agricoles tunisiens et l’UGTT doivent prendre leurs responsabilité sur ces
secteurs où les femmes n’ont aucune protection sociale ni contrat de travail
avec les conséquences que cela a sur leurs retraites.
De la même façon, les femmes sont
employées dans les institutions publiques sans contrat avec des salaires de 100
Dinar pour un travail normalement payé 400 !
En Tunisie, 52% des étudiant-es sont des
filles et dans le travail, leurs salaires sont inférieures à celui des hommes
alors que bien souvent elles sont même plus productives. Ce sont surtout les
femmes qui font et les hommes qui dirigent.
Atelier : 4ème
action de la MMF
Beaucoup de pays présents :
Mozambique – France – Turquie – Brésil – Afrique du Sud – Maroc – Mauritanie –
Pologne – Autriche – Tunisie – Irlande – Etats-Unis – Corée – Belgique – inde –
Palestine – Espagne – Canada
Région
Moyen-Orient :
Tunisie : beaucoup d’investissement dans la préparation
du FSM ce qui fait que le démarrage de la
4ème action pour la Tunisie coïncide avec le FSM. Beaucoup
d’actions pour essayer d’impliquer les jeunes femmes. Avec plusieurs projets
autour du 24 avril dans le cadre des 24 h féministes pour dénoncer ce qui s’est
passé au Bangladesh (usine textile) et aussi des expressions de solidarité avec
les femmes de Lybie, Syrie, Palestine…
En Palestine, nous avons lancé la 4ème action le
8 mars en faisant une manifestation au niveau du mur. Des activités à venir
dans le cadre de BDS, de la libération des prisonnier-es, de l’égalité devant
les lois et dans la protection du peuple palestinien.
Sahroui : nous avons démarré l’action le 18 février,
date de la première martyre au Sahara Occidentale. Une marche le 8 mars. Un
congrès de la femme se tiendra début avril.
Maroc : il y a une expérience d’essayer de refaire une
coordination au Maroc (le Maroc avait quitté la MMF suite à la résolution prise
concernant le peuple sahraoui), avec la volonté de réactiver pour rejoindre la
quatrième action. Quelques militant-es et associations essayent de le faire
mais sont « génées » par des personnes qui ne veulent pas.
Région Europe : En Turquie, a été organisé des formations
politiques pour annoncer la 4ème action.
Une caravane européenne a été constitué
et parcourt l’Europe avec un démarrage au Kurdistan pour soutenir les Kurdes,
passera par beaucoup de pays avec la présence de jeunes féministes de la MMF
d’Europe. Plusieurs étapes en France avec Nantes, Marseille, Paris, Bourg en
Bresse…
Région
Amérique : Lors du dernier
FSM à Tunis en 2013, GGJ : Grassroots Global Justice est une alliance de
groupes de base américaines dont une branche d’activisme concerne le féminisme.
GGJ et la MMF ont fait un atelier ensemble et une volonté de rejoindre le
réseau de la MMF s’est exprimée.
Le 8 mars 2015 la MMF est officiellement
crée au Etats Unis ! L’action du 24 avril sera relayée dans 10 villes aux
E.U. Avec pour cible la compagnie de textile qui est basée au E.U. et, en
parallèle, le lancement d’une pétition pour réclamer le respect des mesures de
sécurité dans les lieux de travail et le paiement d’une compensation financière
aux familles des victimes.
Région Asie :
Inde : 1 viol a lieu toutes les 7 minute en
Inde et 7 millions de femmes disparaissent (en comptant les avortement quand
c’est une fille), en Inde c’est 1000 naissances garçons pour 912 filles !
Des résolutions ont été prises dans plusieurs localités pour que la pression
d’avoir des garçons cesse. Environ 1000 localités ont accepté de prendre des
mesures, c’est même reconnu au niveau gouvernemental. Mais les mentalités …
Région Afrique : Une réunion avant le lancement de la 4ème
action a eu lieu avec + de 50 femmes de 30 pays d’Afrique à Johannesburg afin
d’essayer d’évaluer la force de la MMF en Afrique.
Notre problème est aujourd’hui d’évaluer
ce qui s’est passé pour le 8 mars dès maintenant car beaucoup de difficultés
avec internet, l’électricité et il nous faut un peu plus de temps pour
centraliser nos retours. Essayer de faire une caravane comme dans la région
Amérique ou Europe n’est pas possible pour nous car beaucoup de conflits armés
dans beaucoup de pays. Nous aurons une rencontre à Nairobi au Kenya en octobre
qui nous permettra de faire le bilan.
Le point positif de cet atelier est la
dynamique aux EU.
Atelier Démarche
progressiste et droits des femmes
Pays présents : Italie, Allemagne,
Belgique, France, Tunisie, Autriche, Hongrie…
Les intervenantes : Lubna ?
Ancienne membre de l’assemblée nationale constituante (rappelons que les listes
étaient paritaires mais que seules 49 des sièges sur 217 pour les femmes (dont
42 membres d'Ennahdha…) vu que les femmes n’étaient que rarement en tête de
liste).
Marie Arena : parlementaire
européenne Belge qui travaille sur les questions d’égalité hommes – Femmes sur
les accords internationaux et l’impact genre et sur la commission emploi.
L’atelier était présenté de manière
différente avec des questions précises posées aux intervenantes :
Quelles étaient les
demandes des femmes avant, pendant et après la révolution ?
En 2011, élection d’une assemblée
nationale constituante avec l’aspiration d’avoir une parité verticale et non
seulement horizontale pour avoir des élues de façon paritaire. Après les
élections, on a été confronté à une assemblée très conservatrice et de nouveaux
débats sont apparus comme l’apparition de la Charia, la polygamie…
Il y avait deux projets de société, un
progressiste et un ultra-conservateur. Si on est arrivé à renverser le poids
politique, c’est grâce à l’approche participative (suite au Règlement intérieur
adopté) avec la présence importante de la société civile. Pour éviter ce recul,
il fallait intégrer d’autres personnes. Notamment pour dire non à l’article de
la complémentarité. En Août 2012 a eu lieu une grande manifestation de femmes
pour refuser cet article pour arriver enfin en décembre 2012 à un article qui
garantit l’égalité entre les Femmes et les hommes et l’élimination des
violences vis-à-vis des femmes. Malgré tout, on était encore loin sur la place
des femmes dans cette post-révolution.
L’étape suivante : on a été
initiatrice du groupe parlementaire des femmes à l’assemblée. C’était informel
mais beaucoup de femmes se sont rassemblées avec pour objectif faire de la
cause des femmes une cause transverse.
En janvier 2013, ce groupe de femmes
parlementaires ont proposé un amendement demandant l’égalité en droits :
économiques, social, civil…et la garantie de la parité mais cet amendement n’a
pas été repris car cela touchait des fondamentaux en dehors des processus électoraux.
Nous avons alors saisi la commission des consensus qui a dit que cet article
n’était pas prioritaire ! Il y a eu une pétition qui a recueillie 87
signatures sur les 217 parlementaires. Ce qui est un succès et a permis que le
débat ait lieu.
Les femmes ont des
droits, mais peuvent-elles les exercer ?
Le code du statut personnel est apparu
avant même la première constitution en Tunisie. Il a joué un rôle moteur dans
le changement des mentalités mais a eu aussi de l’influence dans le code du
travail et le code électoral. Avant même 2011, les soulèvements du bassin
minier, les femmes étaient bien présentes. Quand les femmes sont dans la rue,
elles sont citoyennes mais dès que les choses se calment elles retournent à
leur place ! Avec l’arrivée des mouvements intégristes, avec des retours
de parole sur la polygamie.
Il y a un rôle important des femmes
députés comme des femmes de la société civile. On est tout de suite sorties
dans la rue pour demander à garder nos acquis et à demander la levée des dispositions
qui étaient discriminatoires.
Dans ces moments de post-révolution, on
pensait que les hommes allaient laisser la place aux femmes, qu’ils avaient
évolués, nous avons été très déçues.
Nous avons une bataille à mener sur
l’universalité avec des droits des femmes qui soient universels ! Mais
même certains partis progressistes sont contre. C’est inscrit dans le préambule
de cette constitution mais seulement en termes de principe et non de droits.
Au nom de l’Islam, on reconnait l’égalité
au Maroc et au nom du même Islam, on ne la reconnait pas en
Tunisie !...Les spécificités culturelles servent aujourd’hui à limiter les
droits des femmes et notamment les spécificités liées à l’Islam.
En Belgique, comme en France, il existe
de nombreuses lois mais l’égalité n’est pas là et on assiste même à des reculs.
Ce dans le domaine politique, syndical, privé…
Au Maroc, il y a une dégradation des
droits des femmes et c’est surtout l’Etat qui fait pression sur les
associations féministes.
Des interventions de très jeunes femmes
tunisiennes présentes dans la salle qui « conteste » le discours des
femmes intervenantes qui mène trop en avant le rôle prépondérant des
institutions et de l’adoption de lois. Elles relèvent que beaucoup de femmes
ici en Tunisie militent pour la polygamie…sont sous l’emprise du discours
conservateur et religieux. Elles disent qu’il faut une présence encore plus
forte de la société civile et que les mentalités sinon ne suivront pas les
lois…Elles font partie d’un mouvement s’appelant Theira qui veut dire révoltée,
révolutionnaire.
Bilan MMF :
La MMF était bien présente mais moins
représentée en terme de nombre de pays qu'il y a deux ans, du fait des
difficultés financières que rencontrent les coordinations au niveau des
subventions.
La nouvelle coordinatrice
internationale, Graça Samo de Mozambique était présente. Certes, venir après
Miriam Nobré , l'ancienne coordinatrice du Brésil n'est pas chose aisée mais
Graça représente très bien la MMF, est une personne dynamique et qui maitrise
parfaitement l'histoire de l'association et ses tenants politiques. C'était
pour elle le premier évènement international auquel elle participait en tant
que coordinatrice et je pense pour ma part, qu'elle a été à la hauteur!
La MMF traverse des moments difficiles, de
part les problèmes de subventions que certaines coordinations rencontrent dans
pas mal de pays et territoires mais aussi de part l'actualité brulante et
difficile qui relève de questions de survie dans certains pays. Chacune se
bat pour ne pas perdre le peu qu'elle a et qui face aux "crises" voit
les droits des femmes attaqués et les cas de violences s'intensifier.
Plus
que jamais, l'investissement et le soutien dans ce réseau international est
important !
No comments:
Post a Comment