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mouvement des femmes Iraniennes

mouvement des femmes Iraniennes

Thursday, January 28, 2016

Irene Ansari Feministe Iranienne©Jamileh.Nedai

La visite du Rohani

LIGUE DU DROIT INTERNATIONAL DES FEMMES
AMEL (ASSOCIATION POUR LA MIXITÉ,  L’ÉGALITÉ ET LA LAÏCITÉ EN ALGÉRIE)
COORDINATION FRANÇAISE POUR LE LOBBY EUROPÉEN DES FEMMES
LIBRES MARIANNES                                                
 REGARDS DE FEMMES
 RÉSEAU FÉMINISTE« RUPTURES ».




Communiqué
                                             Paris, le 26 janvier 2016


La visite du président de la république islamique d’Iran à Paris : une insulte aux valeurs universelles.

La France qui s’enorgueillit d’être la patrie des droits humains, ne se grandit pas en invitant à Paris le président de l’une des pires théocraties du monde. Un président qui, depuis son accession au pouvoir a couvert de son autorité 2000 exécutions (dont 700 pendaisons en six mois !) après des simulacres de procès.

Il ne suffit pas que la République Islamique d’Iran ait signé un accord « historique » sur le nucléaire pour que la communauté internationale soit légitime à blanchir ses dirigeants de leurs violations systématiques des principes fondamentaux des Nations-Unies ?

C’est oublier que l’arrivée au pouvoir à Téhéran en 1979 d’un régime fondé sur l’islamisme politique a été le déclencheur des dérives actuelles en matière de régression du droits des femmes et de liberté d’expression.
Il est loin le temps où l’assemblée Générale des Nations-Unies, avec une belle unanimité  excluait l’Afrique du Sud pour cause d’apartheid racial. A quand l’exclusion des pays qui pratiquent l’apartheid sexuel et la chasse aux intellectuels ?
En hommage aux féministes iraniennes qui en mars 1979 furent les premières à descendre par dizaines de milliers dans les rues de Téhéran pour s’opposer à l’obligation du port du tchador, nous sommes solidaires de celles et ceux qui manifesteront à Paris dimanche  contre la venue à Paris du président de la République Islamique d’Iran.

La visite du Rohani


Personnes

Corps du message

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Tuesday, January 19, 2016

Laicite

Laure CAILLE

LAÏCITE ET DROITS DES FEMMES : REGARDS CROISES.

LMS,/ Commission laïcité de la CLEF. Janvier 2014

Commission Laïcité Libres MarianneS

LMS

INTRODUCTION AU DEBAT

Laure Caille

Pourquoi ce thème ? Pourquoi les regards laïques et féministes devraient-ils être croisés ? Entre laïcité et doits des femmes, n’y a-t-il pas une redondance ? La laïcité n’est-elle pas le socle du Pacte républicain et l’égalité n’est elle pas indissociable de ce Pacte ?

Entre l’histoire de République et celle de la laïcité, la communauté de destin semble une évidence, depuis des origines ancrées dans le siècle et les valeurs des Lumières jusqu’aux étapes décisives de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat et l’inscription explicite, dans la Constitution de 1946, du caractère indivisible et laïque de la République.

L’émancipation de la pensée par la raison, le refus des dogmes et le rejet de tout magister théocratique, qu’il soit moral ou, a fortiori, juridique, sont au coeur des cheminements républicains et, j’aime à le croire, les nôtres à nous toutes et tous aujourd’hui.

Philippe Foussier nous parlera de cet héritage et de sa pertinence renouvelée.

LIBERTE, EGALITE…….ET SORORITE ?

Dès lors, il devrait être logique de considérer que la cause des femmes avance du même pas que celle de l’idéal républicain. La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ne proclame –t-elle pas, que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit ? Comment la laïcité aurait- elle à connaître de la distinction des sexes ? Comment prétendre faire du peuple tout entier, la référence de la communauté politique, et affirmer la primauté de la Res Publica, la chose publique, et y introduire le bémol du genre ? (je devrais dire sexe puisqu’il paraît que le mot genre provoque des émeutes), mais parlons d’abord de grammaire

La laïcité, nom commun, féminin, est l’héritière du « Laos », et non son héritier et a, de très loin, précédé la circulaire de 1986 d’Yvette Roudy sur la féminisation des titres et métiers. Qui plus est, fait exceptionnel dans la grammaire, l’adjectif féminin « laïque » englobe aussi, le masculin puisque « laïc » ne devrait désigner en fait que celui qui n’est pas « clerc » alors que « laïque » désigne, sans distinction de genre, ce qui promeut, ce qui incarne, promeut ou met en oeuvrera laïcité.

Or, force est de constater qu’il n’existe pas une relation univoque entre la cause de la laïcité et celle des femmes. La laïcité garantit les conditions de l’égalité hommes femmes, non son effectivité. La relation entre femmes et laïcité est complexe, même dans un pays comme la France où cette question, est constitutive de notre culture républicaine, a fortiori dans d’autres pays, comme il sera évoqué par Martine Cerf et Michèle Vianes.

Laure CAILLE

LAÏCITE ET DROITS DES FEMMES : REGARDS CROISES.

LMS,/ Commission laïcité de la CLEF. Janvier 2014

UNE CITOYENNETE A GEOMETRIE VARIABLE

La Révolution française, proclame les Droits de l’Homme et du Citoyen et opère un renversement décisif en remettant en cause le monopole de l’Eglise catholique dans ces moments hautement symboliques de la vie que sont la naissance, le mariage et la mort, par l’instauration de l’Etat civil, du mariage civil, des obsèques civiles... Mais dans le même temps, elle exclut, de fait, les femmes de la citoyenneté politique pour une période qui sera, on le sait, particulièrement longue.

Bien que très souvent en première ligne, les femmes sont vite priées de retourner à leurs fourneaux et à leur invisibilité, quand elles ne sont pas livrées aux charrettes de la guillotine. C’est là un schéma tristement répétitif qui traversera les siècles.

Quant à l’exercice de la citoyenneté, c’est en vain qu’après la Révolution de 1848, des femmes, demandent le droit de vote, alors que le suffrage universel vient, en principe, d’être établi en France. C’est en vain que les militantes suffragistes redoublent d’efforts. L’un des arguments avancés par ceux qui étaient hostiles au vote féminin étant la crainte que, censément toutes confites en dévotions, les femmes favorisent le retour en force des cléricaux

C’est ainsi que les laïques furent les premiers à trouver tout naturel d’exclure leurs femmes de tout droit civique. Hubertine Auclert, figure pionnière, y voyait un prétexte masquant la volonté de conforter le monopole masculin sur la politique et la loi : « l’homme a fait ces lois et même à notre époque d’athéisme et de libre examen, il les conserve ……religieusement ». Après tout, soulignait-elle, si la question essentielle est celle de l’influence de la religion, pourquoi les hommes d’Eglise ont-ils le droit de vote ?

LAÏQUES… MAIS ABSENTES

On ne peut que constater le paradoxe entre, d’une part, les évidents bienfaits d’une organisation laïque de la société sur la situation des femmes et leur discrétion sur la scène des débats qui ont présidé à son instauration comme, je crois, Françoise Thiriot, nous le montrera. Lorsqu’on évoque les grands combats laïques, ce sont des figures exclusivement masculines qui viennent à l’esprit. On aurait tort d’y voir, une preuve de la désaffection des femmes par rapport un débat qui les concernait très directement mais plutôt l’une des conséquences du procès en illégitimité qui leur était fait et de leur éviction de la chose publique.

Pour être un laïque convaincu, on n’en est pas pour autant, ipso facto, un militant de la cause des femmes. je ne résiste pas au dé-plaisir de citer Pierre Joseph Proudhon, l’un des premiers à pourtant à revendiquer la liberté de n’avoir « Ni dieu, ni maître »

De la justice dans la Révolution et dans l’Eglise, 1858 :

« En elle-même, la femme n’a pas de raison d’être ; c’est un instrument de reproduction qu’il a plu à la nature de choisir de préférence à tout autre moyen.

(…) La femme n’en reste pas moins inférieure à l’homme, une sorte de moyen terme entre lui et le reste du règne animal.

(….)La différence des sexes élève entre eux de même nature que celle que la différence des races met entre les animaux. Aussi, bien loin d’applaudir à ce qu’on appelle aujourd’hui l’émancipation de la femme, inclinerais-je bien plutôt, s’il fallait en venir à cette extrémité, à mettre la femme en réclusion."

Laure CAILLE

LAÏCITE ET DROITS DES FEMMES : REGARDS CROISES.

LMS,/ Commission laïcité de la CLEF. Janvier 2014

Les réflexes du dominant peuvent avoir la vie dure. Croire que ce qui est bon pour les hommes (avec le grand H de l’espèce tout entière, ajoutent généralement les hommes avec un petit h) le sera inéluctablement pour les femmes, ne résiste pas à l’examen.

En retour, que la sécularisation des sociétés soit une condition impérieuse de l’évolution positive de la situation, faite aux femmes ne fut pas d’emblée une évidence pour toutes les féministes et nécessita un temps de maturation.

Mais c’est à un étrange retour des choses que l’on assiste aujourd’hui et je laisserai le soin à nos amies Chahla Chafiq et Soad Baba Aïssa de nous dire leur sentiment sur ce féminisme confessionnel relativiste et et différentialiste que nous voyons fleurir aujourd’hui, avec la bénédiction aveugle ou complice, sincère ou intéressée de politiques et militant-e-s divers.

Nous évoquerons aussi L’EDUCATION DES FILLES, depuis toujours, un enjeu décisif.

« Si c’était la coutume d’envoyer les petites filles à l’école et de leur enseigner méthodiquement les sciences comme on le fait pour les garçons, elles comprendraient les difficultés d tous les arts et de routes les sciences aussi bien qu’eux », disait déjà, en 1405 Christine de Pisan, dans son livre visionnaire La Cité des dames

C’est aussi Condorcet et les salonnières qui militent pour faire accéder les femmes, « aux lumières de la connaissance et de la raison »

Au 19ème siècle, avant que la loi de 1901 leur offre un nouvel espace d’engagement associatif, les femmes, exclues du forum, vont particulièrement s’impliquer dans les « niches » militantes que l’on voulait bien leur laisser, surtout celle aussi essentielle que l’éducation. On retrouve des femmes liées au courant Saint-simonien, s’engageant pour cette cause. Elles sont présentes dans les cercles républicains très actifs à la fin des années 1860, bien décidées à « sortir les filles des genoux de l’Eglise ». Françoise Thiriot vous parlera de ces mères fondatrices de l’école laïque

Il faut souligner combien cet enjeu de l’éducation publique pour les filles, où se joue la résistance à l’oppression et leur émancipation, est toujours d’une brulante actualité. Que l’on pense à l’Afghanistan de talibans, et au combat de Malala Youzafzai au Pakistan

ETAT LAÏQUE ET REFLEXES CONSERVATEURS

Malgré son exemplarité indéniable en matière de laïcité institutionnelle, la société française a continué à avoir un rapport ambigu avec un ordre moral aux relents clairement religieux. Les exemples ne manquent pas, qui témoignent de ces pesanteurs dès lors que les femmes sont en cause: La loi sur le divorce de 1884 est l’exemple d’une loi qui s’affranchissait clairement de la tutelle religieuse sur le plan juridique et moral. Or, elle souleva l’opposition virulente de beaucoup d’hommes politiques, pour qui cette loi remettait en cause le « caractère indissoluble du mariage » et représentait « la porte ouverte à l’immoralité ». Cela vous rappelle certains slogans récents ? A moi aussi.

Mêmes hystéries d’hémicycle, lors de l’aventure du Planning Familial et de la contraception. Qu’il ait fallu attendre jusqu’en 1974 les décrets d’application de la loi votée en 1967 en dit long sur la hâte qu’avait la représentation parlementaire de permettre aux femmes la maîtrise de leur fécondité !

Laure CAILLE

LAÏCITE ET DROITS DES FEMMES : REGARDS CROISES.

LMS,/ Commission laïcité de la CLEF. Janvier 2014

Quant à la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, on se souvient du climat haineux et des injures que dut subir Simone Weil. Là encore, on put mesurer la force des conservatismes au fait que la loi de 1975 dut être votée seulement pour une période de 5 ans et qu’elle ne devint définitive qu’en 1979.

Qui eût pu croire que le gouvernement espagnol oserait remettre en cause, contre l’avis de l’immense majorité de sa population, le droit des femmes à une maternité choisie ? Et que dire des commandos intégristes de LAISSEZ LES VIVRE, et de CIVITAS qui, loin d’avoir baissé la garde, continuent à bafouer tout à la fois les droits des femmes, les lois de la République et l’ordre public.

PERSPECTIVES

Pour contrastées que soient parfois les avancées respectives de la cause laïque et de celle des femmes et pour insuffisantes qu’elles puissent nous sembler, nous ne devons jamais perdre de vue l’essentiel : en créant les conditions du respect de la liberté des autres, la laïcité est le meilleur garant de sa propre liberté. Là où le communautarisme ne crée qu’une identité de la ségrégation et du rejet, l’idéal laïque, se propose de construire une identité de rassemblement. Sans laïcité, pas de liberté de conscience et soumission obligée à un référent hétéronome et coercitif ; pas de possibilité de s’émanciper du déterminisme du clan, du groupe, pour qui la coutume et la loi divine doivent s’imposer.

Ceci est particulièrement vrai quant il s’agit de la défense des droits des femmes, de leur intégrité physique et morale, de l'affirmation de leur dignité. La libération des femmes passe obligatoirement par la récusation des diktats religieux et des justifications pseudo théologiques d’un ordre systématiquement patriarcal

Nous croyions certains acquis définitifs et nous avons manqué de vigilance. ailleurs et à nos portes mêmes. Les régressions alarmantes auxquelles nous assistons, partout dans le monde et jusque dans les pays les plus avancés nous en font mesurer la fragilité. Je laisse le soin à Martine Cerf et Michèle Vianes d’en énumérer les exemples et de partager avec nous leur expertise en la matière

La litanie quotidienne des attaques, de moins en moins voilées –si l’on ose dire- contre les femmes, la remise en cause des valeurs universalistes, doivent nous interdire la résignation

En ces temps incertains où tout semble parfois chavirer, alors que certains aiment à affirmer que la laïcité serait une curiosité françaises, strictement inexportable, nous nous devons d’écouter ceux –et surtout celles qui paient le plus lourd tribut à nos tergiversations et abandons face à la montée des obscurantismes.

Permettez-moi, avant de passer la parole à nos intervenant-e-s de citer Taslima Nasreen.

« L'exil ressemble pour moi à une sorte d'arrêt de bus où j'attends qui me ramènera chez moi. Et cela fait plus de dix ans que cela dure; Car je ne me sens chez moi dans aucun pays, un sentiment quelque peu écrasant.A moins de considérer comme mon seul foyer l'attachement que me montrent tant de femmes dans le monde. L'affection que je reçois des rationalistes, des libres-penseurs, des humanistes et des défenseurs de la laïcité est, en fait, la seule vraie patrie qui me reste. »

Voila qui doit nous donner beaucoup d’espoirs et beaucoup de responsabilités.
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