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mouvement des femmes Iraniennes

mouvement des femmes Iraniennes

Monday, February 02, 2015

Martine STORTI

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Et si les hommes retournaient à l’école (1er février)Version imprimableSuggérer par mail
S’agissant de l’école de la République, il est beaucoup question, ces dernières semaines, à coup de métaphores guerrières un tantinet inquiétantes, de « professeurs sur le front », ou « en première ligne », surtout quand ils travaillent dans des établissements scolaires qualifiés de « sensibles » ou de « difficiles ». Ce qui n’est guère souligné, c’est que sur le dit « front », si « front » il y a, ce sont majoritairement des femmes qui y sont.
Les chiffres l’indiquent clairement : les femmes représentent plus de 70% des personnels de l’Education nationale (82% pour l’école maternelle et élémentaire, 60 % des professeurs du second degré, 71 % des personnels d’éducation, 90% des médecins scolaires, quasi-totalité des personnels administratifs et sociaux…) Il n’y a que dans les échelons élevés de la hiérarchie que cette proportion s’inverse :  par exemple l’inspection générale comprend à peine 30 % de femmes, et ce n’est pas, on en conviendra par manque de vivier ! Quand est relevé que ce sont plutôt les enseignants débutants qui sont nommés dans les établissements difficiles, ce qui est en effet hors de tout bon sens (mais les plus anciens rechignent à y aller ou à y rester), il faut préciser qu’il s’agit souvent de jeunes femmes.
 Les raisons de cette féminisation sont bien connues : « conciliation vie familiale et professionnelle » dont en effet les femmes se soucient plus que les hommes, salaires relativement peu élevés, perte de prestige du métier….
 La gente masculine a sinon déserté du moins s’est éloigné de l’institution scolaire, chaque décennie un peu plus et c’est regrettable. Il faut développer la mixité des personnels scolaires. L’enjeu n’est pas dans l’incarnation d’une figure autoritaire que les hommes sauraient mieux assumer que les femmes. Non, l’enjeu est d’affirmer une mixité de la prise en charge institutionnelle de l’éducation, montrer que celle-ci n’est pas, ne doit pas être le seul domaine et la seule responsabilité des femmes, surtout quand tel est déjà le cas dans nombre de familles, et pas seulement les familles monoparentales (rappelons que cette appellation neutre  désigne une réalité qui ne l’est pas, puisque dans la plupart des cas le parent en charge des enfants est la mère.)
 On souligne abondamment les difficultés rencontrées dans certaines classes pour enseigner tel ou tel auteur ou telle ou telle période historique, au nom d’un interdit religieux ou s’affirmant tel, en l’occurrence islamique. A été ressorti des tiroirs le rapport dit Obin de l’inspection générale, et sont particulièrement cités les passages relatifs à ces difficultés.
Mais bizarrement il est fait silence sur un autre aspect important de ce rapport (et d’autres études, livres, actions, faits divers ont suivi qui allaient dans le même sens) à savoir la situation vécue par des filles dans certains collèges, lycées et quartiers, dans un mélange d’injonctions religieuses, identitaires et virilistes : surveillance par les grands frères, quasi interdits vestimentaires parce que trop sexués comme la jupe ou le jean serré, mixité dénoncée dans des lieux forcément mixtes comme les cinémas ou les centres sociaux, affirmation des inégalités de sexe, confusion entre masculinité et machisme…
 Face à des adolescents dont certains sont élevés dans une religion qui prône encore la séparation des sexes dans bien des domaines et qui ne considère pas l’égalité entre les filles et les garçons comme une priorité de son message, il est indispensable d’augmenter la mixité des personnels présents dans les établissements scolaires, quelle que soit la fonction exercée.
Il est tout aussi indispensable de développer l’éducation à l’égalité, qui passe par la mise en cause des stéréotypes, par l’affirmation de la pluralité des figures du masculin et du féminin, des manières d’être fille et garçon, femme et homme. Or il faut se souvenir de la bronca qui a eu raison des ABCD de l’égalité mis en œuvre au cours de la dernière année scolaire, bronca qui a vu se nouer une alliance entre des personnes et des groupes se revendiquant les uns de la religion musulmane, d’autres du catholicisme, d’autres de l’extrême droite et de la droite, tandis que des intellectuels médiatiques tels Alain Finkielkraut ou Michel Onfray expliquaient l’un que ces ABCD visaient à « remodeler l’humanité », l’autre qu’ils empêchaient d’apprendre à « lire, à écrire et à penser ». Rien que ça.
 Les assassinats de début janvier ont suscité un rappel de la nécessaire laïcité et des valeurs républicaines. La mixité, l’égalité filles-garçons en sont des composantes essentielles. Il est urgent de les réaffirmer au sein de l’institution scolaire.
Cela n’empêchera sans doute pas certains de confondre maniement de la kalachnikov avec la virilité, mais on peut espérer contribuer ainsi à en dissuader beaucoup.

 
Pauvre Badiou (31 janvier)Version imprimableSuggérer par mail


 
Dans un long papier (Le Monde du 28 janvier 2015) Alain Badiou nous explique que, « le monde est investi en totalité par la figure du capitalisme global » et qu’en conséquence,  la « version libérale de l’Occident », la « version autoritaire et nationaliste de la Chine et de la Russie », la « version théocratique des Emirats », ne sont que des versions du « même monde réel ».
On aimerait savoir ce qu’en pensent les femmes et les hommes qui vivent dans les différents pays ou zones cités. Quoique cette pensée ne doit guère intéresser Alain Badiou puisque de toute façon la pièce historique qui se joue est un « trompe l’œil ».
 Au début des années 30 du siècle dernier, le parti communiste allemand considérait lui aussi que la social-démocratie et le national-socialisme étaient les deux faces d’un même monde et  estimait donc inutile de s’allier avec des « sociaux-traitres » pour empêcher l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Le résultat de cette fine analyse et de cette pertinente stratégie politique est connu.
Pour faire droit à la comédie, il faut rappeler que 40 plus tard, au début des années 70, les maoïstes français considérait qu’entre le régime pompidolien et le fascisme, la différence n’était pas plus épaisse que celle d’une feuille de papier à cigarette.
Au moins Badiou est-il fidèle à lui-même !
30 janvier 2015

 
Esprit du 11 janvier, es-tu (encore) là? (27 janvier2015)Version imprimableSuggérer par mail
Si les assassinats de janvier ont été commis en France, s’ils ont été accomplis par des Français, il ne faut pas pour autant oublier qu’ils renvoient à des enjeux internationaux et à des mouvements politico-religieux qui n’ont pas que la France et des Français dans leur ligne de mire. Ni qu’il existe des réseaux djihadistes organisés, des milices constituées, une politique qui a des objectifs précis ciblant des pays européens et peut-être l’Europe en tant que telle.
Le terrorisme et la barbarie islamistes, sous différentes appellations, ont déjà commis des attentats dans d’autres pays du monde, à commencer par celui du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis, tandis qu’ils tuent, violent, enlèvent, réduisent en esclavage chaque jour dans plusieurs endroits de la planète.
 Pourtant au cours de ce mois de  janvier le débat en France est devenu très vite presque exclusivement franco-français, comme si le moment politique n’était que franco-français alors qu’il est international. Et devenant franco-français, il s’est immédiatement installé, je devrais plutôt dire rabattu sur des polémiques présentes antérieurement.
 Quand je dis « débat » je ne suis pas certaine d’utiliser le mot juste. Plus qu’à un débat en effet j’ai le sentiment d’assister, pas toujours certes mais quand même souvent, aussi bien dans les médias audiovisuels, dans la presse écrite ou sur des sites internet, à une juxtaposition de points de vue, à l’énoncé d’analyses opposées les unes aux autres, chacun voyant dans ce qui s’est passé d’abord et avant tout la validation de sa grille de lecture, la confirmation de ce qu’il pensait déjà avant. Bref on est plutôt dans le registre du « je vous l’avais bien dit mais vous ne m’avez pas écouté », avec une sorte de correspondance à la fois inversée et exclusive d’opinions.

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