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mouvement des femmes Iraniennes

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Sunday, April 06, 2014


A l’écran, la parité est rentable

Le Monde.fr | 04.04.2014 à 18h09 • Mis à jour le 04.04.2014 à 18h14
Une image de "La Reine des neiges", de Chris Buck et Jennifer Lee

Une femme en tête d’affiche serait synonyme d’échec au box-office. C’est pourcontrer cette croyance hollywoodienne que FiveThirtyEight – site américain spécialisé dans le journalisme de données fondé en 2008 par Nate Silver, connu pour avoir été un des premiers à prévoir les victoires d’Obama en 2008 et 2012 – a analysé 1 615 films sortis entre 1990 et 2013 aux Etats-Unis et auCanada en croisant leurs recettes au box-office recensées par le site The Numbers et leur degré de sensibilité féministe tel qu’établi par le test de Bechdel avec le site Bechdeltest.

Le test de Bechdel, nommé d’après la dessinatrice américaine Alison Bechdel et sa planche The Test parue en 1985, vise à mesurer l’importance des personnages féminins dans une œuvre à partir de trois critères : la présence d’au moins deux femmes nommées dans le film, le fait qu’elles aient une conversation ensemble, et que cette conversation ne porte pas sur un personnage masculin. « Si les critères sont remplis, les personnages féminins ont un minimum de profondeur », explique le journaliste de FiveThirtyEight, Walt Hickey.
« SEULEMENT LA MOITIÉ »
Sur les 1 794 films sortis entre 1970 et 2013 évalués par les internautes sur le site Bechdeltest, « seulement la moitié a au moins une scène dans laquelle une femme parle à une autre de quelque chose qui n’a rien à voir avec un homme », observe Walk Hickey, en notant que des succès aussi récents qu’Avengers ouVery Bad Trip 3 échouent au test.
En se penchant sur les 1 615 films sortis ces vingt dernières années figurant aussi bien sur The Numbers que sur Bechdeltest, l’équipe de FiveThirtyEight a remarqué que les longs-métrages passant le test ont coûté beaucoup moins cher. « Ils avaient un budget médian de 16 % inférieur au budget médian de tous les autres films de l’échantillon », affirme Walk Hickey. Un écart encore plus flagrant quand on compare le budget médian d’un film passant le test avec celui d’un film y échouant : environ 30 millions de dollars pour le premier contre 50 millions pour le deuxième, soit un écart de 35 %.
UNE IDÉE REÇUE DÉMENTIE PAR LES CHIFFRES
« Les gens d’Hollywood nous disent que cette différence s’explique par le fait que ce sont les hommes qui tiennent les cordons de la bourse et qui contrôlent le processus créatif. On nous parle aussi d’une croyance qui dirait que les publics – aussi bien aux Etats-Unis qu’à l’international – n’aiment pas les films avec des personnages féminins forts », observe Walt Hickey. Une idée reçue démentie par les chiffres. En 2013, aux Etats-Unis et au Canada, 1 dollar dépensé dans un projet validé par le test de Bechdel a rapporté 1,37 dollar, soit 0,37 cents de plus qu’un film présentant moins de deux personnages féminins importants.
Des résultats qui font espérer à Walt Hickey que le temps viendra bientôt où « ces données financières l’emporteront sur les rumeurs et les préjugés qui limitent le budget de films faits par, pour et sur les femmes ».  Une révolution est peut-être en marche : La Reine des neiges, qui a comme héroïnes deux sœurs, est devenu le mois dernier le plus gros succès de tous les temps pour un film d'animation (mais n'occupe que la 14e place au classement du box-office des films ayant réussi le test de Bechdel).
Reste à voir si ces films moins chers et plus rentables sont aussi plébiscités par la critique, une donnée que ne prend pas en compte l’analyse de FiveThirtyEight, mais que Walt Hickey promet d’examiner dans le futur.
Florence Stollesteiner

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