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mouvement des femmes Iraniennes

mouvement des femmes Iraniennes

Tuesday, March 12, 2013

Etre femme dans une Méditerranée en pleine mutation, enjeux pour la démocratie



                                                                                                   Briseida Mema
En ce début de XXIème siècle, les pays de la Méditerranée sont parcourus par des mutations politiques et sociologiques fondamentales,  qui ont et qui auront sans aucun doute des conséquences durables sur la place des femmes dans  la construction d’un espace démocratique de la région.  Elle demeure imprégnée  par les conflits ethniques ou politiques (les Balkans, le Liban, Israël Palestine), des dizaines d’années de régime dictatoriaux fondées sur des projets idéologiques différents mais tout aussi oppressants pour les défenseurs des droits humains et des droits des femmes (Espagne Franquiste, Portugal de Salazar, l’Albanie isolationniste de Hoxha, les régimes autoritaires issus du panarabisme ou post coloniaux en Egypte, Syrie, Libye, Tunisie, Algérie ou Maroc).
 Dans ce contexte de  grande mutation, de transition  économique et politique les femmes  ont prové et prouvent qu’elles veulent trouver leur place. Les organisations de femmes, les journalistes, la société civile en général sait qu’il ne faut pas manquer cette chance, qu’il en va de l’avenir démocratique des rives de cet espace riche d’histoire et de culture. En même temps, elles savent que rien n’est jamais acquis, que les traditions restent encore utilisée à l’encontre de leur émancipation, et que même le concept de démocratie peut être instrumentalisé de manière perverse contre leur propres droits.
En effet, les femmes qui dans leur histoire se sont battues pour l’éducation d’abord, puis pour le droit de vote, peuvent-elle se contenter de l’idée de démocratie réduite au seul suffrage ? Une constitution, une élection, peut-elle être seule garante du droit fondamental à devenir sujet de l’histoire, et ne plus être uniquement définie par rapport aux clichés inscrits dans des traditions ancestrales. D’un autre côté, dans une période de crise économique qui n’a pas de frontières, les femmes demeurent les premières victimes de la précarité économique et sont dans des situations de grande  vulnérabilité lors des processus migratoires,  pouvant déboucher sur la traite et l’expansion des industries du sexe. Malgré la prise en compte  des violences faites aux femmes par les instances internationales, et régionales, l’impunité dont continuent de bénéficier trop souvent les auteurs de ces crimes sur tous les continents constitue la faille qui empêche les femmes de devenir durablement, des citoyennes à part entière.
Il serait trop facile cependant de réduire les femmes à une position victimaire. En effet, être une femme en Albanie, en Algérie, en France, au Maroc, au Liban, en Italie, en Egypte n’est pas juste synonyme d'intolérance, de discrimination, de violence et d'injustice mais surtout  du combat pour plus de droits, plus de libérté,  plus de démocratie.
Il ne peut exister de démocratie sans les femmes . La vraie démocratie doit être le reflet de leurs visages,  de leurs coeurs, de leurs dignités pour avoir traversé, souvent  dans la pénombre et hors projecteurs médiatiques, les grands bouleversements qui ont touché les sociétés malgré la diversité des situations, des évolutions et même des révolutions ! C’est donc dans ce jeu de clair-obscur que surgissent les femmes symboles qui vont faire la une des médias, et devenir des modèles des contextes politiques les plus contradictoires.  Les exemples parlent d’eux même :
Une femme en niqab au chevet d'un blessé comme icône des " printemps arabas ",  a été le choix du World Press 2011. Cette photo a été prise le 16 octobre 2011 par Samuel Aranda dans une mosquée de Sanaa au Yémen, transformée en hôpital de campagne lors des affrontements avec les forces du président Saleh.
En octobre 2001, le prix Nobel de la Paix a été décernée à  la Yéménite Tawakul Karman, adversaire acharnée  d'un pouvoir autoritaires arabes partagés des rives de l'Atlantique aux eaux du Golfe, qui a crée le groupe de défense des droits humains des Femmes journalistes sans chaînes en 2005 ,pour défendre en premier lieu la liberté de pensée et d'expression conjointement avec les Libérienne Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee[1].
Ces trois femmes furent   dans  l'espoir que ce prix " contribuera à mettre fin à la répression dont les femmes sont toujours victimes dans de nombreux pays et à exprimer le grand potentiel  qu’elles peuvent représenter pour la paix et la démocratie".
Porteuse de l'espoir, de la vie et d'inspiration, l'Albanie a aussi eu l’honneur de voir une de ses femmes recevoir le prix Nobel de la Paix, et pas des moindre ! Mère Teresa , religieuse catholique indienne, d'origine albanaise, fut récompensée en 1979 pour son engagement caritatif auprès " des plus pauvres " en Inde où elle avait fondé la congrégation de religieuses " les Missionnaires de la Charité ", avec qui elle entreprit  partout dans le monde sa mission en faveur des plus démunis.
 "Par mon sang, je suis albanaise. Par ma nationalité, indienne. Par ma foi, je suis une religieuse catholique. Pour ce qui est de mon appel, j'appartiens au monde ", avait-t-elle écrit peu avant sa mort en 1997, à l'âge de 87 ans.
Ces femmes icônes du temps présent, qui ont fait de leur vie un combat pour la dignité  ne représentent que la partie immergée de l’iceberg. Derrière elle, il y a des millions d’anonymes qui comme elles mènent un combat au quotidien pour plus de liberté, plus de  dignité, plus de démocratie malgré  des situations sociales, politiques et culturelles qui sont souvent autant d’obstacle dans leurs parcours déterminé.
La condition des femmes reste l’enjeu central de la démocratie partout dans le monde, que ce soit dans des pays développés comme la France mais aussi dans des pays avec des démocraties fragiles comme le Maroc ou l'Albanie :
Plus de 120 femmes sont mortes  en 2012 en France sous les coups de leur conjoint. Selon les derniers chiffres officiels, près de 2% des femmes  en France ont subi, en l'espace de deux ans, des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

Au moins 23 femmes ont été tuées aussi en  2012 suite aux violences conjugales  en Albanie, pays qui ne compte que trois millions d'habitants. Selon des chiffres des organisations non -gouvernementales en Albanie une femme sur  trois est  victime des violences.
Au Maroc, pays de 32 millions d'habitants, près de six millions de femmes sont victimes de violences, dont plus de la moitié dans le cadre conjugal, selon des chiffres récemment fournis par le gouvernement.
Entre privations, frustration et statut supérieur de l'homme reconnu par l'islam les femmes en Egypte  sont également objet   d’agressions quotidiennes . Face à la montée des  extrémismes religieux et à la régression de leurs droits, la liberté des Égyptiennes est plus que jamais un combat.
En tant que femmes journalistes, nous gardons en mémoire les images diffusées par les médias sur la place Tahir au  Caire où lorsque  la journaliste de France 3, Caroline Sinz, a été agressée. Elle a été frappée, dénudée, traînée au sol, et agressée sexuellement ;c’est la liberté d’expression et d’information de toutes les femmes qui ont choisi cette profession qui est aussi en jeu.
 À la lisière de Boulak, le quartier de la presse où siègent les plus grands quotidiens, six salafistes ont investi un salon de coiffure, lançant des menaces de mort à l'encontre des femmes aux cheveux découverts.
Dans un supermarché de Nasser City, des femmes voilées agressé physiquement celles  qui faisaient leurs courses tête nue. À Alexandrie, des bandes de salafistes ont saccagé des plages et détruit les cabines de bain pour dissuader les femmes de se baigner.
Des cas qui nous font poser des questions .Comment devenir sujet, quand les femmes sont à  ce points réduites à la violence , à leur apparence corporelle  ou  soumise au diktat du religieux?
Dans les même temps, le tourisme sexuel et la traite des femmes aux fins d’exploitation sexuelle continue à se développer dans notre bassin méditerranéen en pleine mutation.  Chypre, demeure une plaque tournante des réseaux criminels organisés. La Grèce, l’Espagne, la Croatie, la Serbie, le Liban, et l’Albanie sont à la fois lieu d’origine, de transit et de destination de ces femmes, objectivées à l’extrême, pour une demande masculine liée à une vision archaïque de la sexualité humaine, dont tirent profit à la fois l’industrie du sexe officielle et les réseaux criminels transnationaux organisés.  La plupart des programmes internationaux de prévention  se centrent principalement sur les pays d’origineEt on oublie :cette forme de violence est un tango à deux. Sans pays de destination, il n’y aurait pas de pays d’origine. Sans demande, il n’y aurait pas d’offre.
 …Le 25 novembre 2012  plusieurs milliers de personnes manifestaient à Paris  contre les violences faites aux femmes. Le même jour pour les mêmes raisons  à Tirana plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées  dans une marche silencieuse humaine..  Le 8 décembre 1012, à Rabat une chaîne humaine  à également protesté contre les violences faites aux femmes pour dire que"Les droits de la femme sont des droits humains ».
Il en fut de même dans d’autres lieux du monde et de la Méditerranée.Ce mouvement contre les violences ne s’arrête pas là. Où elles peuvent l’exprimer, les femmes  savent se mobiliser .

 Femmes et démocratie participative

La démocratie a besoin des femmes pour être véritablement démocratique, et les femmes ont besoin de la démocratie pour pouvoir changer les systèmes qui les empêchent, et empêchent les sociétés dans l'ensemble, de réaliser l'égalité.(ONU/Femmes et démocratie)
C'est au travers de la représentation démocratique que les intérêts des femmes peuvent être représentés et leur voix entendue. L'article 7 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) réaffirme l'importance de la représentation des femmes dans la vie politique, sociale et culturelle de leurs pays :
Les  femmes n’ignorent pas ce qu’elles doivent  à la démocratie  .Car la démocratie pour exister vraiment et activement doit  briser les murs de la propagande, de la manipulation , des barrières politiques, sociales et culturelles.La démocratie ne peut exister que si elle est véritablement  paritaire et participative.
                    Une femme entre autres
Le cas de l’Albanie est à ce titre tout à fait intéressant à travers ces quelques cas qui ont été porteurs de messages importants pour toute la société albanaise.
" Une enseignante de Burrel, candidate de l'opposition socialiste, a réussi à arracher la victoire des mains des hommes, qui depuis plus de vingt ans, contrôlaient la ville ", explique, souriante, Tatjana Suka, une habitante de Burrel.
En effet, Adelina Farrici, 43 ans, mère de deux enfants a battu, avec 3 658 voix contre 3 119, le maire sortant Skender Lleshi, candidat de la droite, qui briguait un quatrième mandat.
" C'est une double victoire, pas seulement politique, se réjouit Alisa Bengu, une jeune étudiante. L'important est qu'elle ait réussi après des années à détrôner un homme. C'est un vrai triomphe ! C'est l'esprit d'une ville qui se réveille ! ".
Plutôt que la victoire d'une femme candidate de la gauche à la tête de la mairie de Burrel, son élection a marqué une vraie rupture avec la mentalité de cette ville du nord du pays où l'homme est considéré comme le seul capable d'affronter les problèmes administratifs alors que les femmes  d’ordinaire travaillent dans les champs, s'occupent des enfants et servent leur époux.
" La place de la femme est à la maison, pas à la tête d'une mairie ! ", s'exclama Lulash Marku, ancien employé municipal, manifestement très mécontent de cette nouvelle direction.
" Très peu de gens ont cru dans ma candidature, très peu pensaient que j'étais en mesure de gagner, explique Adelina Farrici, la nouvelle maire, enseignante en mathématiques dans une des écoles de cette petite ville. Nous vivons dans une société dominée par les hommes et pour gagner, il faut faire preuve d'audace et ne pas laisser aux autres décider de notre destin ".

Cet élection prend  du coup une dimension symbolique forte dans un pays où les femmes sont encore peu représentées politiquement. " Ma victoire est dédiée aux femmes et aux filles de Burrel, qui, cette fois, se sont senties motivées pour sortir et voter ", poursuit-elle.
En Albanie, surtout dans les régions du nord, il n'est pas rare en effet de voir l'homme de la famille décider et voter à lui seul pour tous les autres membres du foyer.
" Je pense qu'elles se voyaient en moi, elles voyaient également un avenir pour leurs propres filles. Si elles osent, elles réussiront… Voilà le message que je fais passer et pour lequel je vais combattre ", affirme-t-elle.
Mais Adelina Farrici dit qu'elle doit sa victoire aussi à sa campagne réaliste : " Je n'ai pas voulu faire des promesses que je ne peux pas réaliser, je ne veux pas tromper mon électorat. " Pour elle, son élection est un vrai défi dans une région où la femme doit confier son bulletin de vote à son homme.
Une pratique qui a menée plusieurs organisations internationales à diffuser des campagnes, fortement critiquées, car au lieu d'encourager à mettre fin aux discriminations envers les femmes elles les ont plutôt banalisées (1).
Adelina Farrici a réussi à donner une vraie dimension citoyenne à sa campagne électorale, loin des conflits politiques et des incidents qui ont émaillé la campagne et le scrutin dans plusieurs régions du pays.
Mais le chemin en Albanie la représentation des femmes dans la vie politique reste faible est loin d’être achevé.
" Sur les 140 députés qui siègent au Parlement, 23 seulement sont des femmes ", explique Arta Sakja, responsable du département de la communication auprès du corps législatif albanais. Seulement 16 %… malgré la loi qui oblige les partis politiques à avoir 30 % de femmes parmi leurs candidat-e-s.
Lors des élections du 8 mai, seules 14 des 872 candidat-e-s étaient des femmes.
Selon les résultats préliminaires, sur 65 maires de villes (2), seulement trois femmes, candidates de la gauche, ont réussi à remporter les élections.
Toutefois, il existe une pression croissante des groupes de femmes et de la société civile, des institutions étatiques et des organisations internationales présentes en Albanie en faveur de la promotion de l’égalité des chances. L’opinion publique prend conscience du fait que les femmes sont dignes concurrentes face aux hommes et qu’elles sont capables de réussir.(2).(Les femmes d’Albanie/Regard sur l’Est/Fatime Neziroski)

 De la nécessité de l’implication médiatique sur ces thèmes

Dans une campagne, diffusée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) lors de la campagne électorale pour sensibiliser les électeurs contre le vote par l'homme de la famille, un personnage féminin dit : " Cette maison c'est mon mari qui l'a achetée, la vache c'est mon mari qui l'a achetée, le mari c'est ma famille qui me l'a donné, le vote c'est la démocratie qui me l'a donné ! "
Mais  une question se pose :A quoi sert " le vote donné par la démocratie " si c'est pas pour se débarrasser  d'une réalité imposée par les autres et qui porte atteinte aux droits élémentaires?A qui sert le vote si ce n’est pas pour changer avant tout la situation à l'intérieur de ta famille,pour transformer  le contexte social, économique, politique ?
Une compagne  de sensibilisation menée sur la base des stéréotypes,entrave la participation effective des femmes à la vie publique et politique et la mise en place de mécanisme spécifiques qui favorisent l'augmentation de la participation politique des femmes.
Les droits des femmes  ne doit pas  être instrumentalisée par  des politiques du  moment, encore moins pour être prises en otages par les politiques  de gauche et  comme de  droite, afin d’uniquement correspondre à des critères démagogiques.
La démocratie  exige  que soient renversés les murs des préjugés et d’établir  un Nouvel Ordre de Droit des femmes prenant pour base les conventions internationales, prenant compte la réalité du terrain, le nécessaire changement des mentalités, pour que la citoyenneté pleine et entière des femmes et des hommes et que l’égalité des chances ne soit pas un vain mot vai mais qui soit vu dans toute la complexité.  Y compris la démographie :

               Les filles indésirables

Roza est dans son quatrième mois de grossesse, mais elle se dit prête à risquer sa vie pour ne pas mettre au monde ce bébé.
"La dernière fois, mon mari a failli me tuer, tellement il était violent quand il a appris que je ne pourrais pas lui donner un garçon. Ma belle-mère aussi", confie cette femme de 28 ans, qui ne cache pas son désespoir.
Le futur père entre dans la pièce et apprend la nouvelle. Il ne cache pas sa fureur, parle de chasser sa femme et ses filles du foyer, et apostrophe le médecin: "vous êtes sûr? Dans ma famille, on n'a que des garçons..."
Cet incident, auquel on a pu assister, de nombreux médecins albanais reconnaissent en avoir été témoins, reflétant des schémas traditionnels toujours très ancrés dans les mentalités du pays.
L'écart se creuse à la naissance entre filles et garçons dans des pays d'Asie, comme la Chine et l'Inde, qui forment 40% de la population mondiale, ou le Pakistan ou le Vietnam, en raison des infanticides de filles et des avortements sélectifs de foetus féminins.
Les échographies permettant de connaître (quoique sans certitude) le sexe de l'enfant à naître, en se répandant depuis les années 80, ont accru le phénomène.
Mais cette tendance existe aussi dans les pays du Caucase (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan) ,en Albanie,  selon le Conseil de l'Europe mais aussi  au Monténégro,au Royaume-Uni  ou dans d’autres pays   riverains  de la Méditérranée où ces pratiques sont plus cachées.
"Les familles albanaises, traditionnellement, préfèrent les garçons aux filles pour deux raisons principales: la perpétuation du nom de famille et l'idée que les garçons, devenus adultes, seront des soutiens de famille", relevait en 2005 un rapport réalisé pour le compte du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
"Une fille est perçue parfois comme un lourd fardeau", notamment dans certaines régions rurales, confirme l'anthropologue Aferdita Onuzi.
L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) s'est inquiétée le mois dernier des "proportions inquiétantes" de l'écart entre les naissances de filles et de garçons dans le pays.
Le ratio naturel est en moyenne de 105 garçons pour 100 filles. Mais en Albanie, il s'établit actuellement à 112 garçons pour 100 filles, a indiqué la parlementaire suisse Doris Stump dans un rapport publié en octobre.
Des chiffres contestés par les autorités albanaises qui parlent d'un taux de 100 filles pour 101 garçons.
L'avortement, légalisé en Albanie à la veille de la chute du régime communiste, au début des années 90, est autorisé jusqu'à la douzième semaine de grossesse. Un rapport signé par trois médecins est ensuite nécessaire pour un avortement thérapeutique, censé être réservé aux cas d'anomalie du foetus ou de danger pour la mère.
Depuis 2002, la législation spécifie que la sélection prénatale en fonction du sexe est interdite, expliquent les autorités albanaises. Doris Stump déplore toutefois qu'aucune sanction ne soit prévue pour sanctionner les infractions à la loi.
Dans les hôpitaux, "tout est strictement contrôlé", assure le ministre albanais de la Santé, Petrit Vasili. Le ministre assure que la préférence pour des garçons se manifeste surtout dans les régions rurales, mais qu'elle "n'a influencé en rien la démographie albanaise".
"Certains de ces avortements sont pratiqués dans des cliniques privées ou parfois chez des particuliers qui ne disposent d'aucune autorisation pour le faire", reconnaît toutefois Rubena Moisiu, directrice de l'hôpital spécialisé dans l'obstétrique Koço Glozheni à Tirana.
Elle préfèrerait que les médecins ne révèlent pas aux parents le sexe de l'enfant.
À 15 euros (21$), une échographie est à la portée de tous, quand un avortement en clinique privée coûte 150 euros (210$).
Dans une résolution adoptée à la suite du rapport de Doris Stump, l'APCE a appelé l'Albanie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie, membres du Conseil de l'Europe, à enquêter sur "les causes et les raisons" de ce phénomène et à collecter des "données fiables" pour mieux le cerner.
Doris Stump déplore en effet que les données soient encore insuffisantes.
Les quatre pays sont également appelés à sensibiliser l'opinion publique et le corps médical sur la question.
Selon des experts, le déséquilibre entre femmes et hommes va affecter la démographie, provoquer un recul de la natalité, encourager le trafic de femmes et provoquer insatisfaction et violence chez des hommes qui ne trouvent pas à se marier.

                1)Briseida Mema/prof.dr/Journaliste/Correspondante de l’Agence France Presse à Tirana
                                                                                               



[1] Ellen Johnson Sirleaf est la première femme à avoir été élue présidente d'un Etat africain. Sa compatriote Leymah Gbowee est récompensée pour son travail de mobilisation et d'organisation des femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour mettre fin à la guerre civile et garantir la participation des femmes aux élections.

سیمون دو بوار


الیزابت بَدَنتِر به مناسبت مرگ سیمون دُبووار1986: زنان، شما خیلی به او مدیون هستید!

   امروز، زنان غربی به سوگ نشسته اند. نه تنها میلیون ها زن که کتاب جنس دوم را خوانده اند، بلکه زنانی که ازتجزیه وتحلیل های انقلابی ومبارزات سرسختانه اوبرای برابری جنسیتی، ناخودآگاه بهره مند شده اند.
   ما، دخترانی دبیرستانی، 15-16 ساله و سربراه بودیم که کتاب جنس دوم،اذهان ما را روشن کرد. فکرنمی کنم هیچ کتابی مثل این کتاب وتا این اندازه ازطرف ما تفسیروتمجید شده باشد. سیمون دُبووار، با شرح داستان تاریخ ستم برزنان و با درهم شکستن مفهوم کلی "طبیعت زنانه"، ما را از یوغی هزارساله برگردن آزاد کرد.
   بیاد دارم با خواندن این کتاب، احساس می کردم که درواقع بال درآورده ام. سیمون دُبووار می گفت:  " چون من عمل کنید، نهراسید. رهسپارفتح دنیا شوید، دنیا از آن شماست."   این پیام بقدری روشن ومنصفانه بود که تمامی نسل من آن را درک کرد.
در نظرما، این آموزش سیمون دُبووار، امری قطعی بود که  دیگرنمی شد هرگزازآن به عقب بازگشت.   
سیمون دُبوواربا یک ضربه ی چوبدستی سحرآمیزش به جزم اندیشی مقدس-مذهبی هزارساله ی تفکیک جنسیتی درکار، و درعین حال به یکی از بنیاد های پدرسالاری پایان داد.
محافظه کاران تمامی مراکزمتکی براطاعت بی چون و چرا، می توانستند همچون گذشته به ما بتازند، اما ازاین پس دیگرهیچ چیزنمی تواند ما را متقاعد کند که کانون خانواده حیطه ی زندگی ما ست وبچه داری وخانه داری سرنوشت محتوم ما. سیمون دُبووارازطریق نوشته ها ورفتارش راه درست را به ما شناساند.
 با این وصف، طبیعتا" سیمون دُبوواربرای خوانندگان کتابش الگوئی شده بود. ما آرزوی داشتنِ شهامت، شجاعت و آزادگی او را درسرمی پروراندیم. چه مبارزسیاسی باشیم ویا نباشیم ، ما فمینیست هائی شده بودیم که درملأ عام و درحیطه زندگی خصوصی، علیه ستم های متعددی که او ما را به آنها آگاه کرده بود دست به افشاگری می زدیم.
بدینسان، ما فقط منادی عقاید اونبودیم بلکه احساس می کردیم که دختران معنوی اش هستیم. اگرپی یر ماندس فرانس وژان پل سارتر تجسم ایده عدالت خواهی بودند – به ویژه با مبارزاتشان علیه استعمار- سیمون دُبووار، به خاطر مبارزه اش علیه ستم جنسیتی ، درکنار آنها، درآرامگاه پانتئون برسَریر می نشیند.  ازنظرما، او نیز تجسم ایده زیبای عدالت خواهی بود، زیرا راه های رسیدن به آزادی را برما گشود.
 چه تضادی ونیز چه پیروزی ای! این زن که هرگز نمی خواست بچه دارشود، درواقع مادرمعنوی میلیون ها دختردرسراسردنیا شد. اگربعضی زنان، بعدا" با اوکمی فاصله گرفتند وحتی بعضی دیگربا او قطع رابطه کردند، ولی آنها امروزبه خوبی می دانند که او، بخشی اساسی ازخود آنهاست که به خاک می سپارند. خاک حاصلخیزی که به ما امکان داد که آن باشیم که امروزشده ایم. 
   عده ای دیگراین فرصت راغنیمت دانسته و خاطرنشان خواهند کرد که مراسم خاکسپاری سیمون دُبووار، مراسم خاکسپاری فمینیسم نیزخواهد بود. اما، حتی اگرچنین باشد، جائی برای تأسف نیست. زیرا این امربه سادگی به این معنی است که سیمون دُبووارتمامی مبارزات ایدئولوژیک را به پایان رسانده و درنهایت تمام پیروزی ها را امکان پذیرساخته است .
   آرام بخواب، ای فاتح عزیزسرزمین های ناشناخته- وسرزمین های هنوزدست نایافته - دختران تو فراموشت نخواهند کرد.
                      ترجمه : زهره ستوده- پاریس. مارس 2013
الیزابت بَدَنتِر (متولد 1914) ـ فیلسوف، فمینیست، محقق ومتخصص عصرروشنگری





مستوره افشار



نسل اول کوشندگان 
آزادی زنان ایران
"مستوره افشار" و جمعيت نسوان وطن خواه
سعيد نفيسی
 
سی و دو سال پيش،(اکنون1334است) روزی که تنگ غروب از خانه پدری در آغاز خيابان چراغ برق به راه افتادم تا به جلسه ای که در آن زمان محرمانه ترين محافل تهران بود بروم، چون گذارم به لاله زار افتاد هنوز شهربانی تهران مردان را مجبور می کرد که از يک پياده رو، و زنان را وا می داشت از پياده رو ديگر بروند. در آن زمان به اين شهربانی اداره جليله نظميه می گفتند. با آن که بهترين مغازه های لاله زار که بهترين اجناس را می فروختند در ضلع شرقی اين خيابان جا داشتند- در آن زمان هم چنين بود- و با آن که کالاهايی که بيشتر چنگ به دل زنان می زند در همين ضلع فروخته می شد، آن اداره جليله نظميه آن روزگار عمدا زنان را وادار می کرد که از پياده رو ضلع غربی بگذرند.
زنی نبود که چادری سياه سراپای او را از فرق سر تا مچ پا نپوشانده باشد. شايد به همين جهت که در زير آن چادر صالحه و طالحه، خوب و بد، زشت و زيبا، پيرو جوان، غنی و فقير، مالدار و گدا شناخته نمی شد آنها را جدا «می راندند». مضحک تر اين است که رئيس نظميه سوئدی بود، يعنی از کشوری آمده بود که آزادی خواه ترين کشورهای جهان. 
از اين گونه «شلتاق» ها بسيار به ياد داريم و باز هم بسيار به ياد خواهيم سپرد. 
در آن روزها اگر زنی سوار درشکه کرايه می شد درشکه چی مکلف بود فورا کروک درشکه را بالا بکشد. جای "ژيگولوهای" امروز خالی که جوانان هم مشرب ايشان در آن روزها مکرر دنبال مادر و خواهر و حتی خبر دارم دنبال زن مشروع حلال خود در خيابان افتادند و تا در خانه خود نرسيدند فحش نشنيدند. بيچاره ها (سرشان را بخورد) حق داشتند، زيرا در آن چادر بی پير، کسی پير از جوان و پاکدامن از ناپاک دامن نمی شناخت.

من بار ديگر اين منظره رقت انگيز را در لاله زار ديدم. از کوچه کليسا گذشتم و وارد خيابان علاء الدوله آن روز و فردوسی امروز شدم. با خود می انديشيدم، نقشه می کشيدم، در برابر خطری که ممکن بود پيش بيايد تدبير و چاره در ذهن خود جای می دادم. مگر به دزدی می رفتم؟ مگر می رفتم با جان و مال کسی بازی کنم؟ مگر کسی آتشی افروخته بود و من می رفتم به آن دامن بزنم؟ نه هيچ کدام از اينها نبود؛ بلکه کمتر از آنها هم نبود.

خانم مستوره افشار مرا به خانه ای که با پدر و مادر و خواهران و برادرش در پشت هنرستان دولتی امروز، در خيابان موزه در اجاره داشت به جلسه «محرمانه» و مرد نديده «جمعيت نسوان وطن خواه» دعوت کرده بود. شما نمی دانيد در آن زمان، در آن سی و دو سال پيش، اين چه کار ناکردانی و ناشدنی و ناچار خطرناک و جسورانه ای بود که حتی جوان بسيار جسور بی باک و خود سر و حرف ناشنوی چون من را به انديشه وادار می کرد. به لژ آن کوچه تنگ که خانه معهود در آن جای داشت وارد شدم. دِراول دست راست را زدم. فورا باز شد، پيدا بود که منتظر من هستند. قرار بر اين بود. نوکری نسبتا مسن و خميده مرا از پله های دست چپ بالا برد و وارد دالان کوتاهی شدم. از در اطاقی که در دست چپ بود خانم مستوره افشار که پيش از آن، از چند ماه پيش افتخار شناسايی او مرا دست داده بود بيرون آمد.

مطبوعات تهران در آن روز، با همه پريشانی که در اوضاع بود، با کسانی که دردی در دل داشته و گاه گاهی آن را به زبان می آوردند بيش از امروز مهر می ورزيدند. من چند سالی بود که «سوگلی" مهم ترين روزنامه های تهران شده بودم. در برخی از آنها خانمی هم چيز می نوشت. در باره زنان می نوشت. خوب می نوشت. من هم با او هم دردی می کردم. روزهای اول، يگانه کسی از ميان مردان- مردان جوان، نه جوان مردان- آن روز بودم که يارای آن داشتند از زن- زنی که در زير پرده است، از زنی که نامش را نبايد برد، از زنی که از پياده رو ديگری به جز پياده رو مردان بايد بگذرد- در روزنامه های تهران، علی روس الاشهاد، آشکارا و بی باکانه دفاع کند و حق آنها را بخواهد.
ناچار در ميان من و آن خانمی که در همين زمينه کار می کرد رابطه ای برقرار شد. من تصور کردم که با چادری سياه و روگرفته روبه رو خواهم شد. نامه ای با خط روشن خود به توسط يکی از روزنامه ها، روزنامه نيم رسمی ايران، که آقای زين العابدين رهنما اداره می کرد به من نوشته بود و خواستار شده بود به ديدنش بروم. در همان اطاقی با او روبه رو شدم که امروز جلسه انجمن نسوان وطن خواه در آن تشکيل شده بود.
باور کنيد در ورود به آن اطاق خود را گم کردم و دست و پا را نشناختم. تا مدتی سر به زير افکنده بودم و جرات نداشتم به اطراف و جوانب بنگرم. از اين عجيب تر و نامترتب تر آن زمان چيزی در جهان نبود. گرداگرد اطاق سيزده چهارده تن زنان جوان يا اندکی مسن تر نشسته بودند؛ عجيب تر آن که رويشان باز بود، باز عجيب تر آن که مرا در ميان خود پذيرفته بودند. خانم صاحب خانه بود و سه تن خواهران کهتر از او: توران، آلجای و هايده. خوب به ياد دارم خانم نورالهدی منگنه، خانم خانم های قهرمانی، خانم حاج ميرزا ابوالقاسم آزاد مراغی؛ خانم فخرالدين پاساری، خانم اسکندری را نخستين بار در آنجا ديدم. پيداست مرا برای چه کار در جلسه هيئت مديره جمعيت خود پذيرفته بودند. نخست از قدم ها و قلم هايی که برداشته بودم از من تشکر کردند. چرا تشکر کردند- نمی دانم. مگر من چه کرده بودم؟ برای مادرم، برای خواهرانم، برای دختران و زنان خانواده ام، برای همسر آينده ام، برای دختران آينده ام، برای حق و حقيقت، برای ايران بزرگ، ايران جاودانی من، برای بشريتی که از همه چيز بالاتر است و اگر نباشد هيچ نيست، قدم برداشته بودم. اين ديگر تشکر نداشت.
گفتگوی آن روز ما بسيار ساده بود. طبيعی تر از آن چيزی نبود. می خواستند در آزادی و ترقی زنان به کوشند. می خواستند مجله جمعيت نسوان وطن خواه را داير کنند که به زودی به راه افتاده و يازده شماره آن در سه سال از 1302 تا 1305 به مديریت خانم شاهزاده ملوک اسکندری منتشر شد. من در هيچ کدام از کارهای اجتماعی که در اين زندگی پرشور کرده ام به اندازه اين کار مغرور و مفتخر نيستم و آن را از بالاترين مفاخری که بهره ام شده است می دانم.
در همان روزها اين شعر بسيار لطيف را هميشه با خود زمزمه می کردم و هنوز هم گاهی پيش خود می خوانم:

اين عشق را زوال نباشد به حکم آنک 
ما پاک ديده ايم و تو پاکيزه دامنی 

با کمال جرات می توانم بگويم که درس عفت و پاک ديدگی را نخست در خانواده و پس از آن در مصاحبت با اين زنان بزرگواری که بنيانگذار آزادی و ترقی زنان ايرانند آموختم. 
در ميان ايشان بود که با خود عهد کردم در سراسر زندگی عبادتگاه شبانه روزی خود را خانه و خانواده قرار دهم. حکيم بزرگ ايرانی [ابوالمجده] مجدود بن آدم سنائی غزنوی چه نيکو فرموده است:

بر مدار از مقام مستی پی 
سر همان جا بنه که خوردی می 

من نيز همان جايی را که به جهان آمدم پرستيدم. در همان جا و به همان جا عشق ورزيدم از آن روز تا سال ها، ساليان دراز، مستوره افشار در نظر من بزرگ بود و بزرگ تر می شد. در همان گيرو دار پرده نشينی زنان بود که کنگره نسوان شرق به همت همين جمعيت نسوان وطن خواه ايران در همان خانه با نمايندگان کشورهای مختلف اسلامی تشکيل شد. مستوره در ميان ايشان که از شرق و غرب آسيا و آفريقا آمده بودند چون آفتابی می درخشيد.

من مستوره افشار را در خانه، در اجتماع، در تندرستی، در بيماری، در روزهای خوش کاميابی، در روزهای ناخوش ناکامی، در ميان کشش ها و کوشش های بزرگ جانانه، در ميان پست و بلندهای اين جهان، باری، در زندگی و مرگ ديده ام. زيرا که هنوز پس از مرگ در برابر چشمان من آشکار است و يکی از آشکارترين چيزهايی است که من در جهان، پس از سال ها زندگی، پس از سفر کردن های دراز، پس از کتاب خواندن ها و انديشه کردن های شبانه روزی ديده ام.
با چه شوری به ميدان می آمد و قدم بر می داشت. با چه آهستگی و آراستگی و بزرگواری در راه عقيده ای که داشت گام بر می داشت و چيز می نوشت و سخن می گفت. پدرش مرحوم جمشيد افشار بکشلو مجدالسلطنه به نام «جمشيد اردشير افشار» سه کتاب جالب پيش از جنگ اول جهانی در تفليس انتشار داده است که در آنها شور مخصوصی هست. اين کتاب ها مکرر در جوانی مرا به شور آورده اند. فکر اين مرد در آن روزهای تاريک چنان روشن و آزاده بوده است. در نتيجه همين آزاد فکری آميخته به تعصب شديد مصائب گوناگون کشيده بود. در جنگ جهانی نخست پس از دربه دری به استانبول افتاده و در آنجا مستوره را به همسری داده بودند. شايسته همسری مستوره شدن کار آسانی نبود.
با اين همه تا زنده بود، در اين ديدارهای بسيار که در ميان من و او روی می داد و گاهی هفته ای چند بار يکديگر را می ديديم اين زن فرشته خوی مردانه کوش کمترين اشاره ای به آن تلخ کامی ها نکرد. گويی پادزهری را که در برابر آن سموم جان زدای داشت همين دانست که زنان ديگر را از اين زندگی زهرآگين برهاند. پزشکی بود که دردی را که خود کشيده بود درمان می کرد.
خدايا! با چه ادبی، با چه سادگی، با چه خوشرويی، با چه نظر بلندی و بزرگواری با اين و آن روبه رو می شد؟ هرگز کمترين تظاهر و خودنمايی از او نديدم، هرگز از کار بزرگ خود دل زده و خسته و مانده نشد. می کوشيد و باز می کوشيد و همواره می کوشيد. چه محبت بزرگ، چه پشت کار عجيب در او بود؟ من کسی را مؤمن تر و عاشق تر از او به عقيده و مرامی نديدم. هر وقت کسی می خواست او را بستايد فورا سر مطلب را بر می گرداند و سخن را به جای ديگر می کشاند.
در ادبيات دست داشت؛ مخصوصا ادبيات ترکی و اروپايی را خوب می دانست و خوب درک می کرد. بيان بسيار ساده و روان و قلمی توانا داشت. منطق او بسيار محکم و قوی بود. ايزد هنرآفرين جاذبه ای و قوه استدلال و ايقانی در او آفريده بود که به آن سادگی که داشت همه را به تسليم وا می داشت. در سادگی او سحری بود که پشت همه را از زن و مرد خم می کرد. به محض اين که مراسم 17 دی ماه 1314 که من در آن حضور داشتم برگزار شد فورا به خانه او دويدم. من از شادی سر از پا نمی شناختن با سادگی و ملايمت عجيبی به من گفت: «من بايد به شما تبريک بگويم». اشک از چشمان هر دو روان شد.
من خوب می دانستم که پدرش مرد بسيار متمولی بوده و در ايران و خارج از ايران خانه های مجلل و ملک و باغ و زمين پرسود داشته است. همه اين ها از دستش رفت و در پايان زندگی بيمار و رنجور و بستری شده بود. 
هرگز از اين پيشامدهای تلخ و ناکامی های جانکاه که هزاران آن و دريغ از ديگران بر می آورد سخنی نگفت. گويی اصلا در اين جهان نيست. جز همان راهی که در پيش گرفته بود به چيز ديگر نمی نگريست. چرا بنگرد؟ کسی که می خواست ميليون ها آدمی زاده بدبخت بی سرانجام را از يوغ بردگی برهاند مگر به اين چيزها می نگرد؟
بيچاره کسانی که در پی وجودهای بزرگ اين در و آن در، در اين کاخ و آن کاخ می گردند! بيچاره آن کسان که از يک درم دادن يا يک کف نان بخشيدن کسی که بيشتر برای آن که از او دم بزنند و وی را بستايند اين کار را می کنند سخن می گويند. کرم و سخاوت و فتوت اين بود که مستوره داشت. می سوخت تا ديگران را روشن کند. خود را می کاست تا بر ديگران بيفزايد. 
آنچه من می دانم در 1268 به جهان آمده بود. ناچار در اين روزهايی که بدين جان فرسايی بزرگ سرگرم بود حاجتی به راحت و آسايش داشت. سرطان بر وجودش چيره شده بود. با اين همه باز می کوشيد. در پايان زندگی سرپرستی شيرخوارگاه شهرداری تهران را به او سپرده بودند. نمی دانيد با چه شوری، با چه دقتی، با چه دلسوزی، با چه وظيفه شناسی، با چه خوشرويی و ملاطفتی اين وظيفه را انجام می داد! 
اندک اندک سرطان کار خود را می کرد. او را برای معالجه به اروپا بردند و عمل جراحی هم درد او را از ميان برنداشت. هنگامی که برگشت باز درد می کشيد و باز می کوشيد. گويی کوشش را بهترين داروی آن درد جانکاه می دانست.
در شهريور 1325 چند روزی پيش از آن که چشم از اين جهان بربندد آخرين بار به ديدارش کامياب شدم. ديگر نيرويی در پيکر لاغر و رنج کشيده او نمانده بود. با همان حال چشمان بی فروغ را که چند روز ديگر می بايست فرو بندد گشود، از خانه و زن و فرزندانم پرسيد. چون مرا خشنود ديد گويا نفسی به راحتی کشيد. چشمان را به حال رضايت بست. آنی نگذشت که دوباره آن ديدگانی را که اين همه نگران آزادی زنان ايران بود گشود و باز از آرزوهای خود در همين راه با من سخن گفت.
کسی که آن همه با شرم و آهستگی و ملايمت سخن می گفت اين بار باز هم آهسته تر سخن می گفت. اما مگر شوری که در دلی هست حاجت به ترجمانی نارسا چون زبان دارد؟ مگر آتش زبان دارد؟ مگر سخن ناگفته نمی توان سوز درون را در جهان افشاند؟ ای بسا خاموشی ها که در اندرونشان تيزترين آتش ها خفته است و نهفته است!
اينک او خفته است، اما آتش درونش را من هنوز حس می کنم. هر جا که سخن از حق زن و آزادی زن و مقام زن می افتد به ياد او هستم.
دو داستانی را که در باره بدبختی زنان ايران نوشته ام به نام او پرداختم. هميشه نام وی در بالای آن سطور خواهد درخشيد. آفتاب غروب می کند، اما پيکری که از دم آن گرم شده است از آن گرما می بالد و خود را می پرورد و جان می گيرد و اين گرمای جان بخش تا قرن ها از اين پشت به آن پشت و از اين نسل به آن نسل باقی می ماند.
آتش خاموش می شود اما شعله ای و شراره ای که از آن تافته است کار خود را کرده، ديده ای را فروغ بخشيده، برهنه ای را از مرگ رهانده، کودکی را به کف زدن و پای کوبيدن و شادی کردن سرگرم کرده، راهی را از بيراهی نجات داده است، از همه بالاتر، در آن دمی که خاموش می شد، هنگامی که می خواسته است بازمانده جان خود را نيز در راه ديگران فدا کند، آتش ديگر را روشن کرده، چوب خشکی را فروزان و تابان کرده است که می گويد اين آتش خاموش شده است؟!

تهران 18 دی ماه 1334 

راه توده 163 21.01.2008

8 Mars



En ce jour du 8 mars, journée internationale de luttes des femmes, un rappel de l’origine de cette journée et son évolution.
Bien à vous.
Monique.

Monique Dental
Présidente du Réseau Féministe "Ruptures"
01 42 23 78 15 – 06 73 44 78 65




Déclaration du Réseau Féministe « Ruptures »
« A propos du 8 Mars, Journée internationale de luttes des femmes »


Le 8 mars est proche. Et de nouveau bien des médias vont évoquer la journée de « la » femme. Or, la femme n’existe pas. Nous ne l’avons jamais rencontrée. Ce stéréotype, qui procède d’une vision a-historique, véhicule une idéologie sociale fossilisée visant à affadir la réalité et à gommer les conflits toujours présents. Le 8 mars s’inscrit au contraire dans une dynamique reliant le passé et le présent, les luttes des femmes d’autrefois et celles d’aujourd’hui.

L’origine du 8 mars remonte au 8 mars 1857 marqué par une des premières grèves de femmes qui oppose les ouvrières du textile à la police de New York qui charge, tire et tue. Cette date est toutefois contestée car aucune mention n’en est faite dans les sources américaines de l’époque. Par la suite, la journée internationale des femmes s’inscrit dans le courant socialiste et communiste. A partir de 1909, des femmes socialistes américaines prennent l’initiative d’organiser chaque année une journée nationale des femmes pour l’égalité des droits civiques. C’est à la 2ème Conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague, en août 1910 que Clara Zetkin, dirigeante du Mouvement socialiste féminin allemand, s’inspirant de leurs actions, appelle à célébrer chaque année une journée internationale d’action des femmes. La décision est avalisée par le Congrès de l’Internationale qui suit. En 1911, la première journée fêtée obtient, en Allemagne et en Autriche, un succès immense. Plus de 30 000 femmes défilent dans les rues de Vienne. En 1913 et 1914, en Russie, les femmes socialistes célèbrent la journée internationale des ouvrières. Mais c’est seulement le 8 mars 1914 qu’a lieu la première journée internationale des femmes. Le thème unificateur : « Le vote pour les femmes unira nos forces dans la lutte pour le socialisme » n’affirme pas seulement leurs convictions socialistes, mais aussi leur refus de l’enfermement au foyer, de la double morale sexuelle et leur volonté d’émancipation politique. Le 8 mars 1917, une manifestation des femmes de Pétrograd « Pour le pain, contre la guerre et le tsarisme » donne le signal de la révolution russe.

Les années 1970 avec le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) marquent un tournant important. En effet, cette période se caractérise par la mobilisation des femmes partout dans le monde qui témoigne de mouvements féministes organisés de façon autonome. Des milliers de femmes revendiquent le libre choix de la maternité et l’avortement libre et gratuit, affirmant par là même que la lutte des femmes n’a pas de frontière. Ce qui fonde cette solidarité, c’est le refus commun d’accepter le rôle et la place choisis pour les femmes. En France, le 8 mars 1976, change d’appellation et devient la journée internationale de solidarité avec les luttes des femmes dans le monde. Cette volonté des féministes de prendre leurs affaires en mains est réitérée le 8 mars 1978 par le mot d’ordre : « Nous vivrons ce que nous changerons ». Le contenu du 8 mars n’est donc plus centré sur les femmes travailleuses, mais sur la situation de toutes les femmes dans l’unité de leur oppression de sexes et la diversité de leur situation sociale.

C’est en 1975 que l’ONU fait du 8 mars une journée officielle. Yvette Roudy, première ministre des Droits des Femmes fera du 8 mars 1982 une journée chômée et payée, mais cette initiative n’a pas eu de suite. 

Pour les mouvements féministes d’aujourd’hui, la journée du 8 mars célèbre la mémoire de toutes les femmes dans l’histoire - et de quelques hommes - qui ont contribué par leur imagination, leur vaillance et leur persévérance, à forger cette tradition de luttes pour les droits des femmes. D’autre part, les anniversaires appellent des bilans pour mesurer les chemins parcourus et faire un état des lieux, pour reprendre son souffle et poursuivre l’action contre les inégalités et les exclusions dont sont encore victimes les femmes. Telle est la portée de la journée symbolique du 8 mars. 

Paris, le 1er mars 2013.

Contact Monique Dental
L’Ethique, entre Désir et Droit
Albi Tarn
 
Colloque

                  Samedi 4 Mai de 9 Heures à 17 heures
                          Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) rue des trois Tarn

Programme :

9H accueil

9H30 Le Désir – Marie- Jean SAURET- Psychanalyste et Professeur de Psychanalyse à l’Université de Toulouse Le Mirail

10H15 L’évolution du Droit -  Michel Miaille - Professeur de Droit
Constitutionnel

11H L’Ethique- Colette Charlier -Professeure de philosophie

11H45 débat

14H à 16H travail en atelier
-       Le droit à l’enfant -
-       Le droit à la sexualité -
-       Le choix de sa fin de vie
16h Table ronde avec les intervenants

Inscription à renvoyer à  Suzanne Millet 8 rue Prosper Masson 81000 Albi
Téléphone :  05 63 54 96 39
Mail : mjf.jeunesfemmes@gmail.com

http://mouvement-jeunes-femmes.over-blog.fr/

Tout public 15 €, en recherche d’emploi et étudiant 5€

Présidente : Marie-Cécile Moullin
courriel : Mvt.Jeunes.Femmes@gmail.com
adresse postale: Chemin des Vignes
81800 MEZENS
tel:06 78 91 82 89

Mouvement Agréé d'Education Populaire

http://mouvement-jeunes-femmes.over-blog.fr/

sport


À la Rencontre d'Annie Sugier

Échange autour de son livre Femmes voilées aux Jeux Olympiques (ou Les femmes courent-elles moins vite que les Noirs ?)

Ana Pak : Comment et à quel moment as-tu été sensibilisée à cette lutte : l'exclusion des femmes du monde du sport ou le fait d'imposer leur présence voilées ?

Annie Sugier : D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été révoltée par le simple fait de savoir qu’il existait des pays où les femmes étaient voilées. La première fois que j’en ai vue j’ai été littéralement choquée : c’était à Londres il y a bien longtemps. Mais c’est en 1979 avec l’arrivée au pouvoir en Iran de Khomeiny que l’évidence s’est imposée : ce « morceau de tissu » n’était plus une sorte de résidu de l’histoire, mais bien le symbole de l’Islam politique en pleine expansion  et de la régression du droit des femmes. Je ne m’attendais pourtant pas à ce que dans un pays laïc comme la France on assiste à une épidémie de voiles islamiques ni surtout, comme ce fut le cas lors des différentes « affaires de voile », à ce que le mouvement féministe puisse se déchirer sur un tel sujet !
S’agissant du port du voile dans le sport, ma prise de conscience est venue bien plus tardivement, car ce n’est qu’en 1996 à Atlanta qu’est apparue la première femme voilée, porte drapeau (tout un symbole !) de la délégation du régime islamique d’Iran à Atlanta.

Pourquoi les « Femmes courent-elles moins vite que les Noirs » ?

Peux-tu nous parler de ton livre, quelle est l'origine de sa création, et quels obstacles as-tu rencontrés ?
Ce que je veux dire par cette formule c’est que la lutte contre le racisme a toujours une longueur d’avance sur la lutte contre le sexisme. Je donne d’ailleurs de multiples exemples dans le livre : en France les révolutionnaires au moment même où ils décrètent l’abolition de l’esclavage (qui sera rétabli par Napoléon) refusent aux femmes les droits civiques ; aux États-Unis, au lendemain de la guerre de Sécession,  le droit de vote est accordé aux hommes Noirs mais pas aux femmes, quelle que soit leur couleur de peau ! Elles devront attendre cinquante ans…Encore aujourd’hui, l’Église catholique a ordonné des prêtres noirs, asiatiques, indiens, etc. mais toujours pas de femmes. L’idée de traiter de ce sujet à travers l’exemple des Jeux Olympiques m’est venue par hasard, en regardant les JO de Barcelone en 1992 et en entendant la presse se réjouir du retour de la délégation d’Afrique du Sud enfin mixte – Noirs et Blancs - exclue pendant trente ans pour cause d’apartheid racial. Or au même moment personne ne remarquait qu’il y avait trente-cinq délégations sans femmes ! Ma première idée a été d’agir contre cet aveuglement. L’idée du livre est venue bien plus tard : pour marquer les vingt ans de notre combat. Pour expliquer ce que certains ne veulent ni entendre ni comprendre.  Pratiquement tous les éditeurs ont refusé la simple idée d’un tel livre : cela n’intéresserait personne, ce n’était pas un  sujet suffisamment important pour mériter qu’on en fasse un  livre,…

Pourquoi la lutte contre l'apartheid raciste était plus facile à soutenir aux Jeux Olympiques que la lutte contre l'apartheid sexiste ?

La lutte contre l’apartheid n’a pas été facile, loin de là. Il a fallu la révolte d’un peuple, la solidarité des pays africains nouvellement indépendants, des années de prison pour celui qui allait devenir le grand Mandela, des conférences, des résolutions des Nations-Unies, des pressions de tous ordres à l’encontre du régime de Pretoria, des tensions internationales majeures. Or justement rien de cela ne peut accompagner la dénonciation de la ségrégation sexuelle. C’est comme si le statut des femmes était une simple affaire interne privée, propre à un État, et  dont la communauté internationale n’ose pas s’occuper. D’ailleurs, la réaction du CIO confrontée à nos critiques sera très révélatrice. Sous la plume de Fékrou Kidane le bras droit du président du CIO il écrira dans la Tribune de mars 1995 que « oser comparer l’apartheid pratiqué en Afrique du Sud à la situation des femmes dans le sport, c’est insulter Mandela et le peuple noir dans son ensemble ». Une façon de faire croire que nous ne parlions que du sport.

Quelle est la particularité et la difficulté de la lutte pour abolir l'apartheid sexiste ?

C’est d’abord qu’il est légitimé par une religion. Les femmes sont sans doute le seul groupe opprimé dont le statut d’infériorité trouve sa justification dans les paroles supposées de Dieu. Les trois religions monothéistes affirment en effet la hiérarchie homme/femme découlant du fait que l’homme aurait été créé en premier. Dès lors, à chaque poussée de fièvre religieuse, les femmes se trouvent en difficulté. Surtout quand il est question du corps des femmes et de la liberté de disposer de son corps y compris pour faire du sport. Comble de malheur, les femmes qui recherchent avec obstination la reconnaissance de leur groupe social, veulent apparaître comme « respectables » et ont tendance à s’accrocher à la religion (ou à la tradition) comme à une bouée de sauvetage.  D’ailleurs c’est ce même argument, le respect des exigences religieuses ou culturelles, qui est avancé par les États signataires de la Convention des Nations Unies pour l’Élimination des Discriminations à l’encontre des Femmes (CEDAW), pour justifier les réserves qu’ils émettent à la mise en application de ce texte pourtant fondamental.

Au nom de quel principe les femmes étaient-elles et sont-elles encore exclues des JO ?

Il y avait deux catégories de pays excluant les femmes. Les pays pauvres, principalement les pays africains et quelques pays d’Amérique Latine qui, n’ayant pas beaucoup d’argent le consacrent en priorité aux hommes. C’est vrai pour la nourriture, l’éducation, le travail… bref, c’est la discrimination ordinaire. C’est grave mais si on leur donne de l’argent destiné spécifiquement au sport pour les femmes, ils envoient des sportives. Par contre pour des pays comme l’Arabie Saoudite, il ne s’agit évidemment pas  d’une question d’argent, mais bien d’une société construite sur la ségrégation sexuelle. Comme l’était l’apartheid pour l’Afrique du Sud. C’est ainsi que dans un premier temps le nombre de pays excluant les femmes à diminué de façon évidente, passant de trente-cinq à Barcelone à vingt-six à Atlanta puis à dix à Sydney. Restait le noyau dur des pays islamiques. L’Iran, lui, comme je l’indiquais plus haut, avait déjà anticipé ce problème en définissant une double stratégie : organiser des Jeux Séparés pour les femmes des pays islamiques (hors de la présence des médias et des hommes) et envoi d’une femme voilée de la tête aux pieds à Atlanta. Parallèlement les envoyées de Téhéran faisaient du lobbying pour obtenir la modification des codes vestimentaires sportifs afin d’intégrer le costume islamiquement correct.

Pourquoi est-il si important que les femmes soient présentes aux JO ?

D’abord parce que faire du sport est un droit fondamental reconnu comme tel par les Nations-Unies. Ensuite parce que le sport est un miroir grossissant de nos sociétés et que c’est une façon éclatante de s’attaquer aux stéréotypes. Enfin et surtout parce que nous pouvons nous appuyer sur une loi unique : la Charte Olympique à laquelle chaque athlète prête serment et qui exclut toute forme de discrimination et interdit toute expression politique ou religieuse. Ici les « réserves » n’ont pas leur place. Nous pouvons donc cibler directement les États.

Pour quelles raisons les femmes, les féministes ne s'intéressent pas à ces luttes ? Est-ce parce que nous sommes étrangères à nos corps ?

En fait on a un double problème : les féministes sont plutôt des intellectuelles et elles se disent que le sport n’est pas un combat principal. Quant aux sportives elles ne se déclarent pas féministes, sans doute parce qu’elles ont déjà assez de mal à s’imposer dans un monde fait par et pour les hommes sans vouloir ajouter une difficulté supplémentaire. Ce sont donc deux mondes qui ne se parlent guère et qui pourtant, l’histoire est là pour en témoigner, ont eu une grande influence l’un sur l’autre. À chaque grande vague féministe il y a eu un développement parallèle du sport féminin. L’enjeu aujourd’hui est sans doute de faire se rencontrer ces deux mondes. Enjeu particulièrement crucial s’agissant des pays sous la loi islamique.

Quelles discriminations contre les femmes sont encore pratiquées aujourd'hui ?

Elles touchent à tous les aspects de la vie sociale, politique, personnelle. Un  livre n’y suffirait pas. C’est d’ailleurs l’une des explications du morcellement du mouvement des femmes. L’intérêt de nous battre sur le thème du sport est justement de travailler sur tous ces aspects. C’est ainsi que nous avons listé sept revendications à l’intention du CIO pour Londres 2012 en résumant cela par un slogan « Justice pour les femmes ». Il s’agit de dénoncer les discriminations ordinaires (nombre de médailles distribuées, plafond de verre, reconnaissance médiatique, exclusion, voile islamique, ségrégation, stéréotypes et violences).

Combien de délégations censées représenter leur pays aux JO ne comprennent aucune femme sportive ? Quelles sont les raisons politiques et pratiques de ces délégations sans femmes ?

En 2008 aux JO de Pékin il y avait encore trois délégations sans femmes : celles de l’Arabie Saoudite, du Qatar et de Brunei. À Londres en 2012, la pression du CIO s’étant enfin intensifiée, il ne restera plus sans doute que l’Arabie Saoudite à n’envoyer que des hommes. Il faut savoir que dans ce pays qui pratique un islam très rigoriste, le wahhabisme, le sport est même interdit dans les collèges et les écoles publiques. Il n’y a même pas de stade pour les filles. Le président du CNO d’Arabie Saoudite a fait des déclarations contradictoires, tantôt affirmant que devant les menaces d’exclusion son pays enverrait des femmes saoudiennes qui ont pu s’entraîner à l’étranger. Puis il est revenu sur cette annonce affirmant qu’aucune Saoudienne n’aurait l’aval des autorités sportives saoudiennes. L’obstacle principal avancé dans les pays islamiques est « la promiscuité résultant de la mixité ». Naturellement, cet obstacle ne joue que pour les femmes.
Deuxième argument : les femmes n’ayant pu s’entraîner, elles n’ont pas le bon niveau. C’était le prétexte avancé par le Qatar. On sait que la Charte Olympique permet au CIO dans certains cas d’accepter de passer outre ces minimas dès lors que ces athlètes représentent un modèle pour les jeunes.

Dans cette lutte portée par votre association Atlanta +, quels sont les moments où vous vous êtes dit : ouf ! Cela valait la peine de faire tous ces efforts ?

Non, je me suis plutôt dit que cette bataille contre le CIO est sans doute la plus difficile que j’ai eu à mener. C’est vraiment ramer à contre-courant que de dire « il vaut mieux qu’il n’y ait pas de femmes du tout que des femmes voilées ». A priori je pensais que le fait que la règle 50 de la Charte Olympique interdise toute expression politique ou religieuse aurait été un argument suffisant pour comprendre que cette interdiction s’adressait aussi au voile islamique. Or la raison est balayée par les attitudes faussement compassionnelles à l’égard de ces « pauvres femmes qui sans cela ne seraient pas admises aux JO ». Qu’elles soient éventuellement handicapées ou stigmatisées par le costume islamique ne semble gêner personnes.

Le sport c’est le règne de la règle unique. Or on oublie tout cela quand il s’agit des femmes. N’est-ce pas une forme extrême de mépris ?

Lorsque je discute avec les copines  sur la place des femmes dans les JO, je me rends compte de la difficulté de la lutte du comité Atlanta +, car les femmes  avec raison disent que les JO c'est un milieu corrompu et pourri, du coup elles restent totalement étrangères aux luttes que mènent les sportives pour pouvoir percer dans ce monde très masculin et très misogyne. Que faut-il faire pour rompre ce cercle ? Tant que les femmes ne s'intéresseront pas aux JO, elles en resteront exclues, et tant qu'elles en sont exclues, pas de changement possible !
Le monde du sport est sans doute corrompu et macho. Mais c’est le cas de la société toute entière. Si l’on avait attendu qu’il en soit autrement pour revendiquer notre juste place nous serions toujours là à attendre derrière la porte. Étant une féministe égalitariste et universaliste, je ne pense pas que les femmes soient meilleures que les hommes et que nous allons créer un monde plus « beau et plus propre ». Il nous faut investir tous les domaines d’activité parce que ce n’est que justice. Le sport quelles que soient les critiques qu’on lui apporte est le phénomène culturel le plus populaire au monde. Des femmes y trouvent une activité qui les passionne. Il n’est que de regarder Damla Rushdie,  la cavalière saoudienne, qui aux Jeux de la Jeunesse de Singapour, a concouru à 17 ans en 2010, à titre personnel et remporté une médaille de bronze à l’épreuve de saut d’obstacles mixte. Elle s’était entraînée en France car dans son pays le sport est interdit aux filles dans les collèges publics. Le problème est ailleurs : comment faire comprendre aux mouvements féministes qu’il s’agit d’un thème majeur pour l’émancipation et pour casser les stéréotypes ? C’est ce que nous avons commencé à faire en nous alliant au Lobby Européen des Femmes à travers la coordination française.

Pendant que les hommes se disputent les coupes du monde, et s'éclatent  en « dieux des stades », les femmes sont enfermées dans les boxes pour servir les hommes en tant que « prostituées ». Avez- vous des revendications pour abolir la prostitution ?

Nous avons naturellement intégré dans nos sept revendications la question de la prostitution, car on ne peut pas afficher que l'objet principal du sport est la construction d'un « monde meilleur » (cf. la Charte Olympique), et baisser les bras devant la prostitution qui s'étale dès qu'un grand événement sportif a lieu. Ce combat est essentiel, mais il a été bien pris en main par le mouvement féministe. Ce qui ne veut pas dire qu'il soit réglé. Ce qui se passe en Ukraine pour l'Euro 2012 est révélateur. Des jeunes féministes de Femen sont très actives sur le sujet. Nous avons d'ailleurs protesté suite à l'arrestation le 24 Mai 2012 de Yana Zhdanova, militante de ce groupe féministe : elle a été condamnée à cinq jours de prison ferme après avoir tenté de s'emparer du trophée de L'euro 2012 à Lviv en Ukraine. Ce geste spectaculaire et symbolique de Femen avait pour objectif d'attirer l'attention du public sur le scandale de la prostitution qui accompagne les grandes compétitions sportives, en l'occurrence l'Euro 2012 de football.

Quelles sont vos actions pour le 25 juillet à Londres ?

Nos actions à Londres :

Le 25 juillet 2012, deux jours avant la cérémonie d’ouverture des JO de Londres, le collectif « Londres 2012 : Justice pour les femmes » organisera des actions de protestation contre la non mise en œuvre par le Comité International Olympique des principes d’égalité et de neutralité inscrits dans la Charte Olympique. Le collectif qui présentera ses sept revendications (*) pointera notamment l’exclusion par l’Arabie Saoudite d’athlètes féminines en contradiction avec les principes de non-discrimination et la présence de femmes voilées en contradiction avec la règle de neutralité du sport. Les actions de protestation débuteront par une rencontre publique sur le bateau l’Hispaniola (arrimé près de la station de métro Embankment) de 10h30 à 13h30. Des représentant(e)s du Lobby Européen des Femmes, des associations laïques et de défense du droit des femmes, y compris de pays soumis à la loi islamique, feront des interventions. À la suite de cette rencontre, en début d'après-midi, aura lieu une cérémonie festive avec un orchestre de jazz style Nouvelle Orléans, afin de procéder à l'enterrement symbolique de la Charte Olympique dont les principes ont été abandonnés. Le collectif appellera le Président du CIO à manifester sa volonté de mettre en œuvre la parité en commençant par rendre hommage aux pionnières du sport par un geste symbolique « positif » cette fois-ci : qu'il remette la médaille d'or à la marathonienne comme il le fait pour le marathonien lors de la cérémonie de clôture.


(*) Rappel des sept revendications :
Trois revendications contre les discriminations ordinaires
    1. Parité: dans les disciplines et les épreuves Olympiques
    2.  Organes de décision: présence d'au moins 20% de femmes et engagement à terme vers la parité.
    3. Reconnaissance et visibilité des sportives: le président du CIO devrait remettre la Médaille d’or à la fois au marathonien et à la marathonienne
Trois revendications contre la ségrégation fondée sur le sexe
4. Bannir les délégations composées uniquement d’hommes
5. Bannir les délégations arborant des signes politico-religieux
6. Le CIO ne devrait plus apporter sa caution aux jeux internationaux de la ségrégation organisés par Téhéran pour les femmes
Une revendication plus globale afin de « construire un monde meilleur »
7. Lutter contre les stéréotypes (sexisme, homophobie, transphobie), ségrégation entre JO et Jeux Paralympiques, prostitution autour des Jeux)                     
Rendez-vous le 25 juillet avec vous toutes, lectrices de LM, à Londres.
Propos recueillis par Ana Pak
Brève biographie d'Annie Sugier
Annie Sugier est une militante féministe. Physicienne et chimiste elle a fait toute sa carrière dans le nucléaire où elle a occupé le poste de directrice de la radioprotection dans l'organisme d'expertise publique en sécurité nucléaire.
Dès les années 1970 elle s'est engagée dans le Mouvement de Libération des Femmes.
Elle est présidente de la Ligue du droit international des femmes (LDIF), créée en 1983 par Simone de Beauvoir. Elle mène de multiples combats : le combat contre les violences dont sont victimes les jeunes filles issues de l'immigration : excision, retour forcé au pays, crimes d'honneur. Elle mène aussi une action majeure, celle dite des « mères d'Alger », contre les enlèvements d'enfants issus de couples franco-algériens qui a donné lieu à la signature d'une convention entre la France et l'Algérie.
Annie Sugier mène également un autre combat : celui du sport et en particulier des Jeux Olympiques (à travers une association spécialisée, le Comité Atlanta + créé en 1995) afin de dénoncer l'apartheid sexuel et les discriminations à l'encontre des sportives.
Annie Sugier fait partie du jury du prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes.
Elle est membre du CA de la CLEF (Femmes Coordination Française du Lobby Européen des Femmes) et du MPCT (Mouvement pour la Paix et Contre le Terrorisme).
Elle est l'auteure de nombreux ouvrages dont le dernier est « Femmes voilées aux Jeux Olympiques ».

Ana Pak
Juin  2012

Wednesday, February 20, 2013

Communiqué de presse



le 20 février 2013


Une française à la présidence du Comité pour l’élimination de  toutes les discriminations à l’égard des femmes


La présidence du Comité de la Convention pour l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes revient, cette année, à Nicole Ameline, élue le 11 février dernier. Experte au Comité depuis 2008, Nicole Ameline a beaucoup œuvré, en tant que ministre, pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et s’est impliquée dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
La CLEF salue l’élection d’une française à la tête de cette instance des Nations-Unies, indispensable à la promotion des droits des femmes en France et dans le monde et ce, pour  la première fois depuis la création du comité en 1979.
Et particulièrement en cette année 2013, hautement symbolique pour l’application en France des principes de la convention, basés sur la lutte contre les discriminations et l’égalité entre les femmes et les hommes.
2013 est en effet l’année du 30ème anniversaire de la ratification par la France de la convention. 
C’est aussi en 2013 que la France doit remettre au comité le prochain rapport gouvernemental et que parallèlement, la CLEF, doit établir, avec ses associations partenaires, un rapport alternatif, regard critique sur l’action du gouvernement vis à vis des droits des femmes et force de propositions pour lutter contre les discriminations.
Clés.

Tuesday, February 19, 2013

LIGUE DU DROIT INTERNATIONAL DES FEMMES

 
Association créée par Simon de Beauvoir
6 place Saint-Germain des Près, 75006 Paris

                                                                COMMUNIQUE                   18/2/2013

Droit des pères contre droit des mères ?
La souffrance d’un père qui en vient à se retrancher au sommet d’une grue en plein hiver, pour protester contre le refus de la justice de lui accorder un droit de garde pour sa petite fille est sans doute sincère  et respectable.Ce qui l’est beaucoup moins ce sont les  commentaires indignés  et caricaturaux  à l’encontre d’une justice qui,  par simple habitude  ou en raison d’un modèle qui daterait des  siècles passés, donnerait systématiquement la garde à la mère au prétexte « qu’on ne peut  séparer un enfant de sa mère ».C’est oublier que  ce droit accordé aux mères et relativement récent, et qu’il n’y  a pas si longtemps en France, les mères  avaient besoin de l’autorisation du père pour pouvoir sortir du territoire avec leur enfant.  C’est oublier aussi que le prix à payer pour toute « inconduite » de la  femme était la séparation à jamais des ses enfants. Il n’est que de se  souvenir du fameux roman de Tolstoï Anna Karenine. De nos jours encore, dans nombre de pays dominés par des lois religieuses profondément ancrées dans la tradition patriarcale, la mère n’est que la nourrice temporaire de l’enfant, dont la garde appartient qu’au père.C’est  oublier  enfin que,  si le droit a évolué en occident  dans un sens plus équitable vis-à-vis des femmes, ce qui  fait encore et toujours la différence , c’est la  prise en charge matérielle des enfants : les femmes assurent majoritairement le travail ménager  ( 64% des heures consacrés aux tâches ménagères sont assumées par les femmes) . Et  selon la ministre des droits des femmes  les choses n’ont guère changé au cours des dernières décennies : : «  en vingt-cinq ans le travail domestique des hommes n’a augmenté que de six minutes ». La  soi-disant plus grande « disponibilité »  des femmes à ces tâches,  elles  la payent  par  une immense  précarité  professionnelle : 82% des salarié(e)s à temps partiel sont des femmes,  quant à l’inégalité salariale elle est criante (27%) et se répercute sur les retraites dont l’écart moyen avec celle des hommes est de 42%. Autre chiffre révélateur : les familles monoparentales qui sont à 85% des femmes seules avec leurs enfants.Non  un fait d’actualité aussi dramatique soit-il ne doit pas alimenter  une guerre des sexes  fantasmé par ceux qui ne comprennent pas le sens d’une véritable révolution féministe. Il ne s’agit ni de se venger du passé ni de refuser le présent..C’est au contraire l’occasion d’affirmer qu’il faut en finir avec les résidus d’un modèle patriarcal dépassé.
Le regard des juges dans ce type de conflit ne changera qu’à une double condition : que les hommes (massivement) assument  
effectivement la  part qui leur revient dans les tâches ménagères et  que les femmes,  dès le départ de leur relation avec leur compagnon,  marquent leur volonté de ne pas considérer que la prise en charge de l’’enfant est de leur responsabilité.Habituellement quand on parle du droit des femmes le public masculin ne se sent pas concerné.  Pourtant toutes les grandes conquêtes des féministes ont été obtenues en faisant alliance avec les hommes qui ont compris que c’était aussi leur intérêt de faire évoluer le droit car il y allait de leur propre libération : droit au divorce, droit à la libération sexuelle, droit à la double économie dans un foyer, … Et maintenant : reconnaissance des droits et des devoirs partagés du père et de la mère.Annie Sugier, présidente
 

Friday, February 08, 2013

COMMUNIQUE Le 7février 2013


                    
Les parlementaires interpellés au sujet d'une directive discriminatoire et sexiste de la FIFA

La Ligue du Droit International des Femmes, la CLEF et Femmes Solidaires ont demandé aux députés de réagir à la circulaire du 25 octobre 2012 de la FIFA levant l'interdiction du port du foulard islamique sur les terrains de football.

Ce texte est scandaleux à plus d'un titre :

-          en ce qu'il modifie de façon discriminatoire la loi 4 du règlement sur la tenue des footballeurs, jusque là fixée indifféremment pour hommes et femmes, puisqu'il précise que cette mesure ne s'appliquera qu'aux femmes-          en ce qu'il contrevient à l'interdiction de toute expression politique ou religieuse sur le terrain, règle qui s'est appliquée avec rigueur aux footballeurs dont certains ont été réprimandés pour avoir manifesté leur appartenance à une religion.-          en ce qu'il révèle l'esprit commercial de l'opération, l'adresse des fournisseurs de foulards agréés étant intégrée dans la circulaire.
Madame Catherine Coutelle, présidente de la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée Nationale, ainsi que de nombreux députés de toutes couleurs politiques ont réagi et posé des questions écrites à la ministre des Sports Madame Fourneyron.

Madame Gonthier-Maurin, présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat a fait savoir qu'elle posera une question orale à la ministre.

Au delà de ces interpellations c'est la question du respect des principes  de neutralité et de non discrimination inscrits dans les règlements sportifs, principes qui garantissent le caractère universel du sport, dépouillé de tout particularisme, qui est posée.

L'inquiétude des associations signataires est d'autant plus grande que Madame Founeyron a annoncé avoir transféré la compétence du ministère en matière de stratégie internationale au CNOSF.

Or le CNOSF n'a jamais osé discuter les positions du CIO lorsqu'elles se trouvaient en violation flagrante de l'esprit et de la lettre de la charte olympique.

Le CNOSF s'est incliné sans gloire devant le refus opposé aux athlètes français par le CIO de porter un insigne "Pour un monde meilleur" aux JO de Pékin, au motif qu'il exprimerait une opinion politique... Alors que dans le même temps le CIO encourageait la présence d'athlètes arborant leur religion, cédant aux exigences de l'Iran et des pays du Golfe, ce dont a encore témoigné la triste et ridicule apparition de la judoka saoudienne aux JO de Londres en juillet dernier, et la présence de 17 délégations avec des femmes voilées.


Annie Sugier
Linda Weil-Curiel
Ligue du Droit International du Droit des Femmes LDIF

Olga TrostianskyLa CLEF

Sabine SalmonFemmes Solidaires
 
          
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